A l'occasion du 80e anniversaire du tableau Guernica, une exposition collective intitulée «Dialogue hispano-algérien sur le Guernica», réunissant les travaux de cinq plasticiens algériens et d'un artiste espagnol autour de la célèbre œuvre de Picasso, se tient actuellement à la salle des Actes de l'Institut Cervantès d'Alger. Cette expo est le fruit d'une résidence de création de deux semaines organisée par l'institut Cervantès d'Alger et qui avait rassemblé les artistes algériens Mouna Bennamani, Djahida Houadef, Abderrahmane Aïdoud, Amor Idriss Dokman, Abderrahmane Cherif et l'artiste espagnol Julio Lozano. Cette résidence de création, qui s'est déroulée du 29 novembre au 9 décembre 2017, a eu lieu à l'espace Espagne à Alger. Dans l'esprit de cette œuvre célèbre, symbole universel de la cruauté de la guerre, Abderrahmane Aïdoud propose un grand format en acrylique sur toile mettant en scène, de manière figurative, la cruauté et la violence à travers une palette de couleurs sombres dans une scène symbolisant les bourreaux par des formes animales féroces comme dans le travail de Pablo Picasso. Mouna Bennamani propose un grand format fragmenté en quatre, réalisé au fusain, et qui évoque la cruauté de la guerre à travers des visages et des corps meurtris et encombrés de fumée, dans une œuvre intitulée Miîcha talba hchicha (Une vie à la recherche de végétation), une déformation de l'adage algérien hchicha talba miîcha et montrant l'impact de la guerre sur l'environnement direct de l'homme. Intitulée «Dialogue avec le Guernica», le tableau de Djahida Houadef reprend le représentation cubiste des animaux matérialisant la violence et l'univers végétal et coloré, dans une œuvre présentée en seize petits formats assemblés. le photographe et artiste peintre espagnol Julio Lozano expose un grand format atypique réalisé sur une plaque de métal alliant la photographie et le dessin montrant des photos en noir et blanc de femmes criant leur détresse et d'hommes manifestant leur joie autour d'un bateau en bois échoué et détruit par une mer agitée, une allusion au drame du déplacement des populations fuyant la guerre. Considérée comme une œuvre majeure de Pablo Picasso, Guernica a été réalisé en mai-juin 1937 pour l'Exposition universelle de Paris. Dans cette toile de très grand format, l'artiste dénonce, dans un style cubique, le bombardement de la ville de Guernica le 26 avril 1937 lors de la guerre d'Espagne (1936-1939) et devient un symbole de l'opposition à la violence franquiste et une dénonciation de l'horreur de la guerre. La ville espagnole de Guernica a été bombardée le lundi 26 avril 1937 par 44 avions de la légion Condor allemande nazie et 13 avions de l'aviation légionnaire italienne fasciste, en appui du coup d'Etat nationaliste contre le gouvernement de la Seconde République espagnole. Conservé aux Etats-Unis, à la demande de Picasso, Guernica, qui a beaucoup contribué à la médiatisation de la guerre d'Espagne, a été transféré en 1981 vers le musée Reina Sofia à Madrid où il est conservé aujourd'hui. Djahida Houadef, Mouna Bennamani, Julio Lozano et Abderrahmane Aidoud se sont donc inspirés, durant cette résidence artistique, de Guernica pour créer leurs propres œuvres. Ces artistes ont également profité de la dynamique du travail en groupe. Un documentaire intitulé «variations de Guernica» (sous-titré en arabe) de Marca Espafia est projeté en boucle et diffusé sur les réseaux sociaux par l'ambassade d'Espagne et l'Institut Cervantès. Deux émissions télévisées seront également réalisées en marge de cet événement. L'exposition «Dialogue hispano-algérien sur le Guernica» se poursuit à l'Institut Cervantès d'Alger jusqu'au 25 janvier 2018.