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A FONDS PERDUS
Derri�re le Rwanda et l'�le Maurice Par Ammar Belhimer [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 09 - 2005

De notre pass� post-colonial r�cent de jeune Etat ind�pendant, nous h�ritons, parmi tant d'autres ingr�dients de notre personnalit�, des avatars du nass�risme et du stalinisme. On trouve trace de ces legs dans deux domaines particuliers. Le premier concerne une vague, durable et tenace, de violence que n'arrive � endiguer aucune politique d'Etat. Ce n'est pas une lecture de l'opposition qui nous sugg�re cette premi�re piste, mais celle de Nabil Abdel Fattah, chercheur au Centre d'�tudes politiques et strat�giques d'Al Ahram, une prestigieuse institution officielle du Caire.
Dans un entretien au bimestriel �gyptien La Revue d'Egypte, num�ro de juillet-ao�t 2005, il r�pondait, entre autres, � deux questions pertinentes ais�ment transposables au contexte alg�rien. On rel�vera, au passage, la libert� de ton et l'expression critique tol�r�e au sein de cette institution en d�pit de sa tr�s forte proximit� du pouvoir, pour ne pas dire plus. Premi�re question : Pourquoi y a-t-il eu un rel�chement dans la politique s�curitaire de l'Egypte? Nabil Abdel Fattah : �La violence que l'Egypte conna�t aujourd'hui est la cons�quence de la politique men�e depuis cinquante ans. Les probl�mes de violence que nous connaissons sont constitutifs du r�gime autoritaire qu'est l'Egypte aujourd'hui. Depuis un demi-si�cle, la s�curit� est dirig�e par des anciens officiers militaires, et toute la politique en d�coule. Cette militarisation du r�gime a fini par devenir une doctrine d�pass�e. On ne peut pas dire, par ailleurs, qu'il y ait de strat�gie s�rieuse pour lutter contre le terrorisme.� Autre question : La s�curit� serait-elle d�connect�e des aspirations des Egyptiens? R�ponse : �Les outils s�curitaires sont d�ploy�s hors d'une r�flexion politique globale et d'une interrogation sur la soci�t�. Il faudrait, par exemple, que la question s�curitaire soit trait�e en lien direct avec les outils permettant de r�gler les probl�mes sociaux du pays. Comment faire face aux Fr�res musulmans ou au terrorisme sans r�fl�chir, par exemple, au poids de la classe moyenne ou au probl�me de l'abstention aux �lections? La question de la s�curit� ne peut �tre trait�e � l'�cart des autres politiques men�es par le pouvoir. C'est, h�las, le cas depuis le d�but du r�gime de Moubarak.� En Egytpe comme chez nous, la r�conciliation entre une fraction du r�gime et les plus opportunistes des cadres islamistes offre certes l'amorce d'une issue � la crise. Mais la partie est loin d'�tre jou�e. La parent� avec les r�sidus du stalinisme tch�kiste de Poutine nous est sugg�r�e par la lecture que fait un avocat de l'affaire Ioukos dont le traitement par les nouveaux ma�tres de Moscou ressemble �trangement au sort r�serv� chez nous � Abdelmoum�ne Khalifa � la prison en moins � et � d'autres grosses fortunes subitement constitu�es pour la plupart � partir de transferts rentiers du public vers le priv�. L'oligarque russe d�chu, Mikha�l Khodorkovski, fondateur de Ioukos, a fait appel, ce mercredi 14 septembre, de sa condamnation � neuf ans de prison pour "appartenance � une organisation criminelle". Une condamnation prononc�e en mai dernier par le tribunal Mechtchanski de Moscou, � l'issue d'un proc�s o� des t�moins de la d�fense avaient �t� �cart�s, d'autres emprisonn�s, les cabinets des d�fenseurs arbitrairement saisis. Une condamnation dont les attendus sont la reproduction int�grale, fautes d'orthographes comprises, de l'acte d'accusation. Mikha�l Khodorkovski, rappelons- le, s'est miraculeusement retrouv� en quelques ann�es � la t�te d'une fortune de 15 milliards de dollars provenant d'une scandaleuse braderie de biens de l'Etat, pudiquement appel�e "pr�ts contre actions", en 1995 sous le r�gne d'Eltsine, r�put� primaire et irresponsable. Principal bailleur de fonds de la premi�re guerre en Tch�tch�nie en 1996, Khodorkovski s'est soustrait frauduleusement et impun�ment � ses cr�anciers pour �chapper � la crise deux ann�es plus tard. Cela ne ressort pas dans les chefs d'inculpation retenus par une justice exp�ditive. Ne ressort �galement pas le v�ritable crime du patron de Ioukos qui est d'avoir financ�, � travers sa fondation Russie ouverte, des formations politiques rivales de Vladimir Poutine, d'avoir cr�� un institut pour la formation d'une nouvelle g�n�ration de leaders et de s'�tre offert un journal dont les positions ne sont pas celles du ma�tre du Kremlin et de son entourage : une �lite issue du KGB, les siloviki, qui fait usage de m�thodes arbitraires en se servant des apparences de la d�mocratie et de la lutte antiterroriste. Boumediene disait : �Que ceux qui veulent faire des affaires, quittent le pouvoir.� Ses successeurs soutiennent : �Que ceux qui veulent se faire de l'argent, s'�loignent de la presse.� Il y a une guerre �vidente autour des espaces de m�diation sociale. Les v�ritables ennuis de Khalifa et de biens d'autres entrepreneurs locaux n'ont-ils pas commenc� le jour o� ils ont r�v� des feux de la rampe et c�d�, tel un moustique attir� par la lumi�re d'une lampe, � la tentation mortelle de se doter de leurs propres m�dias. A une diff�rence de taille, toutefois, nos milliardaires recrutent des �n�gres�, alors que leurs camarades russes pr�f�rent le statut de prisonnier politique � celui de milliardaire exil�. En effet, depuis sa ge�le, Khodorkovski se revendique "simple citoyen de la F�d�ration de Russie", disserte en profondeur sur l'�chec des r�formes et de l'�conomie de march� dans son pays et affronte ses juges en se comparant aux d�cembristes, ces officiers russes qui avaient �chou� � renverser le tsar, Nicolas Ier, en 1825. Cette autre particularit� donne au nationalisme �conomique russe d'aujourd'hui une pr��minence qui contraste avec notre tendance � favoriser les sph�res compradores du monde des affaires. La mise en faillite des jeunes premiers industriels alg�riens, sans consid�ration aucune du volet social, de l'outil de production ou de la r�cup�ration des cr�dits consentis par les institutions publiques, s'accompagne de l'accord de facilit�s outranci�res au profit des r�seaux reli�s � des fili�res �trang�res. Ces privil�ges semblent tenir � cette premi�re raison : les avoirs � l'�tranger des milliardaires alg�riens li�s aux sph�res du pouvoir avaient �t� estim�s � 200 milliards de francs (40 milliards de dollars) en 1999 ( Challenges, n�135, avril 1999). Les m�mes sources, quoique anciennes mais qu'aucune tendance inverse durable n'est venue contredire ou infl�chir, indiquent que ces fortunes avaient �t� amass�es gr�ce aux commissions per�ues sur les contrats dans les hydrocarbures et les grands march�s d'�quipement et d'importation; l'appropriation directe du bien public (immobilier et foncier), le d�tournement des budgets des institutions des projets d'infrastructure et d'�quipement financ�s par l'Etat, etc. Plus que tout autre, les march�s de l'agroalimentaire et du m�dicament se pr�tent � la corruption. L'Alg�rie importe les deux tiers de sa consommation alimentaire. Sucre, caf�, lait, bl�, semoule : autant de produits strat�giques qui ont permis aux d�tenteurs du sceau de l'Etat de se payer sur la b�te. Tous ceux qui les ont pratiqu�es vous le diront, les proc�dures d'appel d'offres ne garantissent pas le fonctionnement de la concurrence. En simplifiant les contacts avec les fournisseurs, les liens avec l'ancienne M�tropole entretiennent l'opacit� du syst�me au profit de quelques op�rateurs fran�ais et alg�riens. Ces soci�t�s �crans et ces revendeurs ont emp�ch� la France industrielle de s'implanter en Alg�rie et les cr�ateurs de richesses nationaux � vaincre les fili�res du commerce indu. Dans l'ensemble, la transition d'une �conomie administr�e vers un lib�ralisme non encore identifiable se poursuit sur fond de consolidation du capitalisme d'Etat. On le mesure d'autant mieux � l'aune de la violence avec laquelle il a �t� mis fin aux rares vell�it�s de constitution d'un capitalisme de banques priv�es susceptible de faire jonction utile et durable avec le capital industriel. L'interm�diation financi�re demeure entre les mains d'un Etat incarn� par des fili�res dirigeantes qui peinent � l�gitimer leur domination sur la soci�t�. Ces fili�res semblent aujourd'hui fortement �prouv�es parce que la capacit� du dominant � faire accomplir le processus g�n�ral par une coordination v�cue comme efficace des relais entre les personnes (ou groupes) est, elle aussi, affect�e. Dans ces conditions, le programme de consolidation de la croissance d�cid� par le pr�sident Abdelaziz Bouteflika ne peut que continuer � "soulever des questions s�rieuses au sujet de la qualit� des d�penses", comme le rel�ve la Banque mondiale dans son rapport d'�valuation rendu public mercredi dernier. Cette honorable institution craint que les 55 milliards de dollars affect�s � la relance ne soient carr�ment dilapid�s. Des craintes fond�es sur la persistance "du ph�nom�ne de la corruption, de la mauvaise ma�trise des co�ts et des d�lais pour la livraison des projets". Le document de r�f�rence, �Doing Business en 2006�, remet � jour les donn�es sur les sept grands indicateurs mesurant le climat d'investissement, que le rapport de l'ann�e derni�re avait r�pertori�es : cr�ation d'entreprise, recrutement, licenciement de personnel, ex�cution de contrat, enregistrement d'une propri�t�, acc�s au cr�dit, protection des investisseurs et fermeture d'entreprise. Le nouveau rapport �largit le champ de recherche pour inclure 155 pays, et introduit 3 nouveaux indicateurs : l'octroi de licences, le commerce transfrontalier et le paiement des taxes. Il est plus que regrettable de se retrouver derri�re le Rwanda class� comme faisant partie �des pays qui ont fait le plus de r�formes l'ann�e derni�re�, de l'�le Maurice qui �a �galement mis en �uvre des r�formes dans plusieurs domaines�, ou, encore plus loin, de l'Afrique du Sud, �o� les conditions de cr�ation des entreprises sont les plus favorables�. Comme � son habitude, la Banque mondiale insiste sur la bonne gouvernance afin que les nouveaux investissements soutiennent davantage la croissance et le d�veloppement et qu'ils n'alimenteront pas la corruption. Une crainte d'autant plus fond�e que, concernant le climat des affaires, la Banque mondiale estime qu'il n'a pas connu d'am�liorations r�elles, m�me si certaines corrections ont �t� r�ussies. Cr�er sa propre entreprise en Alg�rie rel�ve toujours du parcours du combattant : au minimum 14 proc�dures et un d�lai de 26 jours. Mais, au-del� "des probl�mes de proc�dures et de leur application, de l'ambigu�t� des responsabilit�s entre diff�rents niveaux du
gouvernement", la Banque mondiale insiste sur "le besoin d'une meilleure coordination au sein de l'administration et d'un contr�le plus efficace". Tout un programme, dirons-nous !


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