En battant l'�quipe de France aux tirs au but (1-1, 5 tab � 3) en finale de la Coupe du monde, l'Italie a mis fin � vingt-quatre ans de disette et de d�sillusions multiples. Morts de faim, les Italiens sont all�s au bout de leur r�ve. En tremblant. Mais la joie n'en est que d�cupl�e. Seize ans apr�s avoir vu l'Allemagne triompher sur ses terres, l'Italie a pris une belle revanche sur le sort en s'imposant outre-Rhin. Dimanche � Berlin, les Italiens ont terrass� l'�quipe de France � l'issue d'une terrible s�ance de tirs au but (1-1, 5 tab � 3). Une s�ance qui a vu David Trezeguet manquer sa tentative. Ce m�me Trezeguet qui, il y a six ans de �a, venait p�trifier Toldo d'une reprise du gauche et envoyait la France au paradis, la Squadra Azzurra en enfer. Le 9 juillet, les Transalpins et le premier d'entre eux, Fabio Cannavaro, ont effac� toute cette frustration. Luca Toni, attaquant de cette Squadra Azzurra quatre �toiles, donne m�me � ce succ�s des vertus insoup�onn�es : �C'est incroyable, indescriptible, spectaculaire, nous sommes champions du monde. Cette victoire appartient � tous les Italiens, de la Sardaigne � la Lombardie. Nous avons de nouveau unifi� le pays ! � Sans aller jusque-l�, on retiendra que l'Italie attendait cela depuis plus de deux d�cennies et la folle nuit madril�ne au terme de laquelle Dino Zoff �tait mont� � la tribune officielle recevoir la Coupe du monde des mains du Roi d'Espagne. Vingt-quatre ans de frustration marqu�s par une demi-finale mondiale perdue en 1990 aux tirs au but face � l'Argentine, une finale laiss�e au Br�sil lors d'une s�ance semblable en 1994. Et personne n'a oubli� 1998 ni 2000... Et encore une fois, le vent du boulet est pass� pr�s de l'Italie. Men�s au score apr�s un penalty de Zin�dine Zidane, les d�sormais quadruples champions du monde ont d�marr� leur sixi�me finale de la pire des mani�res. Mais, signe de maturit�, n'ont pas bafouill�. A l'image des Bleus face � l'Espagne, Andrea Pirlo et ses comp�res ne se sont pas d�sunis. L'�galisation rapide de Marco Materazzi a r�compens� cette ma�trise. La suite a �t� plus difficile. Mais l'Italie a toujours tenu. Marcello Lippi avait confi� avant la finale que les Italiens avaient �les fourchettes � la main�, c'est le couteau entre les dents qu'ils ont conquis le monde. �Sur la rencontre, on a pris ce but sur penalty mais apr�s il y a eu une fantastique r�action de notre part. En deuxi�me p�riode, on a manqu� un peu d'�nergie. En tout cas, on a r�ussi � s'accrocher et quand nous sommes arriv�s aux penalties, je savais qu'on gagnerait.� �D�termination et conviction� Le pressentiment de l'ancien entra�neur de la Juventus �tait le bon. �Il faut beaucoup de d�termination et de conviction dans les tirs au but, ce n'est pas du hasard. Nos joueurs en voulaient vraiment. Je l'ai vu et c'est pour cela qu'ils ont r�ussi les cinq. �Cette fois, l'Italie n'a pas trouv� de successeur malheureux aux Di Biaggio, Baggio ou encore Serena. Pirlo, Materazzi, De Rossi, Del Piero et Grosso ont eu le pied heureux. Les jambes et surtout la t�te n'ont pas flanch�. �Nous avons d� puiser dans nos ressources psychologiques pour remporter le plus beau titre, analyse Andrea Pirlo. Dire qu'il y a douze ans, lors de la finale de 1994, j'avais regard� le match � la t�l�. C'est fantastique. � Fantastique, Pirlo a tout dit. M�me Alessandro Nesta, qui n'a plus rejou� depuis le match remport� face � la R�publique tch�que (2-0) en raison d'adducteurs douloureux, n'en revient pas. �C'est bien comme cela, c'est une merveilleuse soir�e, m�me si je n'ai pas pu jouer cette finale, ce qui me navre beaucoup. Je suis tout de m�me content.� Le d�fenseur du Milan AC peut l'�tre. Pour son dernier mach, il marque un but et re�oit un carton rouge.
DAVID TREZEGUET �Relever la t�te� Auteur du seul tir au but rat� en finale, David Trezeguet tire le bilan d'un Mondial difficile pour lui mais veut vite relever de la t�te. Le Turinois explique que son duel avec son co�quipier Buffon l'a peut-�tre perturb� mais il ne regrette rien, pas m�me le geste de Zidane. David Trezeguet, c'est vous qui manquez le penalty. Que ressentez-vous ? Moi, depuis tout petit, j'ai toujours la t�te haute. Ce sont des choses qui arrivent dans le football. �a fait partie du jeu. Gigi (Buffon) me conna�t depuis longtemps. Mais je pense avoir bien plac� mon penalty. La malchance fait que... La chance n'�tait pas avec moi depuis le d�but de la comp�tition. Mais il faut l'accepter et passer � autre chose. Tous mes co�quipiers m'ont r�confort�. Mais c'est le football. Le plus important maintenant, c'est de penser au futur. On sort la t�te haute. Vous connaissez bien Buffon. �a a jou� sur ce penalty ? Parce que je le connais, je le tire un peu diff�remment. Oui, je pense. J'ai essay� de placer mon ballon le mieux possible car justement il me conna�t tr�s bien. On travaille ensemble depuis l'ann�e 2000. J'ai pris mes responsabilit�s puisqu'on m'a demand� de tirer ce penalty. J'�tais d'accord. Mais �a n'est pas moi qui le dis, mes co�quipiers m'ont dit que le penalty �tait tr�s bien plac�. �a a touch� la barre. Dommage... A titre personnel, on sent que vous avez v�cu un mois difficile... Oui. Dans la globalit�, �a �t� un Mondial difficile, on peut le dire. Il faut dire qu'on a adopt� un nouveau syst�me qui n'�tait peut-�tre pas le plus adapt� � mes qualit�s. Je pensais sans doute avoir plus de possibilit�s de m'exprimer. �a n'a pas �t� le cas. Mais je me suis adapt� aux choix de M. Domenech. Je l'ai accept� sans probl�me comme tout joueur de haut niveau. On a fait un tr�s bon Mondial. De mon c�t�, je voulais d�montrer quelque chose de plus. �a n'a pas �t� le cas. C'est dommage. Mais �a fait partie d'une carri�re de footballeur. J'ai connu pas mal de chose. Je vais essayer de relever la t�te au plus vite. Aujourd'hui, c'est la plus grosse d�ception de votre carri�re ? Non... Non parce que j'ai d�j� eu l'occasion de la gagner en 1998. �a n'est pas ma plus grosse d�ception. L'�quipe nationale, ce n'est pas fini pour vous ? Je pars en vacances. On verra apr�s. Le tournant du match, c'est l'expulsion de Zin�dine Zidane ? Non... On a fait avec. Voil�, il y a eu les penalties. C'est une histoire � part. Mais on est content du match qu'on a fait. On sait que les penalties, c'est un peu du hasard. On a d�montr� nos qualit�s face � l'Italie. Je pense qu'on a fait un tr�s bon match. F�licitations � l'Italie. Elle a r�ussi un beau Mondial avec les caract�ristiques de son jeu. Est-ce que son geste ternit son d�part ? Je ne retiens que ses qualit�s d'homme. Il est tr�s fort. Bravo ! Il faut dire que c'est un joueur d'une qualit� exceptionnelle. Mais moi, � titre personnel, j'oublie �a. Il faut conna�tre l'homme. Il a fait un Mondial exceptionnel. Je pense qu'il a montr� qu'il �tait toujours un grand joueur. Apr�s, �a va vite dans le football. Il ne nous a pas parl� dans les vestiaires... Vous qui parlez italien, savez-vous ce que Materazzi a dit � Zidane ? Non... On vous a senti tr�s marqu� � la fin du match... Oui. C'est normal. Quand on n'a pas la possibilit� de gagner une comp�tition de cette importance ce n'est pas �vident. On a fait mieux qu'eux. On a peut-�tre d�montr� quelque chose de plus. M�me si �a n'a pas �t� un tr�s bon match, on avait peut-�tre mieux � faire. Il faut l'accepter. Je suis quelqu'un qui veut toujours relever la t�te. Je vais le faire sans probl�me. On va tous partir en vacances parce que je pense qu'on n'en a besoin. Et apr�s, essayer de prendre un nouveau d�part. Quel bilan tirez-vous d e cette Coupe du monde ? On a fait un beau Mondial par rapport � nos qualit�s. On a montr� qu'on �tait fort. On a �limin� trois nations de haut niveau : le Br�sil, l'Espagne et le Portugal. C'est tr�s dommage qu'on n'ait pas eu la possibilit� de le gagner. Mais, dans la globalit�, on a quand m�me fait quelque chose de pas mal. Vous pensez d�j� au France-Italie en septembre prochain ? Je n'ai pas trop r�fl�chi � �a pour l'instant. Je vais d'abord bien profiter de mes vacances. Les chiffres et records Total des buts : 147 en 64 matches, soit une moyenne de 2,30 par match, contre 161 en 2002 (2,52) Premier tour : 117 buts (130 en 2002) 8es de finale : 15 buts (17 en 2002) Quarts de finale : 6 buts (5 en 2002) Demi-finales : 3 buts (2 en 2002) 3e place : 4 (5 en 2002) Finale : 2 (2 en 2002) Total des buts marqu�s depuis la cr�ation de l'�preuve : 2063 Meilleur buteur du Mondial-2006 : Miroslav Klose (Allemagne), 5 buts But le plus rapide : 3e Gamara (c.s.c.) Angleterre- Paraguay (1-0) Meilleure attaque : Allemagne (14) Meilleure d�fense : Suisse (0) (�limin�e aux tirs au but en 8e de finale) Buts contre son camp : 4 Nombre de penalties : 16 Total des cartons : 333 (305 jaunes et 28 rouges) Joueurs exclus : Abalo (TOG), Andre (ANG), Boulahrouz (NED), van Bronckhorst (NED), Costinha (POR), Cufre (ARG), Deco (POR), De Rossi (ITA), Domoraud (CIV), Emerton (AUS), Gyan (GHA), Jaziri (TUN), A. John (TRI), Kezman (SCG), Lucic (SWE), Materazzi (ITA), Mastroeni (USA), Nadj (SCG), Perez (MEX), Polak (CZE), Pope (USA), Rooney (ENG), Simic (CRO), Simunic (CRO), Sobolewski (POL), Ujfalusi (CZE), Vashchuk (UKR), Zidane (FRA) Affluence : 3,367 millions de spectateurs, 52.609 par match Le tableau d'honneur Meilleur joueur ou Ballon d'Or : Zin�dine Zidane (FRA) Meilleur buteur : Miroslav Klose (GER) Meilleur gardien de but : Gianluigi Buffon (ITA) Meilleur jeune joueur : Lukas Podolski (GER) Equipe la plus attrayante : Portugal Equipes les plus fairplay : Espagne et Br�sil Klose, l'un des meilleurs buteurs les moins efficaces L'attaquant allemand Miroslav Klose, meilleur buteur du Mondial-2006 de football avec cinq buts, est l'un des souliers d'or les moins efficaces de l'histoire de la Coupe du monde, avec une moyenne de 0,71 but par match. Seuls le Yougoslave Drazen Jerkovic, le Chilien Leonel Sanchez et le Br�silien Vava, meilleurs buteurs conjoints avec quatre buts de la Coupe du monde 1962, affichent une plus mauvaise moyenne de but avec 0,67 but par match.
Records et anecdotes � Le Su�dois Markus Allback a marqu� le 2000e but de l'histoire de la Coupe du monde contre l'Angleterre (2-2) le 21 juin. � Le Br�silien Ronaldo a d�tr�n� l'Allemand Gerd M�ller pour le titre de buteur le plus prolifique de la Coupe du monde avec 15 buts. � La Suisse, �limin�e par l'Ukraine aux tirs au but en 8e de finale du Mondial-2006 (0-0, 3 t.a.b. � 0), est la premi�re �quipe � quitter pr�matur�ment le tournoi sans encaisser un seul but. � Le Portugais Ricardo est le premier gardien � arr�ter trois tirs au but en Coupe du monde. � En marquant contre la Serbie-Mont�n�gro (6-0), l'Argentin Lionel Messi est devenu � 18 ans et 357 jours le cinqui�me buteur le plus jeune de l'histoire de la Coupe du monde. � L'Iranien Yahya Golohammadi est devenu � 36 ans et 84 jours le 5e buteur le plus �g� de l'histoire en marquant contre le Mexique le 11 juin. � Le gardien de but tunisien Ali Boumnijel est devenu � 40 ans et 71 jours le 5e joueur le plus �g� � disputer un match de phase finale, le 23 juin contre l'Ukraine. � L'Allemand Otto Pfister, s�lectionneur du Togo, est devenu � 68 ans et 211 jours le deuxi�me s�lectionneur le plus �g� de l'histoire de la Coupe du monde. � Le gardien fran�ais Fabien Barthez d�tient conjointement avec l'Anglais Peter Shilton le record de matches (10) de Coupe du monde sans encaisser un seul but. � En remportant quatre matches en Allemagne, le Br�sil a �tabli une s�rie de 11 matches cons�cutifs sans d�faite. � L'Argentin Horacio Elizondo est le premier arbitre en 18 �ditions de la Coupe du monde � diriger le match d'ouverture et la finale. Son coll�gue mexicain, Benito Archundia, est devenu le premier � officier durant cinq rencontres dans une m�me phase finale. � Le 8e de finale entre le Portugal et les Pays-Bas le 25 juin est devenu le match le plus "cartonn�" de l'histoire de la Coupe du monde avec 16 cartons jaunes et quatre cartons rouges. � Le Br�silien Cafu est devenu avec 20 matches le joueur ayant disput� le plus de rencontres en Coupe du monde : il est aussi celui qui a remport� le plus de matches (16). � Le s�lectionneur du Br�sil, Carlos Alberto Parreira, est devenu le premier entra�neur � affronter des �quipes appartenant aux six diff�rentes conf�d�rations de la Fifa. Il a par ailleurs �gal� le nombre de victoires remport� par le Br�silien Mario Zagallo et le Serbe Velibor Milutinovic (20) : l'Allemand Helmut Sch�en occupe cependant toujours la t�te de ce classement avec 25 matches. � Le match France- Espagne, le 27 juin, fut le 700e de l'histoire de la Coupe du monde. � La s�ance des tirs au but du 8e de finale entre l'Ukraine et la Suisse est la plus mauvaise de l'histoire de la Coupe du monde � les tirs au but ayant �t� introduits en 1982 � avec trois r�ussis sur dix tirs. La Suisse, qui n'a marqu� aucun de ses penalties, est la premi�re � �coper d'un z�ro point� dans cet exercice. � L'Italie a inscrit ses 12 buts gr�ce � dix joueurs diff�rents, comme la France en 1982. � L'affluence avec une moyenne de 52.609 spectateurs est la deuxi�me plus importante de l'histoire de la Coupe du monde : seul le Mondial am�ricain en 1994, avec des stades plus grands, a r�alis� une moyenne sup�rieure (68.604).