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Chronique
En quelques mots : de-ci, de-l� Par Le�la Aslaoui
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 01 - 2007

En guise de v�ux pour 2007, une ancienne camarade (et non amie) du lyc�e Pasteur (Alger) rencontr�e par hasard, et d�pist�e alors qu�elle n��tait qu�adolescente, comme �non fut�e�, par nos chers enseignants, m�a souhait� �d�arr�ter d��crire� (ainsi formul� par cette dame). �A quoi bon �crire ? Cela ne sert � rien, hormis le fait que cela meuble ton temps�, m�a-t-elle ass�n� sur un ton p�remptoire. En ce d�but 2007, je persiste et signe : je continuerai mes chroniques hebdomadaires et mes nouvelles du jeudi, en ayant � chaque fois un sentiment de gratitude pour l��quipe (r�daction et publication) du Soir d�Alg�rie � la ligne �ditoriale inchang�e, puisque gr�ce � elle, les rares voix discordantes dans un contexte d�unanimisme politique et d�all�geance courtisane au �chef�, se voient octroyer un espace d�expression pour se faire entendre.
Dans un climat de verrouillage politique total, c�est hautement appr�ciable. Cela l�est et d�autant plus que le harc�lement policier et judiciaire dont ont �t� victimes, journalistes, chroniqueur, et le directeur de publication du Soir d�Alg�rie, m�riterait � lui seul l��criture d�un ouvrage. Pour leur courage et leur combat pour la �Libert� de dire et d��crire�, je leur exprime mes profonds remerciements. Non pas parce qu�ils me permettent �d�occuper mon temps�, que l�ancienne lyc�enne se �rassure� : mes journ�es sont fort bien meubl�es intellectuellement, familialement et socialement (non pas en qu�te de ragots et de potins lors d�apr�s-midis aussi ennuyeux que stupides, mais autour d�activit�s hautement utiles et enrichissantes sur le plan humain). Je continuerai � �crire ma chronique hebdomadaire, car si celle-ci en effet ne change certainement pas le cours des �v�nements et ceux, � surtout eux � qui les fa�onnent, elle exprime le refus avec R, � mon refus � d�avaler les couleuvres bout�flikiennes de plus en plus grosses. Et si un jour le premier magistrat du pays a d�clar� publiquement �que la plume �tait plus assassine qu�une balle de r�volver�, cela signifie que l�ennemi mortel � son ennemi de toujours � du pouvoir politique demeure et demeurera celui qui �ose� penser, qui �ose� �crire et exprimer ses convictions. L��criture non productive ? a dit la dame. Pour quelles raisons alors � travers le monde, des intellectuels moisissent en prison parce qu�ils tiennent t�te � des despotes d�une autre �poque ? Pour quelles raisons sous le r�gne de Abdelaziz Bouteflika des journalistes ont-ils �t� emprisonn�s (le cas de Mohamed Benchicou entre autres) et harcel�s sans r�pit ? Ce qui est improductif c�est d�accepter que sa dignit� d�Homme soit pi�tin�e par son semblable fut-il pr�sident de la R�publique. Ce qui est improductif c�est de sans cesse l�applaudir alors que ce qu�il dit et fait (quand il fait d�ailleurs�) suscite la r�probation, voire le bl�me absolu. L��criture non productive et inutile ? a dit la dame. Combien sontils aujourd�hui � se dire "d��us�, �d�sappoint�s�, ceux qui, hier nous traitaient de �fous� �d�antipatriotes�, �d�anti-nationalistes� lorsque nous f�mes nombreux � affirmer en 1999, puis en 2004 que l�Alg�rie m�ritait beaucoup mieux que le �moins mauvais� ? Ces �d��us� devront surtout se demander si leur �savoir-faire� courtisan et opportuniste aura �t� plus productif que les convictions et les �plumes assassines� ? A celles-ci l�Histoire leur saura gr� d�avoir dit lorsqu�il fallait dire et de n�avoir jamais chang�. L�Histoire leur saura surtout gr� de continuer �� dire� et � �crire lorsque les circonstances l�exigeront. En ces premiers jours de l�ann�e 2007, il n�est pas inutile de revenir � la fin 2006 et notamment au discours du premier magistrat du pays en date du 26 d�cembre 2006 en marge de la signature de la loi de finances au Palais des nations. �Sans int�r�t�, diront les uns, �sans importance�, r�torqueront les autres. Il est vrai que les discours-fleuve du chef de l�Etat, ses commentaires, sont surtout devenus l�occasion pour lui de se livrer � ses deux exercices pr�f�r�s : les admonestations publiques dirig�es contre celui-ci ou celui-l� de ses ministres et les d�rapages verbaux o� le chapelet d�injures, d�insultes est �gren� avec plaisir et sans retenue pr�sidentielle entrecoup� d�adages et de proverbes du terroir dont l�auteur est un grand consommateur. Pourtant, pourquoi ce discours non destin� � la nation comme on aurait pu le penser au seuil d�une nouvelle ann�e ? Pourquoi ce discours destin� essentiellement au gouvernement lequel s��tait vu infliger un autre (gouvernement/ walis) tout aussi long ? L�unique raison politique a �t� pour le premier magistrat du pays de r�pondre � une rumeur qui le disait partant pour La Mecque. La signature de la loi de finances (non accompagn�e selon les usages de discours) a �t� pour lui l�occasion de fourguer son : �Je ne pars ni � l�Est, ni � l�Ouest : je reste l��. L�irritation de son auteur a mis en exergue surtout la fragilit� politique de tout l�Etat qu�il dirige. Car, enfin lorsqu�on est droit dans ses bottes, on ne r�pond pas aux �On dit que�� Il para�t que � surtout lorsqu�on est pr�sident de la R�publique, personne n�a somm� celui-ci de partir pour qu�il fut contraint et forc� de lancer � la cantonade cette phrase : �Je reste l��, j�ai eu le privil�ge et l�honneur dans ma vie d�ancien ministre de c�toyer des hommes politiques avec un H, comme Messieurs Aboubakr Belka�d, Larbi Belkhe�r, Lakhdar Brahimi, Sid- Ahmed Ghozali, R�da Malek, le g�n�ral-major en retraite Khaled Nezzar. Tous m�ont appris que les rumeurs passent bien au-dessus de la t�te d�un homme politique digne de ce nom. Ils m�ont surtout enseign� que celui (celle) qui y r�pond montre sa fragilit� et son incapacit� � g�rer ceux qui veulent faire d�une rumeur un �v�nement politique. Enfin pourquoi le d�part aux Lieux Saints a-t-il �t� source d�irritation pr�sidentielle lorsqu�on sait que le chef de l�Etat nous a habitu�s depuis 1999 � multiplier voyages et d�placements � l��tranger ? Et que nous n�avons toujours pas de r�ponse � sa longue absence estivale en 2006 de 50 (cinquante jours). Aurions-nous �t� choqu�s de le voir s�absenter une �ni�me fois ? Absolument pas. Surtout pour se rendre � La Mecque ! Tout ceci pour dire que la r�action de grande irritation du chef de l�Etat �tait inexplicable, injustifi�e� sauf si l�on nous cache la v�rit� sur son �tat de sant� Mais jusqu�� quand ? Par contre, aucune explication n�a �t� fournie sur l�absence du ministre des Finances au moment de la signature de la loi des finances qui aurait pu accomplir son p�lerinage avec les premiers hadjis. Ainsi va la gestion des affaires de l�Etat� Et c�est un chef de l�Etat fastidieux qui s�est livr� � une lecture de deux heures des chiffres par secteur (publi�s au Journal officiel en tout �tat de cause). Une t�che qu�aurait pu accomplir le gouverneur de la Banque d�Alg�rie tout bonnement. Nous n�avons pas d��explication �galement sur l�absence d�Aboujerra Soltani, cens� �tre entendu par la justice� Mais pas d�inqui�tude : la justice �attendrait� son retour pour s�autosaisir, ne manquera pas de s�autosaisir� s�autosaisirait sit�t l�avion ramenant le sieur se posera sur la piste� Friand des �enguelades� publiques, le premier magistrat du pays a profit� bien �videmment de l�occasion qui lui �tait offerte pour s�en prendre � ses ministres accus�s selon lui de r�gionalisme. Quelle mouche l�a-t-elle donc piqu� pour s�engager sur un terrain aussi glissant pour lui ? Comment en effet a-t-il pens� un instant que son cynisme passerait inaper�u alors m�me que le choix de son gouvernement � puisqu�il a �t� le seul d�cideur � donc des hommes, son mode de gouvernance et sa conviction r�gionaliste ont ob�i � un seul crit�re : le choix de la wilaya, de la r�gion qui sont les siennes. Veut-on des exemples ?
1. Justice : Tayeb Bela�z, M�cirda
2. Int�rieur : Noureddine Zerhouni, Nedroma
3. Affaires �trang�res : Mohamed Bedjaoui, Tlemcen
4. Solidarit� nationale : Djamel Ould Abb�s, Tlemcen
5. Finances : Mourad Medelci, Tlemcen (comme son pr�d�cesseur Benachenhou Abdelatif)
6. Travail : Louh Tayeb, M�cirda
7. Participation : Temmar Hamid, Tlemcen
8. Energie : Chakib Khelil, Tlemcen
9. Sant� : Amar Tou, Tlemcen
10. Affaires maghr�bines : Abdelkader Messahel, El Bayadh
11. Travaux publics : Amar Ghoul, El-Abadia (A�n-Defla)
12. Affaires religieuses : Bouabdellah Ghoulamallah, Ouarizane (Relizane)
13. Ministre d�l�gu� aupr�s du ministre de l�Int�rieur : Daho Ould Kablia, Mascara Le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem, Tiaret
1. Directeur des douanes : Bouderbala, Mascara
2. Conseil constitutionnel : Bessa�eh Boualem, El Bayadh
3. Conseil de la nation : Abdelkader Bensalah n� � Oran, originaire de Nedroma
4. Pr�sident de la Cour supr�me : M. Berradja, Mostaganem
Toutes ces informations peuvent �tre v�rifi�es dans l�ouvrage de Achour Cheurfi La classe politique alg�rienne. Alors de qui se moque le chef de l�Etat ? De qui se moque-t-il lorsqu�il accuse ses ministres de r�gionalisme ? Lorsqu�on constate qu�il n�a pas �largi le choix de ses hommes � l�Ouest qui est vaste et renferme de hautes comp�tences, mais � sa wilaya. Alors �si un ministre est responsable sur tout le pays� (Abdelaziz Bouteflika) un pr�sident n�est-il pas celui de tous les Alg�riens ? Le r�gionalisme est un mode de gouvernance dont le pr�sident a us� mais surtout abus�. Alors � d�autres que nous les boniments sur les dangers de la r�gion et son refus d�accepter la politique de la marginalisation ! A propos de la �r�conciliation� si ch�re � son c�ur, le chef de l�Etat a dit �avoir aval� du poison� (pour dire que cela lui a co�t�). Outre qu�il y a lieu de douter de cela, car c�est tout de m�me lui qui a dit �qu�il aurait fait comme les terroristes s�il avait eu leur �ge� et nous a �invit�s� � aller accueillir les commanditaires du crime avec du lait et des dattes, il convient de rappeler � M. Bouteflika que ce sont les familles des victimes du terrorisme qui ingurgitent chaque jour le poison de la r�conciliation. Et si le r�conciliateur A. Bouteflika a les r�ponses � ces questions, qu�il les donne : Que dire � un enfant �g� de quatre ans en 1994 auquel les terroristes ont �gorg� son p�re policier et lui ont remis la t�te d�pos�e dans un couffin en lui disant : �Ton p�re a achet� une t�te de mouton, demande � ta m�re de te la cuisiner ?� Cela s�est pass� � Chlef en 1994. Que dire � une m�re inconsolable, r�volt�e par le pardon pr�sidentiel accord� � ceux �qu�il aurait voulu irriter� ? Que dire � son fils qui se cache pour ne pas que l�on voit ses yeux embu�s de larmes le jour de l�A�d ? Le poison ? Non, ce n�est certainement pas l�apanage de celui qui a pi�tin� la m�moire de nos morts. Et lorsque le chef de l�Etat parle de patriotisme, de nationalisme, on a juste envie de lui rappeler que l�amn�sie voulue par les politiques, l�impasse faite sur l�Histoire ne peuvent pas faire na�tre des patriotes. Et ce n�est pas M. le ministre Aboubakr Benbouzid qui avait dix ans en 1962 qui est responsable de cette situation comme le lui a reproch� son pr�sident. Ce sont les ministres de la g�n�ration de Abdelaziz Bouteflika qui ont eu en charge la gestion de l�Ecole mais surtout l�enseignement de l�Histoire. Ainsi donc, le 26 d�cembre 2006, le chef de l�Etat a fait un discours juste pour nous dire �qu�il ne part nulle part�. Il lui suffisait d��tre l� � la pri�re de l�A�d et nous aurions compris �qu�il reste l��. Finalement, son discours du 26 d�cembre 2006, d�cousu, allant dans tous les sens, �tait-il le bon discours ?�
L. A.
N. B. : La chanteuse Amal Wahby a d�clar� �tre l�unique universitaire chanteuse au proc�s qui l�a oppos�e � Mohamed Benchicou � Paris en d�cembre 2006. Ne serait-il pas grand temps que la modestie redevienne la valeur cardinale des Alg�riens ? D�autant que dans ce domaine pr�cis, nos a�eux avaient ce bel adage : �Je pr�f�re un homme �duqu� plut�t qu�instruit�. Si Amal Wahby avait eu l�honneur et le privil�ge de conna�tre la grande dame qu��tait Fad�la Dziria, elle aurait appris � son contact que l��l�gance, la classe, le raffinement et une jolie voix n�ont pas besoin de l�universit�. Elle aurait surtout appris que Fad�la Dziria n�aurait jamais assign� un compatriote devant un tribunal �tranger. Enfin , faut-il lui rappeler qu�une autre grande dame de l�andalou Behidja Rahal est biologiste ?


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