Difficile de faire une �valuation pr�cise en Alg�rie lorsqu�on parle de sida. Quelque 50 nouveaux cas sont enregistr�s chaque ann�e. L�Alg�rie compterai 817 sid�ens et plus de 2 700 s�ropositifs. Dans le m�me temps, combien sont-ils porteurs de ce mal et ne le savent pas. Par d�finition, l�Alg�rien qui entretient des relations sexuelles en multipliant les conqu�tes, ne pense pas forcement � se faire d�pister. Dans la pr�cipitation ou en manque, celui qui se pique � l�h�ro�ne, ignore qu�il vient de s�injecter la mort. Au c�ur d�Alger, une association s�active depuis 1998 � r�insuffler un souffle de vie aux personnes atteintes du sida. A El Hayet, un atelier de peinture sur verre, de p�tisserie, de broderie� s�est cr�� une rencontre tr�s color�e. Des objets d�art, des miroirs �tincelants, des g�teaux app�tissants sont fabriqu�s. Momo, Mohamed, Yasmina, Naoufel� en sont les artisans. Des artistes. Nous les avons rencontr�s l� o� leur inspiration prend forme, rena�t. Voici leur histoire� Momo, 52 ans �Je suis malade et je vis avec.� En 1989, je me trouvais en France depuis deux ans d�j�. J�avais 35 ans et je vivais en concubinage avec une Fran�aise. Nous avions fait des tests pour avoir des enfants. A ce moment l�, nous n��tions pas encore porteur du virus. L��t� suivant je suis rentr� � Alger. De retour, mon amie qui revenait de Martinique a d�couvert qu�elle �tait atteinte du virus de sida. Moi, je l�ai attrap� par injection. Je me droguais. J��tais accro � l�h�ro�ne. Victime de la double peine, en 1994, Momo est expuls� apr�s une rafle de police. A Alger, j�ai subi une d�sintoxication forc�e, � l��poque, l�h�ro�ne ne courait pas les rues. A Alger, c�est l�alcool que j�ai retrouv�. Maintenant, c�est fini, je suis sobre. En 2004, j�ai �t� hospitalis� � l�h�pital El Kettar pour une an�mie. C�est l� ou j�ai rencontr� une dame de l�association El Hayet. La suite n�est que du bonheur. Karima et Halima, les profs sont tr�s sympas. Trois fois par semaine, je viens ici. J�apprends la peinture sur verre. Je m�inspire de Denis Martinez, de Miro� de Picasso. Plus tard, j�aurai un dipl�me. Je ne repense plus � ce qui m�est arriv�. Je pr�f�re oublier cette maladie. Discuter, me chamailler et surtout rigoler avec les gens. Vivre le plus normalement du monde. Issu d�une famille nombreuse, Momo est le chouchou de sa maman. �g�e et malade, il a pr�f�r� ne rien lui dire du mal qui le ronge. D�sar�onn�s au d�part, ses fr�res et s�urs, son cousin et son beau-fr�re ont n�anmoins fini par l�accepter mais sans jamais en parler. �Mon message est pour les jeunes Arr�tez de vous droguer, prot�gez-vous ! Faites attention !� Mohamed 37 ans �Je souhaite me marier et adopter des enfants� Mes parents sont hadjs. Mes fr�res sont pieux. Moi-m�me j�ai �t� laur�at du 2e prix du concours de la r�citation du Coran et leader de la chorale religieuse de ma localit�. Mon quotidien et mon environnement �taient faits de religion et de foi. Un jour, pourtant, je suis tomb� amoureux d�une jeune fille que je n�ai jamais pu approcher, encore moins lui parler. Fou d�amour, j�ai perdu mes rep�res. Un virage � 360�. Je me suis mis � boire et � fumer du haschich sans arr�t. J�ai d�couvert que mon fr�re �tait un dealer. Depuis, je passais mon temps � lui en voler jusqu'� devenir moi-m�me dealer. Dans mon quartier, je devenais c�l�bre. Un monde fou me suivait en permanence. Je leur payais � boire et je leur fournissais gratuitement de la drogue. J�ai connu une fille dans ce milieu o� j�assouvissais tous mes plaisirs charnels. Puis une autre� et encore une autre qui est devenue une r�guli�re. J�allais la voir tous les trois jours et le jeudi en particulier. A 400 ou 500 DA, je prenais mon plaisir. C�est celle-l� qui m�a contamin�. C��tait en 2003. Elle ne m�avait rien dit. Un jour, une personne m�a appris qu�elle �tait malade. Qu�elle avait un cancer, mais je n�ai pas vu le danger. J�ai quand m�me arr�t� de la voir. En 2004, je me suis mari�. De temps en temps, je continuais � boire. Puis j�ai repris la pri�re. Cependant, m�me si je vivais bien avec ma femme, cohabitant avec ma famille, en 2006, des probl�mes ont �clat�. On a fini par divorcer. Plus tard, un ami, m�a demand� de faire hospitaliser la prostitu�e que je fr�quentais parce qu�elle avait le sida. J�ai alors fais des analyses. Le r�sultat �tait n�gatif. Impossible, je ne pouvais pas �tre atteint. Je ne pouvais pas y croire. Mon ami a insist� pour que j�en refasse d�autres. Cette fois, les r�sultats ont tard� � tomber. A l�Institut Pasteur, on m�a demand� de patienter, une semaine, quinze jours. J��tais totalement angoiss�. J�ai compris alors que j��tais atteint ! Quinze jours plus tard, je suis reparti. Le m�decin m�a remis une enveloppe pour l�h�pital El Kettar. Il m�a annonc� que j��tais malade. J�ai lou� un taxi et je suis parti au laboratoire de Sidi Fredj. Une femme m�a demand� mon nom. Elle m�a confirm� que j��tais malade. Puis un autre m�decin et un autre� je ne voulais pas y croire. Sur le chemin du retour, j�ai compris que ce que j�avais en moi, je ne pouvais pas l�arracher, m�en d�barrasser� je l�ai accept�. Je me suis remari� avec mon exfemme. Elle m�a accompagn� � l�h�pital, elle a fait des analyses. Ses r�sultats sont n�gatifs. Mohamed souhaite se marier et adopter des enfants. Avec le dipl�me qu�il obtiendra � l�association, il esp�re monter une petite affaire. Naoufel, 40 ans �On ne choisit pas d��tre s�ropositif� J�habite � Alger. Je suis atteint du VIH. Je suis pris en charge par El Hayet depuis sept mois. Je suis stagiaire en p�tisserie. Une passion issue de ma formation de base : chef cuisinier. J�adore les g�teaux, c�est color�, mini et sucr�. Avant je travaillais dans un resto dans l�un des quartiers chics d�Alger. Mon traitement, lourd de cons�quences, m�a astreint � cesser toute activit� contraignante. D�ailleurs, apr�s une semaine de traitement, j�ai perdu 10 kilos. Comment j�ai su que j��tais atteint ? Simplement, un doute. J�ai fait un d�pistage. J�ai eu plusieurs partenaires et trop de relations non prot�g�es. Je vivais en France. L�une de mes relations avait eu le sida. Il a fallu que je rentre � Alger pour apprendre qu�elle en est morte. C��tait en 1994. Je suis all� trois fois me faire examiner par un m�decin. Trois fois, il m�a assur� que j�allais bien. J�ai d� insister pour avoir une ordonnance pour un test HIV. Je suis all� � Pasteur. J�ai pay� 700 DA et quinze jours plus tard, on m�a demand� de refaire les tests. On m�a r�orient� vers Sidi Fredj. Un psychologue m�a pris en charge. Il m�a annonc� que j��tais s�ropositif. Ca �t� le moment le plus dur de ma vie. Le plus difficile. Je ne peux pas le d�crire. Je n��tais plus rien, plus rien. Tout s��croul� devant moi. Tend ta main, tu verras la sortie au bout Tend ta main, tu seras de nouveau debout Tend ta main, tu verras la lumi�re au bout Tends ta main, tu seras de nouveau debout� J�avais attrap� la mort. Je pensais � mes parents, ma famille� tous ceux qui �taient autour de moi � ce moment-l� savaient que j��tais atteint. La r�action des gens, c�est affreux ! J�ai appel� un ami tr�s cher avec qui j�avais d�j� �voqu� l��ventualit� de ma maladie. Lui, au d�but, �tait certain que des deux, il serait le plus expos�. Il fr�quentait tellement de femmes, � la sortie du boulot, en bo�te, partout o� il pouvait embarquer une fille. Lui non plus n�y croyait pas ! Au d�but, ma famille n�en savait rien. Mes d�placements fr�quents � El Kettar ont d�abord fait r�agir mes fr�res et s�urs. Nous sommes une famille unie et solidaire. Dans les moments durs, je savais que je pouvais compter sur eux. Ils m�ont donc rassur� en me parlant des traitements et des avanc�es de la science. Ce qui n�est pas toujours le cas pour les autres. Il faut les soutenir. Le sida n�est pas une punition divine. Nous n�avons pas choisi d��tre s�ropositifs ! L�association des personnes vivant avec le VIH El Hayet organise � l�occasion de la c�l�bration de la journ�e mondiale du sida, cet apr�s-midi � l�h�tel Mercure une exposition-vente des produits issus des activit�s g�n�ratrices de revenus. Sam H. [email protected]