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Chronique
EN QUELQUES MOTS : DE-CI, DE-L� Port�s disparus... Par Le�la Aslaoui [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 08 - 2007

Affronter quotidiennement la canicule de ce mois d�ao�t devient presque une performance. Mais lorsque vient s�ajouter � la chaleur torride et � la d�testable humidit� d�Alger, la l�thargie politique qui nous entoure, l�air devient tout bonnement irrespirable. Un quotidien a qualifi� cette ambiance morose et inqui�tante, de �somnolence�. S�il ne s��tait agi que d�inactivit� passag�re ou de demi-sommeil, l�espoir serait permis. C�est beaucoup plus s�rieux que la �somnolence�, puisque frapp� de paralysie g�n�rale, le pays semble plong� dans un coma profond.
La p�riode estivale n�en est pas la cause et ne saurait �tre une explication acceptable pour justifier l�absence totale de ceux qui sont cens�s diriger la maison Alg�rie. Absents ou disparus comme l�on voudra. Puisque en droit : �Le disparu est la personne absente dont on ignore o� elle se trouve et si elle est en vie ou d�c�d�e� (article 109 code de la famille). Eux, sont en vie, mais on ne sait pas o� ils sont et ce qu�ils font. Certainement tout � fait autre chose que ce qu�ils devraient faire, � savoir g�rer, gouverner, pr�voir. C�est aussi qu�observateurs politiques, ou partis politiques, pr�disent une rentr�e sociale des plus difficiles. Le �haut� continue � vanter l�Alg�rie et son embellie financi�re. Le �bas�, quant � lui, n�en peut plus d�affronter les p�nuries de lait en 2007 et de voir son pouvoir d�achat se d�t�riorer chaque jour un peu plus. L�on aurait pu alors penser qu�� l�approche du Ramadhan � p�riode particuli�rement sensible � Abdelaziz Bouteflika sommerait son chef du gouvernement de prendre les mesures ad�quates afin que je�ner ne tourne pas � l��meute. L�on aurait pu s�attendre � un Conseil des ministres avec comme point principal � l�ordre du jour : la rentr�e sociale. Pas un seul (conseil) d�ailleurs mais plusieurs tant est pr�occupante la question. Au lieu de cela l�on apprend que le premier magistrat est en cong�. En Alg�rie ou en Suisse qu�importe ! Son chef du gouvernement serait, dit-on, d�pit� de ne pas pouvoir en faire autant. Quelle diff�rence franchement existerait-elle entre Belkhadem au repos et Belkhadem au Palais du gouvernement au regard de son �chec av�r� ? Mais, me dirait-on, le chef de l�Etat a droit de se reposer. Pourquoi pas ? Cependant la question est ailleurs : cette �clipse pr�sidentielle, semblable � celle de l�an dernier, pose la question de savoir si un pays au bord de l�explosion g�n�rale peut continuer � se contenter d�un pr�sident � �mitemps� ? La Maison- Alg�rie br�le et que voit-on ? Tant�t un Abdelaziz Bouteflika bravant difficilement la canicule juste pour dire �qu�il peut�... �qu�il est valide�... en se promenant � l�int�rieur du pays, tant�t le m�me Bouteflika disparaissant totalement de la sc�ne politique. Sans m�me prendre le soin de s�exprimer de l� o� il se trouve sur les probl�mes de son peuple. Qu�on en juge : Mostaganem, que le premier magistrat avait visit�e � la fin du mois de juillet, a v�cu un drame suite � la mort tragique de douze ? dix-neuf ? Alg�riens emport�s par une vague haute de 4 m�tres. Pas un message de condol�ances, pas un mot de compassion aux familles des victimes. Il est vrai que la mansu�tude bouteflikienne est un privil�ge accord� aux seuls terroristes- islamistes. Les autres Alg�riens peuvent mourir, se suicider, ce n�est pas son probl�me. Ce en quoi le chef de l�Etat n�innove pas. En 2001, il avait attendu trois jours apr�s les inondations de Bab-El-Oued pour rendre visite aux populations sinistr�es. L��migration clandestine des jeunes Alg�riens (harragas) de plus en plus pr�occupante et dont nul ne peut dire : �Je ne savais pas� puisque la presse ind�pendante se fait chaque jour un devoir de parler afin de sensibiliser l�opinion publique mais surtout les pouvoirs publics, ne perturbe aucunement le repos du chef de l�Etat. Imperm�able � leurs cris de d�tresse, il les ignore croyant que taire les probl�mes c�est les r�soudre. Mais jusqu�� quand ? Quand des jeunes sauv�s de justesse de la mort au large d�eaux glaciales jurent qu�ils retenteront l�exp�rience, ou lorsque des Alg�riens pr�f�rent Guantanamo au retour en Alg�rie tourner le dos aux probl�mes en s��clipsant et en se taisant comme le fait invariablement Abdelaziz Bouteflika donne-t-il encore un sens � la charge politique mais aussi morale qu�il a accept�e en se portant une premi�re puis une seconde fois candidat � la magistrature supr�me ? Cette question il se doit de se la poser s�rieusement en son �me et conscience et il se doit d�y r�pondre rapidement, car la maison Alg�rie ne peut plus attendre : elle est assise sur une poudri�re. Des gouvernants enferm�s dans leur bulle et qui ne partagent plus rien � si tant est qu�ils aient partag� quoi que ce soit d�ailleurs � avec leur peuple doivent au moins comprendre qu�ils pourraient nous �viter les effusions de sang et �le changement dans la douleur� (M. Sid-Ahmed Ghozali, ex-chef de gouvernement, interview avec le Jeune Ind�pendant). Abdelaziz Bouteflika a us� abusivement de chefs de gouvernement, pouss�s par lui tous les trois � la d�mission (Ahmed Benbitour, Ali Benflis, Ahmed Ouyahia) pour en fin de parcours remplacer le troisi�me par un homme pour lequel l�habit �tait d�cid�ment trop grand. Et tel l��poux qui remplace sa femme en pensant qu�il sera plus heureux avec la seconde, Abdelaziz Bouteflika a substitu� l�incomp�tence � la comp�tence, l�ignorance au savoir. Et ce n�est pas par hasard que la grogne s�amplifie au sein du parti dont Belkhadem est secr�taire g�n�ral. Abdelaziz Bouteflika a entendu nommer luim�me (� une ou deux exceptions �son� gouvernement et �ses �hommes�. Et ses col�res publiques, v�ritables shows pr�sidentiels, ne sauraient occulter le fait que �ses hommes� sont son choix. Son unique choix. La suite on la conna�t. La rentr�e sociale ? Les p�nuries ? Les prix qui grimpent ? Ce ne sont des probl�mes qui perturbent le repos du chef de l�Etat. Avons-nous seulement encore un pilote � bord de l�avion ? Si l�on a la r�ponse � cette question, celle que le �disparu� devra se poser, est de savoir s�il est en mesure encore de piloter ? A quoi donc lui servirait encore le pouvoir pour le pouvoir ? A quoi lui servirait-il si son Alg�rie �bi� �iza� ou �el karama� qu�il avait permis en 1999 n�a jamais �t� aussi malmen�e ? Et ce n�est pas en tentant de camoufler son �clipse en faisant cr�er un site Internet que le premier magistrat du pays croit pouvoir g�rer le pays. Un site, faut-il le rappeler o� � la question : �Que pensezvous du pr�sident Abdelaziz Bouteflika ?� les r�ponses plus l�nifiantes les unes que les autres laissent � penser que les flagorneurs qui votent pour un troisi�me mandat sont ceux-l� m�mes qui ont cr�� le site... ou ne sont certainement pas ceux qui fuient la pomme de terre ne pouvant plus offrir de frites � leurs enfants. Les privil�ges ont la peau dure. Pour les garder rien n�est trop cher, y compris Internet. D�cid�ment, ils ne comprendront jamais rien et ne tirent jamais de le�ons du pass�. De toutes les fa�ons qu�ont-ils � perdre? Quand la situation devient intenable, ils disparaissent� Mais vont-ils toujours gagner ? Ce n�est pas s�r. Pas s�r du tout. Ce qui l�est, par contre, c�est que la gouvernance allant dans tous les sens sans concertation, sans coordination ne serait-ce qu�entre un ministre et son chef du gouvernement, on subit les bourdes r�p�titives du premier responsable de l�Int�rieur que l�on peut prendre comme exemple pour illustrer la cacophonie de l�Ex�cutif. C�est ainsi qu�apr�s avoir d�clar� que les lettres adress�es aux citoyens abstentionnistes avaient pour objectif de conna�tre les causes et les motifs � l�origine de l�abstention, (� El Watan� 8 ao�t 2007) le voici qui op�re une grande reculade en d�clarant qu�il ne s�agit pas de chercher � savoir si tel citoyen s�est abstenu mais d�assainir les listes �lectorales afin qu�il n�y ait pas de mal inscrits� (� El Watan10-11 ao�t). Il est connu qu�en voulant r�parer une bourde, on en commet souvent une plus grosse. Noureddine Zerhouni avait �expliqu�, on s�en souvient, que les quatre millions de citoyens cibl�s par son d�partement �taient ceux qui avaient chang� de r�sidence. Par ailleurs, � quoi servent les walis, les maires, si au niveau du minist�re de l�Int�rieur l�on est dans l�incapacit� de poss�der une banque de donn�es informatis�es permettant d�assainir les listes �lectorales sans avoir recours aux proc�d�s policiers d�une autre �poque. Enfin, c�est quoi un mal-inscrit ? Inconnu de la langue juridique, �lectorale, ce concept est de Zerhouni. Lui seul peut r�pondre � cette question. Pour l�instant, apr�s avoir cru qu�il pouvait terroriser les abstentionnistes qui r�cidiveront en tout �tat du cause aux municipales, le ministre s�en est tir� avec une pirouette de mal-inspir�. Tout comme il l�avait fait en 2002 lorsqu�il avait qualifi� le jeune Guermah Massinissa de �voyou� pour se r�tracter et reconna�tre qu�il s�agissait d�un lyc�en brillant. Ce n�est pas tout. Le service informatique du minist�re de l�Int�rieur est tellement performant qu�une dame d�c�d�e en 1975 a re�u une lettre somm�e de s�expliquer sur son abstention le 17 mai 2007 ! ( El Watan 14 ao�t 2007) cela rappelle �trangement les m�thodes de l�ex-FIS en d�cembre 1991, lorsque des morts avaient re�u leurs cartes de vote. Cependant dans le cas des islamistes du FIS, la raison �tait la fraude �lectorale, dans celui de Noureddine Zerhouni c�est tout bonnement de l�incomp�tence. Le pire est qu�aucun de ses chefs n�ait pens� � calmer ses �lans policiers en lui �vitant pour le moins de d�penser l�argent de l�Etat pour des correspondances aussi inutiles qu�absurdes et surtout scandaleuses. Mais o� sont-ils ses chefs ? L�un est port� disparu� L�autre serait, para�t-il, l� mais quelle importance ? Et il ne faut pas s��tonner alors que des quotidiens arabophones pour se mettre quelque chose sous la dent et vendre leur journal, fassent du cr�page de chignons entre deux chanteurs de ra�, le feuilleton de l��t� ou qu�un papy frapp� s�rieusement et d�finitivement de s�nescence r�cidive tout en jurant que �nul ne le pousse � parler�. Mais voyons ! encore un qui nous prend pour des d�biles ! Les seuls � faire parler d�eux, ce sont les terroristes-islamistes. En ciblant les r�publicains (Lakhdaria) ou en r�glant leurs comptes ?? avec d�anciens �mirs du GIA tel Mustapha Kartali � Larba�. Un ancien terroriste-islamiste dont les mains apr�s avoir barbot� dans le sang tripoteraient, dit-on (la presse) des affaires. C�est donc lui qui a �t� la cible d�un attentat �
la voiture pi�g�e, tandis qu�il avait b�n�fici� de la �gr�ce amnistiante� en janvier 2000. Une mesure pr�sidentielle l�ayant blanchi de ses crimes et fait de lui un �repenti� qui n�a jamais demand� pardon. C�est cet individu qui a perdu dans l�attentat l�un de ses membres inf�rieurs. Peut-�tre la mort aurait-elle �t� pour lui plus douce ? Qui sait ? Mais Dieu ne lui aura pas fort heureusement accord� cette faveur, car l�amputation devra lui rappeler tous les jours, toutes les nuits son riche palmar�s et la terreur qu�il faisait r�gner dans la r�gion de Larba�/Sidi-Moussa avant �sa gr�ce�. Il para�t, selon la presse, que son fils venu aux nouvelles avait les yeux larmoyants. Quoi de plus normal ? Sauf que ce fils ne devra jamais oublier les larmes qu�a fait couler son p�re aux enfants de r�publicains assassin�s par des terroristes- islamistes dont faisait partie son p�re. Les larmes de m�res comme la maman de la jeune Amal Zanoune inconsolable, pourtant battante et toujours debout. Ce sont les seules larmes qui m��meuvent. Acte antir�conciliation, a d�clar� Kertali, ancien �mir redout� et redoutable � Larba� avant sa reddition. Acte �manant surtout de personnes qui se ressemblent parce qu�elles se sont assembl�es de par le pass�. Et dans ce cas, j�ai juste envie de citer cet adage alg�rien : �Allah Iqawi chitanhoum� : �Que Dieu aggrave leurs divergences, leurs divisions�. Litt�ralement : �Puisse Dieu encourager leurs pens�es diaboliques.� Kertali cibl� par un attentat ? Et apr�s ? Le probl�me est ailleurs : La maison-Alg�rie est sans guide et c�est certainement le probl�me de l�heure.


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