Une vague de chaleur d'une intensité exceptionnelle a touché, le week-end dernier, les régions côtières de l'Algérie. Pour beaucoup, il ne fait nul doute que la canicule de ce mois de juillet est quelque peu inhabituelle. Ce jugement rejoint les constatations des scientifiques : par son intensité, son étendue et sa durée, elle dépasse tout ce qui a été connu depuis quelques années. Les Algériens ont transpiré à grosses gouttes. Ils ont bu des litres d'eau pour éviter la déshydratation. Certains ont envahi les plages et les piscines pour y piquer une tête ou profiter de la brise marine. Si les plus jeunes supportaient la chaleur, les personnes âgées avaient du mal à respirer. Dans les transports en commun (bus, trains), c'est carrément la fournaise. Les citoyens évitaient les longs déplacements. Mais ceux qui n'ont pas eu la chance de bénéficier d'un congé ont été obligés d'endurer cette situation, impuissants et résignés, et de prier Dieu pour que la température soit plus clémente les prochains jours, gardant un œil sur le service de la météo. Ils circulent dans la rue avec un gant de toilette mouillé ou une bouteille d'eau minérale. Dans les cafés, les boissons gazeuses, les sodas et autres jus de fruits ont été consommés en grandes quantités pour étancher une soif décidément tenace. Les vêtements légers et de bord de mer sont partis comme des petits pains. Aux premières loges pour profiter de la chaleur, les marchands de glaces se frottent les mains. Heureusement pour eux, les industriels disposent de stocks importants et d'une souplesse dans la production. Les glaces sont le dessert préféré des Algériens pendant la saison estivale qui donnent un peu de fraîcheur. C'est sucré et bon ! A l'eau ou à la crème, les parfums sont divers et variés (vanille ou chocolat). Les fabricants d'eau sont aussi ravis. Elle fait aussi le bonheur des vendeurs de climatiseurs qui se mettent en quatre pour renforcer leur attractivité. Durant la nuit de jeudi à vendredi, la chaleur a pesé comme une chape de plomb. Elle écrase et paralyse. Il n'était pas facile dans ces conditions de trouver le sommeil réparateur. Cette vague de chaleur n'est pourtant pas assimilée à la canicule, selon un responsable de l'Office national de météorologie que nous avons contacté hier. « C'est une température légèrement au-dessus de la moyenne. Il a fait chaud avec une température de 36° à Alger qui a un climat spécifique avec un taux d'humidité qui avoisine les 70%. Ce qui engendre une sensation d'inconfort. » D'où vient-elle ? Lorsque l'air est humide, l'évaporation de la sueur devient difficile. Ceci est d'autant plus vrai en l'absence de mouvements d'air. La chaleur produite par le corps ne pouvant plus être évacuée, sa température augmente, ce qui entraîne un sentiment d'inconfort. Est-ce que la chaleur qui s'est accentuée en Algérie a un rapport avec ce qui se passe en France ? Pour le responsable de la météo, « ce n'est pas lié ». Cependant, notre pays ne peut échapper au réchauffement de la terre. Les scientifiques penchent plutôt vers la thèse suivante : ces températures ne sont pas un phénomène climatique conjoncturel, mais la preuve de dérèglements plus profonds. Pour tenter de forger un consensus scientifique, l'Onu a chargé depuis 1988 un groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) de compiler les données sur la question. Ses conclusions ont une influence majeure sur les décisions politiques car la question climatique fait l'objet d'un lobbying intense du fait de ses répercussions en matière économique et énergétique. Selon les services de la météo, il est prévu un minimum de 21° et un maximum de 32° à Alger, 40° à Mascara, 39° à Chlef et 38° à Tizi Ouzou, Guelma et Constantine. Ainsi, la canicule a encore de beaux jours devant elle.