Qu�y a-t-il donc de l�autre c�t� du miroir ? Il est vrai qu�on �crit peu pour raconter que, s�ils �chappent � la mer et aux diff�rents contr�les, s�ils foulent la terre promise, les harragas ne sont pas pour autant au bout de leurs peines. Apr�s toutes ces �preuves, souvent, ils commencent une vie �sans-papiers �, sans avenir, sans �clat. Il y a, assur�ment, une sorte de mythe, de m�t de cocagne dans le rapport des jeunes avec l�Occident. On a beau d�mystifier, d�mythifier, la noirceur du pr�sent dans leur pays est toujours � leurs yeux plus forte. Ignorant parfois volontairement toutes les inqui�tudes li�es � l�exil, ils foncent. Mais les difficult�s commencent au premier jour et il est rare qu�elles soient compl�tement r�solues un jour. Difficult�s administratives, dans bien des cas. L��quation, au d�but, est toujours la m�me et pour tous : comment obtenir, � travers la jungle des textes de loi, des papiers de s�jour et comment survivre pendant la proc�dure alors que l�on n�a pas le droit de travailler ? Ensuite, dans le cas d�un d�nouement heureux de la proc�dure ; comment ne pas �tre d�class� dans son travail et, souvent, dans son statut social. Enfin, comment d�coupler son image �d��trange �tranger �, comme disait Pr�vert, de celle d�intrus venus prendre ind�ment part � un festin ? En d�pit des images d�Epinal, que tout le monde n�a pas, qu�est-ce qui justifie qu�en connaissance de tout cela, des milliers de jeunes tentent quand m�me l�aventure. Ce roman, qui a des allures de document, n�y r�pond pas. Mais en tout cas, il d�crit les difficult�s de l�arriv�e qui sont aussi importantes que celles du d�part.