Le Qatar, c�est Doha, sa capitale, 500 000 habitants dont la moiti� sont des immigr�s, b�tie autour d�une baie du m�me nom. Envoy� sp�cial, Hassane Zerrouky Une corniche de 7 km formant une longue promenade avec des espaces verts, long�e par une voie rapide bord�e de gratte-ciel, de tours en construction, de luxueux ensembles r�sidentiels, de m�ga-h�tels comme le Sheraton ou le Ritz-Carlton, et de centres commerciaux rivalisant par leur taille et les produits propos�s aux riches clients de ce petit pays, � peine plus grand que la wilaya de Mascara... Ici, la richesse s��tale devant l��il du visiteur. Sur cette longue promenade, des statues en coquilles d'hu�tre orn�es d'�normes perles rappellent qu�avant la d�couverte du p�trole et du gaz, le Qatar �tait un pays de p�cheurs de perles, un pays pauvre. Au large de la capitale, �la Perle du Qatar�, �le artificielle d�une superficie de 4 millions de km2, dot�e d�h�tels de luxe, de marinas, d�ensembles r�sidentiels haut de gamme. Le pays s�est �galement lanc� dans la construction d�un nouvel a�roport pouvant accueillir plus de 60 millions de passagers par an. Dans ce petit �mirat de 800 000 habitants dont 80% sont des immigr�s, les m�ga-projets immobiliers sont � la mesure de sa richesse. Ici, � voir la vari�t� des constructions en cours ( il y en a de toutes sortes), les architectes �trangers peuvent donner libre cours � leur imagination cr�atrice. Le trafic en bus est inexistant : on utilise le taxi. A l�image de Singapour, le Qatar investit aussi dans l��ducation, cherchant � supplanter le Caire ou Beyrouth. Il a cr�� son Education City, d�boursant des millions de dollars pour attirer certains d�partements d�universit�s am�ricaines (design, m�decine, commerce et informatique) et de grandes �coles fran�aises (une antenne de Saint-Cyr va �tre ouverte) o� l�enseignement sera dispens� en anglais et en fran�ais par des universitaires recrut�s aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en France. Le sport n�est pas en reste. En plus du football attirant de plus en plus de techniciens et de footballeurs professionnels en provenance d�Europe et d�Am�rique latine, Doha est le rendez-vous annuel du gotha mondial de tennis, de golf mais aussi d�athl�tisme. Et depuis quelques ann�es a lieu le festival du film fran�ais � Doha. Avec une �conomie dop�e par les cours du p�trole et du gaz (c�est le premier exportateur de gaz liqu�fi� au monde), le Qatar a, pour l�heure, les moyens de sa politique. Il dispose de revenus colossaux. Plus de 80 milliards de dollars d�investissements sont consacr�s aux projets de d�veloppement des hydrocarbures � l�horizon 2010 afin d�assurer la croissance du pays. Le reste, les surplus que le pouvoir �mirati ne peut totalement investir dans le pays du fait de l��troitesse du march�, alimentent un fonds souverain le Qatar investment Authority (QIA) dont les avoirs seront port�s � 100 milliards de dollars � fin 2008. Cet argent est investi sur les places financi�res internationales (bons du Tr�sor am�ricain, Bourse de Londres, prise de participation dans des grandes entreprises occidentales). Autrement dit, m�me si ces investissements permettent de d�gager des surplus, il n�en reste pas moins qu�ils contribuent surtout � la croissance des �conomies occidentales. Les dollars engrang�s par le p�trole et le gaz sont r�inject�s dans les �conomies occidentales. Et ce, m�me si depuis quelque temps, le Qatar cherche � diversifier ses investissements vers les pays du Maghreb et depuis peu vers l�Afrique, accordant la priorit� aux secteurs les plus rentables sur le court terme, comme le tourisme. A l�inverse de la Chine, qui a ses propres fonds souverains, faisant peser, du fait de sa puissance et de son poids politique dans le monde, une certaine pression sur l��conomie am�ricaine, le Qatar est dans une d�pendance politicomilitaire �troite vis-�-vis des Etats-Unis. Sa s�curit� en tant qu�Etat d�pend de l�Oncle Sam. Si demain, les immigr�s qui constituent 80% de la population du Qatar se r�voltaient, ce petit Etat devrait faire appel aux Marines am�ricains, bas�s dans l��mirat, pour r�tablir l�ordre ! Sans doute est-ce pour pr�venir de tels risques que le Qatar a �t� le premier pays du Golfe � se doter d�un code du travail assurant un minimum de droits sociaux aux travailleurs �trangers. Les Emirats arabes unis ou le pays de la d�mesure Cette f�d�ration constitu�e de sept �mirats, plus grande aussi en superficie (80 000 km2) que le Qatar, plus peupl�e aussi (5 millions d�habitants dont 78% d�immigr�s), est plus diversifi�e. En effet, les richesses en p�trole et en gaz sont concentr�es essentiellement dans l��mirat d�Abou Dhabi dont le PIB repr�sente 50% du PIB total des Emirats. C�est, apr�s l�Arabie saoudite, la plus riche p�tromonarchie du Golfe. Duba�, plus d�un million d�habitants dont plus de la moiti� est originaire du sous-continent indien (Inde, Pakistan et Bangladesh) et � un degr� moindre d�Afghanistan et des Philippines, est aussi un immense chantier. Ici, on construit le plus grand gratte-ciel du monde, de 160 �tages. A l�origine, il devait faire 560 m�tres. Mais suite � l�annonce par la Malaisie de la construction d�une tour plus haute que l�ex-World Trade Center de New York, le projet a �t� revu � la hausse : la tour atteindra 705 m�tres avec une fl�che de 30 m�tres. la Sorbonne ! Abou Dhabi s�est �galement lanc� dans la construction, en plein d�sert, d�une ville �cologique, Masdar, 50 000 habitants, �sans �mission de carbone, sans voitures �, dont il veut faire la Silicon Valley des �nergies renouvelables. Co�t de ce projet : 10 milliards de dollars ! Avec un PIB de 163 milliards de dollars, un exc�dent commercial de 57 milliards de dollars � fin 2006, les Emirats arabes unis paraissent avoir les moyens de leur politique. Ne voulant pas d�pendre uniquement du p�trole et du gaz, ils se sont lanc�s dans une politique de diversification de leur �conomie. En effet, le pic de production � partir duquel la production p�troli�re commencera � d�cliner se situe aux alentours de 2015. Entre-temps, ils ont constitu� plusieurs fonds souverains (300 milliards de dollars d�avoir), r�alisant l�essentiel de leurs investissements sur les places financi�res occidentales sous forme d�achat d�actions, de prises de participation strat�giques ou de bons du Tr�sor am�ricain, n�h�sitant pas � tenter de faire main basse sur les ports am�ricains, provoquant une lev�e de bouclier aux Etats-Unis avant d�y renoncer. Le revers de la m�daille Reste que les investissements colossaux, dont une partie orient�e dans des d�penses de prestige, ne mettent pas tout � fait ce pays � l�abri d�un retour de b�ton quand la production d�hydrocarbures commencera � d�cliner. La dette ext�rieure des Emirats avoisinera ou d�passera les 100 milliards de dollars � fin 2008. L�argent investi � l��tranger risque de ne pas pouvoir procurer des ressources en mesure d�assurer le train de vie actuel des Emirats. Car il faudra bien, par exemple, entretenir et assurer le fonctionnement de ces m�ga-projets, assurer les salaires des ces millions d�immigr�s qui font marcher l��conomie du pays, dont les passeports sont confisqu�s d�s leur installation dans l��mirat, et qui commencent � revendiquer de meilleures conditions de travail et salariales. Et le tourisme de luxe sur lequel parient les Emirats sera rapidement confront� � une rude concurrence. A quoi s�ajoute le fait que ce sont les Etats-Unis qui veillent � la s�curit� des Emirats arabes unis. Et la protection de l�Oncle Sam n�est pas gratuite : elle est financ�e en grande partie par le budget des Emirats. En conclusion, l�apr�s-p�trole ne sera gu�re facile.