En mati�re d�all�geances, ils viennent d�ajouter une louche d�ind�cence � ce qui est par d�finition honteux. Soutenir ! Disent-ils�. Soutenir est certes une modalit� op�ratoire dans la conqu�te du pouvoir, voire sa pr�servation, sauf qu�elle requiert un minimum de formalisme �thique sans lequel elle finit par s�apparenter � du prox�n�tisme politique. Celui que le vulgaire jargon appelle les �souteneurs�. Avec les Ziari et Bensalah, ces deux chefs d�orchestre du Parlement, nous sommes d�sormais dans une sorte d�amoralit� tranquille. Celle qui s�affiche sans vergogne quand il faut faire preuve de retenue et de r�serve, si n�cessaires aux apparences. Si jusque-l� l�on pouvait douter de la cr�dibilit� de cette auguste institution, il �tait, par contre, de bon go�t de rester � son �coute en lui �pargnant les jugements p�remptoires. Maintenant l�on sait qu�elle ne m�rite pas ces �gards. Car ces deux chambres, o� l�on pr�tend l�gif�rer �au nom du peuple�, ne sont en v�rit� que des gyn�c�es o� se vautre la courtisanerie du r�gime. Dans ces h�micycles, transform�s en s�rail, l�on se gaussera certainement de ces qualificatifs excessifs sauf que la r�alit� est � la fois triste et peu gratifiante pour ceux qui les peuplent. En effet, que reste-t-il des credo d�mocratiques quand le creuset des libert�s publiques se transforme en chambres � �claques� ? Et surtout lorsque l�applaudim�tre est actionn� avant la prestation. Voler au secours d�une victoire annonc�e par avance ne grandira pas dans leur propre estime ceux qui agissent de la sorte. Eux qui pr�tendent n��tre comptables que devant les �lecteurs alors qu�ils demeurent suspendus aux appels de l�ex�cutif et de ses injonctions, commettent un outrage vis-�-vis de leurs mandants. A leur sujet nous sommes presque tent�s de parler des vassalisations p�rilleuses au moment o� les enjeux sont graves et exigent d�autres postures intellectuelles que celles qui consistent � avaliser des mots d�ordre sur de simples pr�somptions. MM. Ziari et Bensalah avaient-ils le droit et le devoir d�adopter un texte virtuel ? Pire, chez qui sont-ils all�s chercher ce quitus pour formuler officiellement un souhait qui, dans le meilleur des cas, n��mane que de leurs partis ? A savoir le FLN et le RND. Quand bien m�me les courants dont ils sont issus sont majoritaires solidairement, en vertu de quelle pr�rogative �taient-ils en droit d�engager sans d�bat la responsabilit� globale du pouvoir l�gislatif ? Le MSP de Soltani a bien raison de mettre en doute cette d�marche � l�envers consistant � entrer en campagne d�all�geance avant l�amendement de la loi. C�est ce que souligne le secr�taire g�n�ral qui rappelle dans une r�cente interview (1) que �le troisi�me mandat est li� � l�article 174 du texte fondamental lequel stipule que le pr�sident a la pr�rogative de proposer la r�vision de la Constitution. L�article 177 stipule � son tour que les trois quarts du Parlement avec ses deux chambres sont n�cessaires pour l�avaliser avant de la soumettre � r�f�rendum. Mais ce qu�on est en train de faire, c�est mettre la charrue avant les b�ufs !� De surcro�t que dire des courants minoritaires repr�sent�s au Parlement (RCD et PT notamment) que l�on prive, par ce chantage honteux, d�un d�bat qui leur permet de se d�marquer ? Malgr� le vernis d�intellectuel rationnel M. Ziari ne vaut gu�re mieux que son pr�d�cesseur, le folklorique Sa�dani. De m�me que le Bensalah, pr�sident du S�nat fait pire que Bensalah qui �tait au perchoir de l�APN. Le premier en �non�ant une �normit� quant � un imaginaire diktat de l��tranger qui imposa en 1996 la clause limitative des mandats pr�sidentiels. Le second en reniant ses propres convictions alors qu�il fut � l��poque le chantre de l�alternance codifi�e. Pi�tre portrait de notre parlementarisme qui ne diff�re gu�re des ar�opages de chouyoukh orientaux. Droits dans leurs babouches, ils g�rent leurs carri�res personnelles sur les bonnes gr�ces des princes au lieu de les adosser � de solides convictions politiques. Que l�on soit du FLN ou du RND importe peu d�s lors que ces chapelles ne sont, doctrinalement, que des coquilles vides. Et c�est, parce qu�elles r�sonnent comme des tambours, qu�elles servent de musique �patriotique� au pouvoir. C�est au nom d�un peuple absent que ces chefs d�orchestre battent la mesure avec pour paroles une indicible langue de bois dont ils ont �t� initi�s aupr�s de leurs mentors. Belkhadem et Ouyahia �tant des p�dagogues patent�s en la mati�re, pourquoi donc s��tonner que de studieux �l�ves, r�compens�s par des perchoirs, sachent si bien jouer aux muezzins politiques ? Leurs appels � la pri�re de l�all�geance leur vaudront certainement quelques rentes viag�res en politique mais en contrepartie, ils leur co�teront le jugement implacable de l�histoire. Dans 10 ans, les m�morialistes les d�signeront comme de seconds couteaux qui auront contribu� � ruiner les esp�rances de ce pays. Double peine qui les cong�diera comme de vulgaires larrons. B. H. (1) Interview parue in Le Quotidien d�Orandu mercredi 30 janvier.