La rh�torique politique a ceci de particulier qu�elle ne fonctionne pas comme une profession de foi mais comme un discours trompeur. Elle ne se donne pas pour but de convaincre mais pour diluer la v�rit� et amener l�auditoire � l�approbation des raisonnements sp�ciaux. Elle est le contraire du parler vrai chaque fois qu�elle abuse de la p�riphrase. Ce qui est bien le cas du dernier discours pr�sidentiel. Redondant, il ne valut que par l�allusion � sa vision de l�alternance pour le pouvoir. Un court passage dans un fatras de consid�rations g�n�rales sans int�r�t notable. Ainsi, afin de r�gler d�finitivement son compte � cette r�gle limitative codifi�e par la Constitution, il lui opposa une interpr�tation g�n�rique dont le pesant de d�magogie est renversant par sa mauvaise foi. In fine, il disqualifie le volet technique de la postulation en arguant que seules les urnes sont souveraines en la mati�re. Fa�on � lui d�annoncer qu�il sera encore pr�sent en avril 2009. Sa dialectique est certes imparable dans son acception th�orique sauf qu�elle passe sous silence le mode d�emploi des urnes et pourquoi justement les constitutionalistes de 1996 ont privil�gi� le recours � la r�f�rence censitaire. En effet, dans un syst�me de semi-libert� et de fausse d�mocratie, lesquelles sont les caract�ristique de ce pays, de quel cr�dit peuvent se pr�valoir nos scrutins ? Les r�dacteurs de son discours ne se sont-ils pas, d�ailleurs, fait pi�ger en insistant lourdement sur les notions de �transparence� et �d��lections libres et pluralistes� ? Deux assertions qui ne peuvent que sugg�rer leur contraire ! Et pour cause, �ce qui va de soi� n�a pas besoin d��tre comment� tout comme les �vidences n�ont pas besoin de dissertation. Aussi n��tait-il pas plus prudent de relativiser cette factice �souverainet� � des urnes ? D�s lors qu�il estime venu le temps d�amender cette disposition, le chef de l�Etat doit �galement s�attendre en retour � ce qu�il soit interpell� sur la nature des garanties devant encadrer le futur scrutin. Leaders politiques et personnalit�s de premier plan l�attendront sur ce plan-l� pour se donner au moins l�illusion que leur reddition finale s�accomplira dans un minimum d�honneur. Or depuis ce mercredi, il sera attendu d�eux qu�ils s�impliquent autrement dans cette croisade pour la d�mocratie et les libert�s. M�me si celle qui doit traiter de la fraude �lectorale, de l��galit� des moyens entre candidats et de la neutralisation, au sens technique, de l�appareil d�Etat est louable en soi, elle n�est pourtant que l�ent�rinement du fait qui sera accompli dans les trav�es du Parlement. Car, pour avoir syst�matiquement refus� un d�bat national autour d�une nouvelle constituante et pour avoir fait cavalier seul jusqu'� �carter la voie r�f�rendaire au pr�texte de la modestie des am�nagements, comment peut-on �tre encore sensible aux promesses de ce pouvoir ? Qui l�obligera � tenir celles-ci sinon la mobilisation de l�opinion ? C�est donc aux partis et aux associations de structurer un tel mouvement. Car ce que l�on ne sait pas encore, c�est que le prochain paradoxe de la vie politique, apr�s la ratification du putsch constitutionnel, mettra en accusation cette introuvable mouvance d�mocratique et non plus l�auteur du forfait. Les courants qui se reconnaissent dans le r�publicanisme des v�ritables urnes ont manifestement le devoir d�envisager l�organisation d��tats g�n�raux pour sauver ce qui reste des conqu�tes de 1988. M�me si, en leur for int�rieur, ils ont d�j� conclu que la reconduction en avril 2009 est de l�ordre de la fatalit� pourquoi se priveraient- ils au moins de lui assigner un co�t prohibitif. Celui qui a un qualificatif pour le designer : l�impopularit�. Une mani�re de subvertir les all�geances despotiques bruyantes. En effet, qu�y a-t-il de plus d�valorisant qu�une r��lection sans adversaires ? Vainqueur sans avoir vaincu personne sinon des li�vres r�mun�r�s sous quelles auspices pourra-t-il alors inaugurer ce �ni�me mandat ? Mieux encore qu�y-a-t-il de plus d�l�gitimant qu�un scrutin boycott� o�, malgr� la pr�sence de faire-valoir sans stature d�hommes d�Etat, le pr�sident adoub� ne le sera que par le tiers du corps �lectoral ? Lui qui se plaignait jadis de n��tre qu�un trois quarts de pr�sident brid� par un quarteron de galonn�s, d�couvrira cette fois qu�il ne doit de conserver son magist�re qu�au tiers de ce peuple� ******************************* Aujourd�hui, 1er novembre, � l�heure o� la r�publique officielle s�invitera � la c�l�bration de la f�te nationale, un vent liberticide soufflera sur ce pays. Une bourrasque qui rabougrira un peu plus une d�mocratie que l�on n�a eu de cesse de malmener. Aujourd�hui, 1er novembre, � l�heure o� la pompe de la maison du pouvoir (Dar el Houkm) se d�ploiera fastueusement et que le concert des congratulations sera accompagn� de petitsfours, dans les respectables permanences de la d�mocratie de rares vigies montent la garde. Mais elles sont peu nombreuses pour faire entendre leurs voix dans le vacarme des comit�s de soutien qui vont d�filer avec l�argent de l�Etat. Un combat in�gal et une r�sistance vaine ? Non, il n�y a pas lieu de d�sesp�rer sauf que le temps est d�sormais compt� pour ces libert�s politiques � l�agonie. D�j� les r�seaux d�all�geance se mettent en place pour maquiller ce qui se tramera d�ici avril. Ceux-l� parlent avec un aplomb de perroquets de �remises en ordre des choses qui, jusque-l�, �taient contrari�es par trop d�interf�rences. Et de r�p�ter, � la suite de la voix de leur ma�tre, que les avanc�es d�mocratiques sont dans la ligne d�horizon �du pr�sident �� vie ! Face � l�alchimie de la �r�gression st�rile�, selon la paraphrase d�un fameux avocat, leur parole est d�argent. C�est-�-dire en dinars ! Demain, quand les jours profanes recommenceront � s��couler, les partis seront face � leur destin et n�auront d�autre choix que de d�noncer et r�sister. Car il est minuit moins cinq pour le pluralisme !