Quatre personnes sont d�c�d�es le mois dernier au Centre Pierre et Marie-Curie (CPMC) d�Alger, service sp�cialis� dans la lutte contre le cancer. Des d�c�s qui suscitent maintes interrogations� Wassila Z. - Alger (Le Soir) - De fortes pr�somptions p�sent sur un m�dicament Ifosfamide du laboratoire indien Okasa. La pharmacovigilance, cens�e surveiller la qualit�, l�innocuit� et l�efficacit� des produits pharmaceutiques, a �t� saisie � ce titre. Aucune conclusion n�a �t� rendue � ce jour. Une enqu�te a �t� ouverte depuis un mois afin de d�terminer la cause de ces d�c�s. Elle risque de durer encore. Pourtant, la pr�sentation du produit incrimin� et son conditionnement suffisent � attirer l�attention. Le �packaging� de ce m�dicament, comme le montre la photo, n�ob�it � aucune norme internationale, ni � la r�glementation alg�rienne en vigueur. Dans le cahier des charges du minist�re de la Sant�, un chapitre de deux pages est consacr� aux conditions d�importation et de conditionnement des produits pharmaceutiques. On s�interroge sur le r�le du Laboratoire national du contr�le de la qualit�, appel� � s'assurer de la r�alit� des essais mentionn�s dans le dossier d'autorisation de mise sur le march� ainsi que du respect effectif des conditions de fabrication et de contr�le, pendant toute la dur�e de vie du produit pharmaceutique. Selon nos sources, ce m�dicament g�n�rique, pr�c�demment cit�, utilis� en oncologie, cens� �tre moins cher, aurait �t� acquis au prix du princeps et aurait �t� mis sur le march� alg�rien dans des conditions obscures. Pour rappel, le princeps est le m�dicament original d�couvert par un laboratoire qui en garde l'exclusivit�. D'autres laboratoires ont le droit de produire un m�dicament identique � ce princeps, fabriqu� avec la m�me mol�cule. C�est un m�dicament de substitution �le g�n�rique�. Le directeur de la pharmacie au minist�re de la Sant� avait d�clar�, lors de l� �mission radiophonique �Sur le vif�, le 26 novembre dernier, qu�un produit pharmaceutique ne peut �tre import� s�il n�est pas enregistr�. En termes plus clairs, s�il n�a pas d�autorisation d�enregistrement. Selon lui, seule la pharmacie centrale des h�pitaux, PCH, est habilit�e � avoir une autorisation temporaire d�utilisation, ATU. Or, ce m�me directeur a sign� une autorisation le 21 juillet 2008, sous le num�ro 510, pour un importateur (laboratoires Provivo) dans le but de vendre ces produits destin�s au traitement du cancer, dans les h�pitaux alg�riens, en faisant fi de la r�glementation en vigueur. Ainsi, celui qui est cens� veiller au respect et � l�application de la loi est celui-l� m�me qui la pi�tine en premier lieu. Cette autorisation n�a aucune base l�gale, puisqu�il ne s�agit ni d�une autorisation d�enregistrement, ni d�une ATU. Pis encore, l�autorisation en question a �t� sign�e apr�s que les m�dicaments eurent �t� mis sur le march� alg�rien. De quelle mani�re ces m�dicaments ont-ils �t� import�s et comment ont-ils �t� d�douan�s ? Des m�dicaments qui ne sont m�me pas enregistr�s. Myst�re ! Pis encore, le directeur de la pharmacie a, par cette d�marche, fait la promotion des m�dicaments du laboratoire Okasa dont l�un des produits serait � l�origine de plusieurs d�c�s au CPMC. Comment un commis de l�Etat peut-il autoriser la vente de m�dicaments g�n�riques, dont les prix sont align�s sur des m�dicaments d�origine, sans que cela ne soul�ve de r�action ? En effet, les m�dicaments de substitution (g�n�riques) sont cens�s �tre 40 % moins chers que les princeps. En fait, les g�n�riques ne n�cessitent pas de frais de recherche et le laboratoire qui les produit peut les proposer � un prix inf�rieur. Or, le Docetaxel princeps, par exemple, qui co�te plus de 30 000 DA, est tarif�, en g�n�rique, � 63 572,00 DA. Il convient de noter que cette autorisation ne profite qu�au laboratoire Okasa bas� en Inde, dont les produits ont �t� import�s en Alg�rie. Est-ce que les autorit�s sanitaires ont audit� ce fabricant, sachant qu�en Inde il existe 24 000 producteurs de m�dicaments ? L�exploitant alg�rien n�est ni le fabricant ni l�importateur. Du coup, la responsabilit� pharmaceutique est dilu�e ! Difficile dans ces conditions de convaincre que cette d�marche est motiv�e exclusivement par des imp�ratifs d�int�r�t g�n�ral ou humanitaire. Le discours de la direction de la pharmacie du minist�re de la Sant� manque de coh�rence. Selon nos sources, plusieurs dossiers d�enregistrement, d�pos�s au niveau de la direction de la pharmacie par des soci�t�s alg�riennes, attendent une suite depuis de nombreuses ann�es. Ces soci�t�s alg�riennes proposent les m�mes produits que ceux du laboratoire Okasa, et beaucoup moins chers, pr�cisent nos sources. Du coup, la d�marche du directeur de la pharmacie semble manquer de coh�rence. A-t-on mesur� la pertinence d�une telle situation ? Combien faudrait-il de morts pour que les autorit�s concern�es r�agissent ?