Devant la col�re populaire contre ce qui se passe en Palestine, l�administration de la wilaya de Boumerd�s a consenti � ouvrir l�espace public aux citoyens, les jeunes notamment, pour leur permettre d�exprimer leur solidarit� avec les populations de Ghaza. La tentative d�instrumentaliser cette col�re a lamentablement �chou�. A l�appel de la soci�t� civile, appellation qui d�signe dans le s�rail des partisans du pouvoir, une marche pacifique a �t� organis�e. Les responsables r�gionaux des partis politiques de l�Alliance pr�sidentielle, le s�nateur FLN, les �lus � l�APN, RND, FLN, MSP, PT, et deux P/APC FLNistes s�attendaient � prendre la t�te du cort�ge. Des responsables d�organisations de la famille r�volutionnaire, des associations proches de l�administration et des fonctionnaires attendaient �galement aux c�t�s des officiels l�ordre de commencer la marche. Des drapeaux alg�riens et palestiniens, des banderoles, des portraits pr�sidentiels et deux banderoles du PT ont �t� remis aux manifestants. Les organisateurs ont plac� une trentaine de talebs de la zaou�a des Issers � la t�te de la procession et arr�t� un itin�raire. D�s l�entame de la marche, les officiels ont �t� totalement submerg�s par une centaine de jeunes achemin�s par bus de plusieurs localit�s de la wilaya. Ce groupe a pris la t�te de la manifestation pour faire un parcours contraire � celui arr�t�. Il devance le cort�ge. Les jeunes scandaient des slogans d�non�ant le g�nocide dont sont victimes les femmes et les enfants de Ghaza. Ils ont �t� rejoints par les lyc�ens et lyc�ennes des trois �tablissements scolaires du chef-lieu de wilaya. La marche a pris de l�ampleur. Essouffl�s, les politiciens s�effor�aient de suivre. Des responsables tentaient vainement de contr�ler le d�roulement de cette manifestation. Des �coliers, � l�image de Amina, 12 ans, se sont m�l�s aux marcheurs. En d�pit de la col�re des jeunes, aucun d�bordement n�a �t� enregistr�. Isra�l a �t� vigoureusement d�nonc�e pour ces crimes commis contre les civiles de Ghaza, cependant aucun propos raciste n�a �t� scand� par la foule. �Isra�l s�approvisionne en p�trole et en gaz chez les Arabes pour aller tuer les Palestiniens�, dira un manifestant. La foule s�en prend � Moubarek et aux chefs d�Etat arabe pour leur silence complice. Les responsables politiques pr�sents � cette marche ont �t� aussi fustig�s. �Ils n�ont rien fait pour nous et ils n�ont rien � faire ici. Nous sommes ici pour Ghaza, pas pour le troisi�me mandat�, clame une lyc�enne. Et d�ajouter avec col�re : �Qu�ils organisent leur propre marche !� Devant la tournure qu�ont pris les �v�nements, un haut responsable du FLN nous accoste pour nous dire : �Nous sommes ici en tant que militants par solidarit� avec les populations de Ghaza, sans plus.� Mais le mal est fait. En effet, les portraits du pr�sident dont certains ont �t� d�chir�s disparaissent un � un. Un jeune de Thenia d�sapprouve avec v�h�mence une femme qui exhibe la photo de Bouteflika. A l�arriv�e devant le si�ge de la wilaya, un chef de service de la Direction de la culture fait lecture d�un communiqu� au nom des marcheurs. Aux d�nonciations des crimes de l�Etat d�Isra�l et � l��vocation des noms de Palestine et de Ghaza, la foule r�pond bruyamment. Mais la m�me foule accueille par un silence et quelques sifflements l��num�ration des actions r�alis�es par notre pays dans ce dossier. Il est certain que les manifestants les consid�rent comme insuffisants. Par la suite, l�orateur a appel� la foule � se disperser. Et c�est le contraire qui s�est produit. Les marcheurs, en scandant �pouvoir himarou !� et autres slogans hostiles aux dirigeants arabes, continuent leur procession. Les services de s�curit� ont d�vi� le cort�ge vers l�esplanade du front de mer. Des �l�ments de la police anti-�meute ont pris discr�tement position autour de la foule. Mais celle-ci, notamment l� o� les filles �taient nombreuses, n�avait aucune vell�it� belliqueuse. Filles et gar�ons ont longtemps chant� et scand� pacifiquement leur solidarit� � l�endroit des Palestiniens. Un jeune r�duit en morceaux le portrait du pr�sident avant de le pi�tiner dommage ! Le commun des Alg�riens a le droit de d�sapprouver la politique ou les positions du chef de l�Etat, il reste tout de m�me notre pr�sident. Mais h�las ! La faute incombe aux organisateurs. Une jeunesse responsable Pour peu qu�on permette � la jeunesse de se d�terminer politiquement, celle-ci a les capacit�s de le faire avec responsabilit� et dans le calme. Les jeunes de la wilaya de Boumerd�s l�ont d�montr� hier. A travers ce que nous avons vu et entendu dans la foule, notre sentiment est que ni le pouvoir et encore moins les islamistes n�ont aujourd�hui une emprise sur les jeunes aujourd�hui.