Tour � tour, ils se d�commandent. Devan�ant les sollicitations compromettantes, Sa�d Sadi et R�dha Malek viennent de faire savoir, chacun � sa mani�re �videmment, qu�ils ne seraient pas �recrutables�. Le premier en gelant son activit� politique et le second en mettant un point final � sa carri�re. Qu�ils aient ou pas h�sit� avant de se prononcer n�a, d�sormais, plus de sens. Le fait majeur de ce refus est qu�il s�appuie sur un solide argumentaire accusateur destin� essentiellement au pouvoir. Fonci�rement, les constats que ces deux personnalit�s �tablissent recoupent celui de Zeroual. Une convergence qu�approfondit, par ailleurs, le r�quisitoire du g�n�ral Benyelles (1), lequel r�actualise son analyse de 2004 en la recentrant sur le vrai faux compagnonnage de l�arm�e et Bouteflika. En moins de quinze jours, ces trois d�fections publiques ne peuvent que susciter des inqui�tudes dans le s�rail. En se �passant le mot�, comme il se dit prosa�quement, les �lites politiques ne seraient-elles pas en train d�organiser une singuli�re r�sistance au fait accompli ? Bien plus, les silences de Hamrouche, A�t Ahmed, Taleb Ibrahimi et Khatib, dans la mesure o� ils seraient per�us comme �tant des �fin de non-recevoir�, que restera- t-il alors de s�rieux � �prospecter � par l�entourage de Bouteflika ? Autrement dit, comment et avec qui il comblera le vide sid�ral mena�ant la cr�dibilit� d�une reconduction ? Faute de personnalit�s, ira-t-il jusqu�� se contenter de la ridicule pr�sence de Hanoune et Touati ? Auquel cas, ce scrutin, tr�s mal engag�, se r�duira � un d�testable pl�biscite dont le r�gime sortira affaibli, voire plus impopulaire que lors des pr�c�dents mandats. Bien plus qu�une contrari�t� � surmonter, ce sont les fondements m�mes de sa strat�gie de confiscation du pouvoir qui sont �branl�s par cette ��pid�mie � du niet. A deux mois d�un vote, qui, habituellement, enthousiasme l�opinion, une telle raret� d�acteurs signifie que Bouteflika a d�j� perdu le premier tour de �sa� pr�sidentielle. Pour preuve, le temps n�est plus aux incantations rassurantes. Cette fois, c�est la panique dans le premier cercle. Perdant de leur superbe arrogance, les petits faiseurs multiplient, depuis quelques jours, les appels � la mobilisation �populaire �. Signe r�v�lateur, ils d�marchent les officines associatives qu�ils d�signent, par imprudence s�mantique, d��organisations de masse� ! Voil� qui, non seulement renseigne sur le reliquat de leur extraction politique (parti unique), mais, encore, indique que la totalit� de l�appareil d�Etat est tout � fait dispos�e � changer le sens d�mocratique et pluraliste d�un scrutin pr�sidentiel. C�est-�-dire, � retourner au show des all�geances populaires gr�ce � la secr�te science du bourrage des urnes. La seule parade � une situation que le pouvoir n�a pas su anticiper jusque-l�. Une hypoth�se originale et de plus en plus probable dont les cons�quences � terme ne seront pas, paradoxalement, pr�judiciables au pluralisme et aux libert�s publiques mais, plut�t, au r�gime et au syst�me qui le sous-tend. La reconduction, dans les conditions pr�sentes, s�apparenterait � un viol de trop de la Constitution apr�s le coup de canif du 12 novembre 2008. Surtout que la grande inconnue pour le pouvoir demeure le comportement de l��lectorat. De plus en plus m�fiant, celui-ci tol�rera-t-il, cette fois encore, qu�on s�approprie ses voix ou qu�on falsifie son abstentionnisme ? A cette question, le g�n�ral Benyelles rappelle, sans trop y croire, que �le boycott est non seulement un devoir civique mais, un acte patriotique� (2). Or, comment raviver cette vigilance patriotique aupr�s de l��lectorat quand les r�seaux et les relais politiques, capables de diffuser cette p�dagogie, ont fait le choix de suspendre leur travail sur le terrain ? Une quadrature du cercle qui ne fait pas de l��lectorat un organe vivant et conscient mais le r�duit � une somme d��lecteurs isol�s les uns des autres. C�est justement � cet �lecteur improbable, parce que lucidement d�senchant�, qu�il faut exposer ce dilemme. A lui, le grand cocu historique, de trancher chirurgicalement. Sachant qu�il fut de tout temps le �magnifique� tromp� de la com�die d�mocratique, comment peut-il encore croire � ceux qui, exceptionnellement, l�invitent � refuser la derni�re mascarade, lorsque ce furent les m�mes qui, il y a cinq et dix ans, lui disaient le contraire ? M�me si les p�rils de nos jours sont plus grands que par le pass� r�cent, quelle garantie a-t-il pour que sa r�sistance passive ne soit pas d�tourn�e de son sens ? Certes, une soci�t�, d�faite et sceptique sur tout, a de fortes chances d�accoucher de saines r�voltes mais, encore faut-il que les divorces proviennent des �lites elles-m�mes. Que celles-ci cessent de louvoyer et d��talonner leur r�activit� par rapport aux normes du syst�me quand il faut aller brutalement vers la rupture. Et c�est encore le g�n�ral-pamphl�taire qui indique sans fioritures les seules voies de ce salut. En r�sum�, il appelle � la �suspension de la Constitution et des partis politiques, � la dissolution du Parlement, � la remise du pouvoir � un gouvernement de transition et � la d�signation d�un conseil national pour l�instauration de la d�mocratie (CNID)� (3). Bien plus qu�un programme pour une nouvelle r�publique monarchique, le Tout-Alger des politiciens sp�cule alors que l��lecteur basique a d�j� oubli� ce que les vocables : �civiques et patriotiques � signifient. B. H. 1, 2 et 3 : Toutes les citations sont extraites de la contribution du g�n�ral � la retraite Rachid Benyelles, publi�e dans le quotidien El-Watan du jeudi 22 janvier sous le titre : �L�arm�e, Bouteflika et le pouvoir�.