Pour l�historien anglais, Eric Hosbsbawn, �l�histoire est plus que jamais r�vis�e ou m�me invent�e par des gens qui ne souhaitent pas conna�tre le pass� v�ritable, mais seulement un pass� qui s�accorde � leurs int�r�ts. Notre �poque est celle de la grande mythologie historique �. La publication d�une biographie d�Amirouche par Sa�d Sadi s�inscrit dans ce contexte drainant sa part d�enjeux politiques et g�opolitiques plus ou moins clairs ou assum�s mais aussi des questions l�gitimes. C'est pour cela qu'elle suscite tant de controverses. En effet, des rectifications historiques sont parfois n�cessaires. Car oui : les contraintes que le pouvoir alg�rien fait peser sur l��criture et l�enseignement de l�histoire sont r�elles. Encore oui : il y a n�cessit� de conna�tre la v�rit� historique et d�en finir avec les mensonges de l�histoire officielle. Et toujours oui : il faut refuser l�isolement de l�histoire, tout en rejetant l�interaction actuelle entre l�histoire et le pouvoir, c'est-�-dire la l�gitimit� historique. Pourtant, Louisa Hanoune refuse qu'un d�bat ait lieu et a lanc� pour disqualifier Sadi : �Seuls les historiens doivent �crire l�histoire.� Elle sera ignor�e, comme, avant elle, trois historiens et Ali Kafi qui aurait d� se rappeler sa fonction pr�sidentielle avant d�avoir l�imprudence de brandir cet interdit et de verser dans la confusion. Pierre Vidal-Naquet pour qui �l�historien n�est jamais dissociable du citoyen� a d�truit l�argument qui veut r�duire le livre de Sadi � un alibi historique pour intervenir dans le d�bat politique. Et pourquoi pas ? C�est le reproche inverse qui aurait pu �tre fait � Sadi, � savoir non pas de se m�ler d�histoire, mais de donner le sentiment qu�il pourrait renoncer � la politique. Et c�est bien qu�il d�passe ce moment o� le RCD avait d�cid� de geler ses activit�s, apr�s l��lection pr�sidentielle de 2004, et o� il s��tait plong� dans le silence. L�attraction que les sciences humaines exercent sur les politiques, la reconversion de certains d�entre eux en historiens ou g�opoliticiens, leur permet, parfois, d��chapper au th�me de la mort du politique que paradoxalement ils contribuent � r�pandre. Las, A�t Ahmed, dans un des ses derniers messages au FFS, n��crit-il pas : �Le pays est malade du vide politique� ? Des critiques ont tent� de jeter le discr�dit sur la personnalit� et le combat politique de Sadi, mais en trahissant le rapport qu'ils entretiennent avec l'opposition d�mocratique. Lakhdar Bensa�d vient de s'illustrer en lan�ant que le p�re de Sa�d Sadi serait un harki, esp�rant frapper de suspicion patriotique son travail ! Avant lui Benachenhou parlait des �th�mes r�currents, trop connus, car toujours r�p�t�s jusqu�au d�go�t, par tous ceux qui se piquent d�action dans l�opposition �. Le militantisme de l�auteur �tant r�duit � une esp�ce de coquetterie, il ajoutait qu��Amirouche a �t� choisi comme th�me de base de son �crit parce que c�est plus productif politiquement d�utiliser un h�ros local pour construire son instrument de lutte politique que des h�ros nationaux.� L�objet du d�bat, � son tour mis en cause, il restait � faire le proc�s du d�bat lui-m�me, pour mettre Sadi en contradiction avec son engagement d�mocratique. Et Benachenhou de donner des le�ons de libre d�bat. Seuls ceux qui en ont si peu l�exp�rience peuvent attendre qu�on en fixe d�finitivement les termes, les limites et surtout la forme. Enfin, quand tout est �puis�, on en revient aux vieilles accusations de r�gionalisme. Sadi ferait une esp�ce de fixation sur la Kabylie. Il se pr�sente comme un �homme politique originaire de Kabylie�, rappelle que Ben Boula�d recommandait �de se tourner vers les fr�res kabyles si quelque malheur lui arrivait�, pr�sente la Wilaya III comme �la plus organis�e�, celle dont les services de sant� �taient les plus performants� Si on n�glige la mani�re dont le pouvoir a proc�d� � une substitution identitaire, en tournant le dos � l�alg�rianit�, en se livrant � des provocations contre la Kabylie dont seule la mobilisation a pu arracher la constitutionnalisation de tamazight, on pourrait s�offusquer devant une r�action passionn�e. Mais, on ne peut pas prendre pr�texte de la forme pour rejeter le fond de la cause amazighe, en particulier le fond d�mocratique largement partag� aujourd'hui dans la soci�t�, y compris � Sidi Salem, dans la wilaya de Annaba, o� des jeunes protestataires ont �t� accus�s d'avoir br�l� le drapeau alg�rien alors qu'ils avaient brandi un drapeau symbole de la lutte pour tamazight pour exprimer leur solidarit� et leur attente de solidarit� de la part de tous ceux qui luttent pour la d�mocratie dans notre pays. Surtout, on ne peut pas ignorer que Sadi rappelle que, pour Amirouche, il �tait manifeste que �l�entit� alg�rienne transcende tous les al�as sociologiques, qu�ils soient culturels ou politiques �. Est-ce parce qu�il �voque �Amirouche le chef kabyle�, qu�on peut pr�senter le livre de Sadi comme une esp�ce d'addition d�aigreurs acoquin�es par une exaltation presque mystique d�un Amirouche �chef officieux des maquis de l�int�rieur�, �homme insaisissable� dot� d�un �don quasi animal � d�tecter le danger�, �un �tre � part�, �au-dessus de tous� ? A la d�charge de Sadi, cette fa�on d��voquer Amirouche, en biographe extasi�, prend le pouvoir � son propre jeu. Le moindre trait n�gatif chez Amirouche est r�duit � la propagande de Boumedi�ne, comme hier le moindre aspect n�gatif de la guerre d�Alg�rie �tait r�duit � une manipulation fran�aise. On peut y percevoir un ph�nom�ne d�identification entre l�auteur et son sujet, mais, quand on personnalise l�histoire � comme l�a fait le pouvoir avec �les historiques � � les seules cat�gories qui peuvent exister sont les martyrs, les tra�tres et les oubli�s. C�est finalement le pouvoir qui � comme hier la France � pousse la soci�t� � produire des h�ros et Sadi analyse avec justesse ce processus en partant de sa propre exp�rience. Mais si le livre de Sadi formule, surtout, une accusation contre Boussouf et Boumedi�ne � suspect�s d�avoir trahi Amirouche � il n�apporte gu�re de r�v�lations, ce qui t�moigne de l��chec de ceux qui ont voulu manipuler l�histoire. Du coup, m�me au FLN, le tr�s conservateur Salah Goudjil, commissaire politique de son �tat et un des principaux artisans du sinistre article 120, sent le vent tourner et signe une p�tition pour qu�on permette � chacun de pouvoir contribuer, en toute libert�, � l��criture de l�histoire. On peut se r�jouir de cette nouvelle attitude, mais on peut craindre, cependant, que ce soit, aussi, parce que l�empathie de Sadi et sa fa�on de se laisser aller � la pente victimisante peuvent �tre aussi st�riles que l�histoire officielle. Le premier responsable du RCD est-il pour autant un mauvais Alg�rien ? Un bleu envoy� en mission au moment o� s�op�re, en France, une esp�ce de tournant interpr�tatif et m�me un r�visionnisme radical qui am�ne d�autres � traiter des �aspects positifs� de la colonisation ? On a vu la pol�mique qu�a pu provoquer la projection de �Hors-laloi � au festival de Cannes ou avant, en Alg�rie, pour les raisons inverses, le documentaire de Jean-Pierre Lledo ainsi que les romans de Boualem Sansal ou d�Anouar Benmalek ou les d�clarations du s�nateur Habibi qui estime que le chiffre de un million et demi de martyrs est sur�valu�. On pourrait rejeter Sadi comme tenant d�un �tat d�esprit r�actionnaire, en s�appuyant sur une d�nonciation de ses erreurs et oublis historiques int�ress�s. Mais Sadi m�rite mieux que cela, m�me si on peut s�interroger sur les circonstances de la mort d�Amirouche et d�noncer la s�questration de son corps, sans devoir pour autant accuser Boussouf et Boumedi�ne. On peut m�me tenir compte de certaines des accusations de Sadi sans lui reprocher une id�e arr�t�e sur leur compte, comme l�a fait le bureau de l�association des anciens du MALG et, surtout, sans en tirer la cons�quence que la guerre de lib�ration serait devenue suspecte et qu�on devrait lui tourner le dos. La pol�mique emp�che, somme toute, qu�Amirouche devienne consensuel, que toute la soci�t� se l�approprie. Au final, on ne saurait ni accepter, ni rejeter en bloc le livre de Sadi (surtout en refusant de le lire !), il faut le critiquer. Il faut en d�battre sans tabous, sans injures et sans soup�ons. Et si Boussouf ou Boumedi�ne ne sont pas au-dessus de la critique, Amirouche ne l�est pas non plus. Pas plus Sadi d�ailleurs. La question de l��criture de l�histoire L'universitaire Ounassa Siari- Tengour rappellait que �dans construction d�une histoire � cheval sur la vie priv�e et sur la vie publique, il y a toujours un risque de succomber � la subversion du r�cit v�cu et livr� par un t�moin et de c�der � la tentation de faire revivre un pass� au lieu de l�expliquer �. Dans sa biographie, Sadi fournit une documentation assez faible. Son livre peut �tre consid�r� comme destin� � perp�tuer la l�gende du chef de Wilaya III. Cette d�marche est digne de l��cole romantique qui assignait aux h�ros le r�le de direction dans l�histoire de l�humanit�. Mais elle doit aussi correspondre � une certaine conception de l'action politique, qui n'est pas propre au premier responsable du RCD, mais avec des cons�quences sur la reproduction des �lites dans sa propre organisation. Sadi insiste souvent sur ses 40 ans de recherches, donnant l�impression d�avoir �t�, durant ce temps, dans une v�ritable qu�te. Cependant, sa bibliographie est limit�e, tr�s r�cente et constitu�e pour l�essentiel de t�moignages. Or, Gilbert Meynier le dit : la m�moire n�est pas l�histoire l�histoire n�est pas la m�moire elle en est m�me dans un sens le contraire�. Les souvenirs purs n�existent pas : tous les souvenirs sont des reconstructions d�termin�es par des appartenances sociales, pass�es et pr�sentes. Un historien fran�ais m�me �labor� le concept de �m�moires-�crans qui fonctionnent comme des censures d�autres souvenirs du pass�. Si la pol�mique actuelle traduit cette joute des m�moires, elle exprime d'abord et surtout le besoin de m�moire, au moment o� l'oubli et la trahison avancent, � grands pas, � travers la condamnation � mort de Mohamed Gharbi, ce moudjahid qui avait repris les armes pour combattre le terrorisme islamiste. Une approche scrupuleusement scientifique conduira � la r�vision d�un grand nombre de vues concernant la guerre de lib�ration et devra inciter � une �tude intensive des documents disponibles et de ceux, in�dits, conserv�s dans les diff�rentes archives. Et, Anissa Boumedi�ne, qui a eu le privil�ge d�acc�der � certaines d�entre elles, devrait en faire partager l�acc�s. Quant � la barbarie islamiste, l'Etat �qui d�tient une somme immense de preuves et documents � devrait les livrer l'opinion publique. Pas uniquement pour des besoins de m�moire mais pour que justice soit enfin rendue, contre les bourreaux et non pas contre les victimes! En histoire, une th�orie renvoie � une typologie : lutte des classes, conflit ville/campagne� Celle de Sadi c�est victime/bourreau dans laquelle les victimes repr�sentent le bien et les bourreaux le mal. Sadi nous appelle tous � �assumer notre part de la responsabilit�, qu�elle soit active ou passive, dans le d�sastre national�. Apr�s les sermons sur la trag�die nationale, il para�t, peut-�tre sans y prendre garde, reprendre un th�me de Bouteflika qui, face au terrorisme islamiste, a d�abord dit que tous les Alg�riens �taient des victimes, y compris les terroristes qu�il disait comprendre, avant de consid�rer que ces m�mes Alg�riens �taient tous coupables. Finalement, il renverra dos � dos ce qu�il consid�re comme deux extr�mismes : les la�cs et les tenants de l�Etat th�ocratique. Dans une interview au Matin, en ao�t 1999 � justement au moment o� se dessinait le projet de concorde civile que soutiendra le RCD � Benjamin Stora consid�rait que Boutefilka �tait en train de r�organiser �la m�moire collective apr�s 40 ans de confusion id�ologique et de perte d�une histoire r�elle� pour occuper pratiquement seul un espace symbolique et imaginaire, celui de la nation et du nationalisme �. Alors que le besoin de d�passer certaines �troitesses historiques est une exigence que Bouteflika ne peut pas prendre en charge de fa�on cons�quente, Sadi ne semble pas pr�t � rompre, lui non plus, avec l�id�e du 1er Novembre comme unique �v�nement fondateur. Il est cependant perturbant de constater que Bouteflika peu aller plus loin que lui, m�me si c�est � son seul b�n�fice. On a pu observer que ce dernier a baptis� un a�roport du nom de Messali Hadj, qu�il a inaugur� une st�le � la m�moire du GPRA, que le centenaire de la naissance de Ferhat Abbas a �t� l�occasion de sa r�habilitation ou que les pieds-noirs sont revenus. M�me les hommages rendus aux communistes Henri Maillot, Fernand Yveton et Maurice Audin ont pris une dimension moins confidentielle depuis que s�y associent des milieux patriotiques qui s�en tenaient � distance jusque-l�. On se trouve ainsi entre remise en cause du silence et r�habilitation tous azimuts, ce qui met dans l�embarras de nombreuses forces. Certaines parce qu'elles refusent les amalgames, d'autres parce qu'elles rejettent toute id�e de remise en cause de l'histoire officielle, ne se rendant pas toujours compte � quel point le discours sur la r�conciliation nationale, qu'elles soutiennent, est venu se substituer � celui sur la l�gitimit� historique, pour d�fendre des int�r�ts aussi �troits que ceux qu'ils ont toujours d�fendus. Surtout au sein du FLN dont Bouteflika est pourtant pr�sident. On note la publication des m�moires controvers�es d�Ali Kafi, la pol�mique de Ben Bella sur Abane Ramdane ou la sortie de Chadli sur la base de l�Est et la mort du colonel Chabani. M�me en France, le d�bat historique a connu des �volutions. On rel�ve ainsi la publication des t�moignages de Louisette Ighil Ahriz, des g�n�raux Massu, Bigeard, Aussaresses, les r�v�lations sur Le Pen, le fait que le g�n�ral Schmit a �t� accus� de torture. Le tout a �t� rapport� par Florence Beaug� dans le quotidien Le Monde. La loi sur les essais nucl�aires ou les propos de l�ambassadeur de France qui reconna�t en 2005 que le massacre de S�tif en 1945 �tait inexcusable sont des signes que les choses changent, malgr� les nostalgiques de l�Alg�rie fran�aise qui restent tr�s actifs. Plutarque disait : �Il est politique d'enlever � la haine son �ternit�.� Mais, justement parce que la r�conciliation est une question politique, il y a autant de r�ponses � cette exigence qu'il y a d'int�r�t en jeu. Chacun veut donc en livrer sa conception, en instituant les partenaires l�gitimes, en fixant le rythme et en posant ses limites: historique, nationale� globale. Sadi para�t donc s�inscrire dans un large courant qui revisite l�histoire, parce que la v�rit� est une exigence de la r�conciliation. Cependant, il ne s�appuie pas sur la m�thode historique qui suppose une critique externe (les documents ou les t�moignages qu'il produit sont-ils vrais ou faux ?) et une critique interne (ces t�moins se trompent-ils ? Nous trompent-ils ? Et si oui pourquoi ?). Une telle critique aurait �t� un signe fort d�une volont� de s��lever au-dessus des enjeux politiciens imm�diats pour poser la probl�matique plus g�n�rale du projet de soci�t�. D'autant que la r�flexion critique sur l�histoire a commenc� depuis longtemps. Un symposium intitul� �l�Alg�rie 50 ans apr�s 1954-2004, l��tat des savoirs en sciences sociales et humaines� a �t� organis� par le CRASC � Oran. Il avait �t� pr�c�d� de deux autres colloques en 1984 et en 1999. Dans une des publications auxquelles ont donn� lieu ces rencontres, Omar Lardjane affirme qu�en v�rit� �le probl�me aujourd�hui n�est pas dans la question du paradigme mais plut�t celle plus fondamentale et plus complexe des conditions culturelles g�n�rales que supposent et requi�rent l�existence et la pratique des sciences sociales�, dont l�histoire. La d�mocratie pouvant, certainement, �tre consid�r�e comme une de ces conditions sans laquelle les questions historiques resteront des questions politiques, dans leur acception la plus utilitaire, l'autre versant de la l�gitimit� historique. Dans un article de la revue Insaniyat, dans lequel il traite de l�intervention institutionnelle et de son impact sur la pratique historiographique, Hassan Remaoun explique pr�cis�ment comment la politique de r��criture s�est attach�e � �valoriser une identit� alg�rienne ayant pour racines les �tawabit� ou �constantes� h�rit�es d�un pass� qu�on tend � r�duire au �caract�re arabo-islamique. � Il montre aussi que le mot d�ordre d��criture visait � l�gitimer le pouvoir politique. Ainsi, malgr� tous les efforts du pouvoir, tous les intellectuels n�adh�rent pas � sa conception de l�histoire. D�ailleurs, alors qu'il avait esp�r� plus de coop�ration, Boumedi�ne concluait, d�s 1968, que �les intellectuels alg�riens n�ont pas jou� le r�le attendu dans ce domaine�. Voil� qu�� son tour, aussi paradoxal que cela puisse para�tre, Sadi �voque le �silence des �lites� et le naufrage intellectuel�. Peut-�tre n��tait-il pas au courant des travaux �voqu�s plus haut ? Il serait plus surprenant qu�il ait oubli� les r�actions aux accusations de Ben Bella et Ali Kafi contre Abane Ramdane. En riposte, le mouvement citoyen avait organis� une rencontre, � Larba� Nath Irathen, � laquelle avaient particip� R�da Malek, le Commandant Azzeddine et Hachemi Ch�rif. Le secr�taire g�n�ral du MDS publiait m�me un texte intitul� �Abane, toujours vivant� dans lequel il �crivait en r�ponse � l�attaque de Ben Bella : Sa caract�ristique majeure est que cette �critique� prend sa source � partir de positions conservatrices et islamistes. Ben Bella s�ab�me ainsi dans la cause islamiste conservatrice qui l�a appel� � sa rescousse comme �historique� pour attribuer la paternit� du Congr�s de la Soummam en ce que ce Congr�s a de condamnable � leurs yeux, c�est-�-dire � la Kabylie et � Abane, Kabyle �s qualit�s, accabler les Kabyles et attiser leur orgueil d�j� fortement provoqu� par le comportement du pouvoir, contenir la revendication d�mocratique moderne � la Kabylie (exactement le sc�nario sur lequel travaille Bouteflika avec qui il est en parfait accord sur la question !). Les �lites n�ont donc pas manqu� � leur devoir sur les questions d�histoire et sur la critique du pouvoir. On peut, alors, se demander au profit de quelle cause Sadi voudrait mettre ainsi ces �lites sur la d�fensive. Veut-il les enjoindre � ne pas poursuivre un combat qui a permis l��dification de l�Etat alg�rien puis contribu� � le sauver du p�ril islamiste ? Le voil� encore qui fustige �les �tudiants appartenant aux courants qui gravitaient � la p�riph�rie du pouvoir et qui puisaient dans sa besace id�ologique quand il fallait d�verser les anath�mes officiels sur l�opposition�. Il semble tellement en vouloir � ces camarades du PAGS, pourtant auto-dissous, en guise d'autocritique radicale, qu�il ajoute, paraissant craindre un retour de ses vieux d�mons : �l�intellectuel alg�rien n�a pas seulement d�missionn�, il a trop souvent accompagn� ou pr�c�d� le pire�. Cela fut particuli�rement vrai pour les communistes qui, apr�s avoir �t� durement r�prim�s, ont syst�matiquement revendiqu� et assum� le statut de �soutien critique � des �autocrates�. Ce genre d�emportement risque de ruiner le cr�dit de s�rieux que le lecteur de bonne volont� peut conf�rer � son entreprise historique, surtout s�ils donnent lieu � des acc�s de fureur comme ceux qu�ont eu � essuyer les �tudiants de B�ja�a, lors de l�une des conf�rences organis�es � l�occasion de la sortie du livre. Y. T. (A suivre) *Membre du Mouvement d�mocratique et social