Le PNR plaide pour une position considérant la République sahraouie et la République du Rif comme les deux dernières colonies en Afrique    Tlemcen: deux artistes d'Algérie et du Pakistan lauréats du concours international de la miniature et de l'enluminure    Décès du journaliste Mohamed Smaïn: la Direction générale de la communication à la Présidence de la République présente ses condoléances    Foot/Ligue 1 Mobilis (10e journée): l'ES Sétif se rapproche du peloton de tête    Le ministère de l'Intérieur lance une campagne nationale de sensibilisation pour accompagner l'opération d'installation de détecteurs de monoxyde de carbone    Energie et Mines : Arkab reçoit une délégation du Réseau parlementaire des jeunes    Foot/Ligue 2 amateur (11e journée): le MB Rouissat accroché à Batna, le RC Kouba rejoint Tiaret à la deuxième place    Le Front El Moustakbal appelle à la mobilisation nationale pour relever les défis auxquels l'Algérie est confrontée    Bourse: Le projet de la nouvelle loi sur le marché financier en cours d'étude    Kayak/Para-Canoë - Championnats arabes 2024(1re journée): l'Algérien Brahim Guendouz en or    Alger: tirage au sort pour le quota supplémentaire des livrets Hadj    Mandats d'arrêt contre deux responsables sionistes: Erdogan salue une décision "courageuse"    Nâama: colloque sur "Le rôle des institutions spécialisées dans la promotion de la langue arabe"    Mouloudji effectue une sortie nocturne à Alger pour s'enquérir de l'opération de prise en charge des sans-abri    Cisjordanie occupée: au moins 15 Palestiniens arrêtés en 24 heures par les forces d'occupation    Salon international des dattes: une diversité de variétés au cœur du terroir algérien    Oran: décès du journaliste Mohamed Smain    Maintenir la dynamique du travail effectué pour bien préparer la CAN-2025    Rafael Nadal, le tout jeune retraité    US Biskra : Séparation à l'amiable avec l'entraîneur Zeghdoud    Plus de 1.4 million de personnes déplacées    Prison ferme pour un homme qui avait menacé d'incendier des mosquées    «L'Occident cherche l'escalade» selon Sergueï Lavrov    Importante caravane de solidarité en faveur des enfants nécessiteux et des personnes âgées    Réhabilitation du réseau d'éclairage public à la cité    1 kg de kif traité saisi, 01 suspect arrêté    Production prévisionnelle de plus de 1,8 million de litres d'huile d'olive    L'importance de la numérisation du domaine notarial soulignée    Les impacts des tensions géostratégiques au Moyen-Orient Iran/Israël et les facteurs déterminants du cours des hydrocarbures    Action en justice contre Kamel Daoud    La 4e édition du 25 au 29 novembre à Alger    Plus de 4 millions de visiteurs    Nécessité de renforcer la coopération entre les Etats membres et d'intensifier le soutien pour atteindre les objectifs    L'ANP est intransigeante !    Les ministres nommés ont pris leurs fonctions    «Dynamiser les investissements pour un développement global»    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Contribution
Il faut d�battre sans tabous, sans injures et sans soup�ons (1re partie)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 08 - 2010

Pour l�historien anglais, Eric Hosbsbawn, �l�histoire est plus que jamais r�vis�e ou m�me invent�e par des gens qui ne souhaitent pas conna�tre le pass� v�ritable, mais seulement un pass� qui s�accorde � leurs int�r�ts. Notre �poque est celle de la grande mythologie historique �. La publication d�une biographie d�Amirouche par Sa�d Sadi s�inscrit dans ce contexte drainant sa part d�enjeux politiques et g�opolitiques plus ou moins clairs ou assum�s mais aussi des questions l�gitimes.
C'est pour cela qu'elle suscite tant de controverses. En effet, des rectifications historiques sont parfois n�cessaires. Car oui : les contraintes que le pouvoir alg�rien fait peser sur l��criture et l�enseignement de l�histoire sont r�elles. Encore oui : il y a n�cessit� de conna�tre la v�rit� historique et d�en finir avec les mensonges de l�histoire officielle. Et toujours oui : il faut refuser l�isolement de l�histoire, tout en rejetant l�interaction actuelle entre l�histoire et le pouvoir, c'est-�-dire la l�gitimit� historique. Pourtant, Louisa Hanoune refuse qu'un d�bat ait lieu et a lanc� pour disqualifier Sadi : �Seuls les historiens doivent �crire l�histoire.� Elle sera ignor�e, comme, avant elle, trois historiens et Ali Kafi qui aurait d� se rappeler sa fonction pr�sidentielle avant d�avoir l�imprudence de brandir cet interdit et de verser dans la confusion. Pierre Vidal-Naquet pour qui �l�historien n�est jamais dissociable du citoyen� a d�truit l�argument qui veut r�duire le livre de Sadi � un alibi historique pour intervenir dans le d�bat politique. Et pourquoi pas ? C�est le reproche inverse qui aurait pu �tre fait � Sadi, � savoir non pas de se m�ler d�histoire, mais de donner le sentiment qu�il pourrait renoncer � la politique. Et c�est bien qu�il d�passe ce moment o� le RCD avait d�cid� de geler ses activit�s, apr�s l��lection pr�sidentielle de 2004, et o� il s��tait plong� dans le silence. L�attraction que les sciences humaines exercent sur les politiques, la reconversion de certains d�entre eux en historiens ou g�opoliticiens, leur permet, parfois, d��chapper au th�me de la mort du politique que paradoxalement ils contribuent � r�pandre. Las, A�t Ahmed, dans un des ses derniers messages au FFS, n��crit-il pas : �Le pays est malade du vide politique� ? Des critiques ont tent� de jeter le discr�dit sur la personnalit� et le combat politique de Sadi, mais en trahissant le rapport qu'ils entretiennent avec l'opposition d�mocratique. Lakhdar Bensa�d vient de s'illustrer en lan�ant que le p�re de Sa�d Sadi serait un harki, esp�rant frapper de suspicion patriotique son travail ! Avant lui Benachenhou parlait des �th�mes r�currents, trop connus, car toujours r�p�t�s jusqu�au d�go�t, par tous ceux qui se piquent d�action dans l�opposition �. Le militantisme de l�auteur �tant r�duit � une esp�ce de coquetterie, il ajoutait qu��Amirouche a �t� choisi comme th�me de base de son �crit parce que c�est plus productif politiquement d�utiliser un h�ros local pour construire son instrument de lutte politique que des h�ros nationaux.� L�objet du d�bat, � son tour mis en cause, il restait � faire le proc�s du d�bat lui-m�me, pour mettre Sadi en contradiction avec son engagement d�mocratique. Et Benachenhou de donner des le�ons de libre d�bat. Seuls ceux qui en ont si peu l�exp�rience peuvent attendre qu�on en fixe d�finitivement les termes, les limites et surtout la forme. Enfin, quand tout est �puis�, on en revient aux vieilles accusations de r�gionalisme. Sadi ferait une esp�ce de fixation sur la Kabylie. Il se pr�sente comme un �homme politique originaire de Kabylie�, rappelle que Ben Boula�d recommandait �de se tourner vers les fr�res kabyles si quelque malheur lui arrivait�, pr�sente la Wilaya III comme �la plus organis�e�, celle dont les services de sant� �taient les plus performants� Si on n�glige la mani�re dont le pouvoir a proc�d� � une substitution identitaire, en tournant le dos � l�alg�rianit�, en se livrant � des provocations contre la Kabylie dont seule la mobilisation a pu arracher la constitutionnalisation de tamazight, on pourrait s�offusquer devant une r�action passionn�e. Mais, on ne peut pas prendre pr�texte de la forme pour rejeter le fond de la cause amazighe, en particulier le fond d�mocratique largement partag� aujourd'hui dans la soci�t�, y compris � Sidi Salem, dans la wilaya de Annaba, o� des jeunes protestataires ont �t� accus�s d'avoir br�l� le drapeau alg�rien alors qu'ils avaient brandi un drapeau symbole de la lutte pour tamazight pour exprimer leur solidarit� et leur attente de solidarit� de la part de tous ceux qui luttent pour la d�mocratie dans notre pays. Surtout, on ne peut pas ignorer que Sadi rappelle que, pour Amirouche, il �tait manifeste que �l�entit� alg�rienne transcende tous les al�as sociologiques, qu�ils soient culturels ou politiques �. Est-ce parce qu�il �voque �Amirouche le chef kabyle�, qu�on peut pr�senter le livre de Sadi comme une esp�ce d'addition d�aigreurs acoquin�es par une exaltation presque mystique d�un Amirouche �chef officieux des maquis de l�int�rieur�, �homme insaisissable� dot� d�un �don quasi animal � d�tecter le danger�, �un �tre � part�, �au-dessus de tous� ? A la d�charge de Sadi, cette fa�on d��voquer Amirouche, en biographe extasi�, prend le pouvoir � son propre jeu. Le moindre trait n�gatif chez Amirouche est r�duit � la propagande de Boumedi�ne, comme hier le moindre aspect n�gatif de la guerre d�Alg�rie �tait r�duit � une manipulation fran�aise. On peut y percevoir un ph�nom�ne d�identification entre l�auteur et son sujet, mais, quand on personnalise l�histoire � comme l�a fait le pouvoir avec �les historiques � � les seules cat�gories qui peuvent exister sont les martyrs, les tra�tres et les oubli�s. C�est finalement le pouvoir qui � comme hier la France � pousse la soci�t� � produire des h�ros et Sadi analyse avec justesse ce processus en partant de sa propre exp�rience. Mais si le livre de Sadi formule, surtout, une accusation contre Boussouf et Boumedi�ne � suspect�s d�avoir trahi Amirouche � il n�apporte gu�re de r�v�lations, ce qui t�moigne de l��chec de ceux qui ont voulu manipuler l�histoire. Du coup, m�me au FLN, le tr�s conservateur Salah Goudjil, commissaire politique de son �tat et un des principaux artisans du sinistre article 120, sent le vent tourner et signe une p�tition pour qu�on permette � chacun de pouvoir contribuer, en toute libert�, � l��criture de l�histoire. On peut se r�jouir de cette nouvelle attitude, mais on peut craindre, cependant, que ce soit, aussi, parce que l�empathie de Sadi et sa fa�on de se laisser aller � la pente victimisante peuvent �tre aussi st�riles que l�histoire officielle. Le premier responsable du RCD est-il pour autant un mauvais Alg�rien ? Un bleu envoy� en mission au moment o� s�op�re, en France, une esp�ce de tournant interpr�tatif et m�me un r�visionnisme radical qui am�ne d�autres � traiter des �aspects positifs� de la colonisation ? On a vu la pol�mique qu�a pu provoquer la projection de �Hors-laloi � au festival de Cannes ou avant, en Alg�rie, pour les raisons inverses, le documentaire de Jean-Pierre Lledo ainsi que les romans de Boualem Sansal ou d�Anouar Benmalek ou les d�clarations du s�nateur Habibi qui estime que le chiffre de un million et demi de martyrs est sur�valu�. On pourrait rejeter Sadi comme tenant d�un �tat d�esprit r�actionnaire, en s�appuyant sur une d�nonciation de ses erreurs et oublis historiques int�ress�s. Mais Sadi m�rite mieux que cela, m�me si on peut s�interroger sur les circonstances de la mort d�Amirouche et d�noncer la s�questration de son corps, sans devoir pour autant accuser Boussouf et Boumedi�ne. On peut m�me tenir compte de certaines des accusations de Sadi sans lui reprocher une id�e arr�t�e sur leur compte, comme l�a fait le bureau de l�association des anciens du MALG et, surtout, sans en tirer la cons�quence que la guerre de lib�ration serait devenue suspecte et qu�on devrait lui tourner le dos. La pol�mique emp�che, somme toute, qu�Amirouche devienne consensuel, que toute la soci�t� se l�approprie. Au final, on ne saurait ni accepter, ni rejeter en bloc le livre de Sadi (surtout en refusant de le lire !), il faut le critiquer. Il faut en d�battre sans tabous, sans injures et sans soup�ons. Et si Boussouf ou Boumedi�ne ne sont pas au-dessus de la critique, Amirouche ne l�est pas non plus. Pas plus Sadi d�ailleurs.
La question de l��criture de l�histoire
L'universitaire Ounassa Siari- Tengour rappellait que �dans construction d�une histoire � cheval sur la vie priv�e et sur la vie publique, il y a toujours un risque de succomber � la subversion du r�cit v�cu et livr� par un t�moin et de c�der � la tentation de faire revivre un pass� au lieu de l�expliquer �. Dans sa biographie, Sadi fournit une documentation assez faible. Son livre peut �tre consid�r� comme destin� � perp�tuer la l�gende du chef de Wilaya III. Cette d�marche est digne de l��cole romantique qui assignait aux h�ros le r�le de direction dans l�histoire de l�humanit�. Mais elle doit aussi correspondre � une certaine conception de l'action politique, qui n'est pas propre au premier responsable du RCD, mais avec des cons�quences sur la reproduction des �lites dans sa propre organisation. Sadi insiste souvent sur ses 40 ans de recherches, donnant l�impression d�avoir �t�, durant ce temps, dans une v�ritable qu�te. Cependant, sa bibliographie est limit�e, tr�s r�cente et constitu�e pour l�essentiel de t�moignages. Or, Gilbert Meynier le dit : la m�moire n�est pas l�histoire l�histoire n�est pas la m�moire elle en est m�me dans un sens le contraire�. Les souvenirs purs n�existent pas : tous les souvenirs sont des reconstructions d�termin�es par des appartenances sociales, pass�es et pr�sentes. Un historien fran�ais m�me �labor� le concept de �m�moires-�crans qui fonctionnent comme des censures d�autres souvenirs du pass�. Si la pol�mique actuelle traduit cette joute des m�moires, elle exprime d'abord et surtout le besoin de m�moire, au moment o� l'oubli et la trahison avancent, � grands pas, � travers la condamnation � mort de Mohamed Gharbi, ce moudjahid qui avait repris les armes pour combattre le terrorisme islamiste. Une approche scrupuleusement scientifique conduira � la r�vision d�un grand nombre de vues concernant la guerre de lib�ration et devra inciter � une �tude intensive des documents disponibles et de ceux, in�dits, conserv�s dans les diff�rentes archives. Et, Anissa Boumedi�ne, qui a eu le privil�ge d�acc�der � certaines d�entre elles, devrait en faire partager l�acc�s. Quant � la barbarie islamiste, l'Etat �qui d�tient une somme immense de preuves et documents � devrait les livrer l'opinion publique. Pas uniquement pour des besoins de m�moire mais pour que justice soit enfin rendue, contre les bourreaux et non pas contre les victimes! En histoire, une th�orie renvoie � une typologie : lutte des classes, conflit ville/campagne� Celle de Sadi c�est victime/bourreau dans laquelle les victimes repr�sentent le bien et les bourreaux le mal. Sadi nous appelle tous � �assumer notre part de la responsabilit�, qu�elle soit active ou passive, dans le d�sastre national�. Apr�s les sermons sur la trag�die nationale, il para�t, peut-�tre sans y prendre garde, reprendre un th�me de Bouteflika qui, face au terrorisme islamiste, a d�abord dit que tous les Alg�riens �taient des victimes, y compris les terroristes qu�il disait comprendre, avant de consid�rer que ces m�mes Alg�riens �taient tous coupables. Finalement, il renverra dos � dos ce qu�il consid�re comme deux extr�mismes : les la�cs et les tenants de l�Etat th�ocratique. Dans une interview au Matin, en ao�t 1999 � justement au moment o� se dessinait le projet de concorde civile que soutiendra le RCD � Benjamin Stora consid�rait que Boutefilka �tait en train de r�organiser �la m�moire collective apr�s 40 ans de confusion id�ologique et de perte d�une histoire r�elle� pour occuper pratiquement seul un espace symbolique et imaginaire, celui de la nation et du nationalisme �. Alors que le besoin de d�passer certaines �troitesses historiques est une exigence que Bouteflika ne peut pas prendre en charge de fa�on cons�quente, Sadi ne semble pas pr�t � rompre, lui non plus, avec l�id�e du 1er Novembre comme unique �v�nement fondateur. Il est cependant perturbant de constater que Bouteflika peu aller plus loin que lui, m�me si c�est � son seul b�n�fice. On a pu observer que ce dernier a baptis� un a�roport du nom de Messali Hadj, qu�il a inaugur� une st�le � la m�moire du GPRA, que le centenaire de la naissance de Ferhat Abbas a �t� l�occasion de sa r�habilitation ou que les pieds-noirs sont revenus. M�me les hommages rendus aux communistes Henri Maillot, Fernand Yveton et Maurice Audin ont pris une dimension moins confidentielle depuis que s�y associent des milieux patriotiques qui s�en tenaient � distance jusque-l�. On se trouve ainsi entre remise en cause du silence et r�habilitation tous azimuts, ce qui met dans l�embarras de nombreuses forces. Certaines parce qu'elles refusent les amalgames, d'autres parce qu'elles rejettent toute id�e de remise en cause de l'histoire officielle, ne se rendant pas toujours compte � quel point le discours sur la r�conciliation nationale, qu'elles soutiennent, est venu se substituer � celui sur la l�gitimit� historique, pour d�fendre des int�r�ts aussi �troits que ceux qu'ils ont toujours d�fendus. Surtout au sein du FLN dont Bouteflika est pourtant pr�sident. On note la publication des m�moires controvers�es d�Ali Kafi, la pol�mique de Ben Bella sur Abane Ramdane ou la sortie de Chadli sur la base de l�Est et la mort du colonel Chabani. M�me en France, le d�bat historique a connu des �volutions. On rel�ve ainsi la publication des t�moignages de Louisette Ighil Ahriz, des g�n�raux Massu, Bigeard, Aussaresses, les r�v�lations sur Le Pen, le fait que le g�n�ral Schmit a �t� accus� de torture. Le tout a �t� rapport� par Florence Beaug� dans le quotidien Le Monde. La loi sur les essais nucl�aires ou les propos de l�ambassadeur de France qui reconna�t en 2005 que le massacre de S�tif en 1945 �tait inexcusable sont des signes que les choses changent, malgr� les nostalgiques de l�Alg�rie fran�aise qui restent tr�s actifs. Plutarque disait : �Il est politique d'enlever � la haine son �ternit�.� Mais, justement parce que la r�conciliation est une question politique, il y a autant de r�ponses � cette exigence qu'il y a d'int�r�t en jeu. Chacun veut donc en livrer sa conception, en instituant les partenaires l�gitimes, en fixant le rythme et en posant ses limites: historique, nationale� globale. Sadi para�t donc s�inscrire dans un large courant qui revisite l�histoire, parce que la v�rit� est une exigence de la r�conciliation. Cependant, il ne s�appuie pas sur la m�thode historique qui suppose une critique externe (les documents ou les t�moignages qu'il produit sont-ils vrais ou faux ?) et une critique interne (ces t�moins se trompent-ils ? Nous trompent-ils ? Et si oui pourquoi ?). Une telle critique aurait �t� un signe fort d�une volont� de s��lever au-dessus des enjeux politiciens imm�diats pour poser la probl�matique plus g�n�rale du projet de soci�t�. D'autant que la r�flexion critique sur l�histoire a commenc� depuis longtemps. Un symposium intitul� �l�Alg�rie 50 ans apr�s 1954-2004, l��tat des savoirs en sciences sociales et humaines� a �t� organis� par le CRASC � Oran. Il avait �t� pr�c�d� de deux autres colloques en 1984 et en 1999. Dans une des publications auxquelles ont donn� lieu ces rencontres, Omar Lardjane affirme qu�en v�rit� �le probl�me aujourd�hui n�est pas dans la question du paradigme mais plut�t celle plus fondamentale et plus complexe des conditions culturelles g�n�rales que supposent et requi�rent l�existence et la pratique des sciences sociales�, dont l�histoire. La d�mocratie pouvant, certainement, �tre consid�r�e comme une de ces conditions sans laquelle les questions historiques resteront des questions politiques, dans leur acception la plus utilitaire, l'autre versant de la l�gitimit� historique. Dans un article de la revue Insaniyat, dans lequel il traite de l�intervention institutionnelle et de son impact sur la pratique historiographique, Hassan Remaoun explique pr�cis�ment comment la politique de r��criture s�est attach�e � �valoriser une identit� alg�rienne ayant pour racines les �tawabit� ou �constantes� h�rit�es d�un pass� qu�on tend � r�duire au �caract�re arabo-islamique. � Il montre aussi que le mot d�ordre d��criture visait � l�gitimer le pouvoir politique. Ainsi, malgr� tous les efforts du pouvoir, tous les intellectuels n�adh�rent pas � sa conception de l�histoire. D�ailleurs, alors qu'il avait esp�r� plus de coop�ration, Boumedi�ne concluait, d�s 1968, que �les intellectuels alg�riens n�ont pas jou� le r�le attendu dans ce domaine�. Voil� qu�� son tour, aussi paradoxal que cela puisse para�tre, Sadi �voque le �silence des �lites� et le naufrage intellectuel�. Peut-�tre n��tait-il pas au courant des travaux �voqu�s plus haut ? Il serait plus surprenant qu�il ait oubli� les r�actions aux accusations de Ben Bella et Ali Kafi contre Abane Ramdane. En riposte, le mouvement citoyen avait organis� une rencontre, � Larba� Nath Irathen, � laquelle avaient particip� R�da Malek, le Commandant Azzeddine et Hachemi Ch�rif. Le secr�taire g�n�ral du MDS publiait m�me un texte intitul� �Abane, toujours vivant� dans lequel il �crivait en r�ponse � l�attaque de Ben Bella : Sa caract�ristique majeure est que cette �critique� prend sa source � partir de positions conservatrices et islamistes. Ben Bella s�ab�me ainsi dans la cause islamiste conservatrice qui l�a appel� � sa rescousse comme �historique� pour attribuer la paternit� du Congr�s de la Soummam en ce que ce Congr�s a de condamnable � leurs yeux, c�est-�-dire � la Kabylie et � Abane, Kabyle �s qualit�s, accabler les Kabyles et attiser leur orgueil d�j� fortement provoqu� par le comportement du pouvoir, contenir la revendication d�mocratique moderne � la Kabylie (exactement le sc�nario sur lequel travaille Bouteflika avec qui il est en parfait accord sur la question !). Les �lites n�ont donc pas manqu� � leur devoir sur les questions d�histoire et sur la critique du pouvoir. On peut, alors, se demander au profit de quelle cause Sadi voudrait mettre ainsi ces �lites sur la d�fensive. Veut-il les enjoindre � ne pas poursuivre un combat qui a permis
l��dification de l�Etat alg�rien puis contribu� � le sauver du p�ril islamiste ? Le voil� encore qui fustige �les �tudiants appartenant aux courants qui gravitaient � la p�riph�rie du pouvoir et qui puisaient dans sa besace id�ologique quand il fallait d�verser les anath�mes officiels sur l�opposition�. Il semble tellement en vouloir � ces camarades du PAGS, pourtant auto-dissous, en guise d'autocritique radicale, qu�il ajoute, paraissant craindre un retour de ses vieux d�mons : �l�intellectuel alg�rien n�a pas seulement d�missionn�, il a trop souvent accompagn� ou pr�c�d� le pire�. Cela fut particuli�rement vrai pour les communistes qui, apr�s avoir �t� durement r�prim�s, ont syst�matiquement revendiqu� et assum� le statut de �soutien critique � des �autocrates�. Ce genre d�emportement risque de ruiner le cr�dit de s�rieux que le lecteur de bonne volont� peut conf�rer � son entreprise historique, surtout s�ils donnent lieu � des acc�s de fureur comme ceux qu�ont eu � essuyer les �tudiants de B�ja�a, lors de l�une des conf�rences organis�es � l�occasion de la sortie du livre.
Y. T.
(A suivre)
*Membre du Mouvement d�mocratique et social


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.