Outre les prix des fruits qui ne baissent pratiquement plus depuis des années, ceux des légumes renouent, aujourd'hui, avec des hausses vertigineuses. Au grand dam des Algériens, l'approche de l'Aïd el-Adha s'annonce désormais difficile. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les prix des légumes connaissent cette semaine une hausse vertigineuse. Eux qui sont, pourtant, restés élevés durant tout l'été, contredisant ainsi toute logique de l'offre et de la demande notamment durant les fortes chaleurs qui ont marqué cette période. Hier au marché Bouguerfa à Belouizdad (Alger), plus connu sous le nom de marché T'nache, la courgette et la laitue se sont bien installées sur le trône des légumes en affichant 200 dinars le kilogramme. Le navet, lui aussi, fait la grosse tête avec son prix de 150 dinars suivi par le concombre proposé à 140 dinars. Le poivron, l'haricot et les cardes se sont accordés sur 120 dinars le kilo. Seules la carotte et l'aubergine ont maintenu leur prix de 80 dinars affiché depuis maintenant plusieurs semaines, et l'indispensable tomate cédée à 70 dinars. Idem pour la pomme de terre, tant prisée pour ses frites, qui a gardé le prix de 60 dinars le kilogramme. Dans les étroites allées du vieux marché, les clients restent figés devant les prix affichés. «C'est trop cher !» tonne une vieille dame devant un étal de légumes. Elle s'arrête un laps de temps pour mieux visualiser les prix écrits sur les bouts d'ardoises puis lance toute dépitée : «Nous sommes encore loin de l'Aïd et les prix ont déjà doublé ! Ce n'est pas normal. Où est l'Etat ? Où est le contrôle ?» Face à sa colère, les vendeurs se font tout petits et n'osent pas lui répondre. Conscients de leurs «magouilles», ils préfèrent plutôt s'en prendre à des clients moins «agressifs». Comme dans le cas de cette quinquagénaire qui, devant un étal où l'affichage est aux abonnés absents, elle demande le prix de la courgette puis de la carotte ensuite du navet avant de se faire réprimander par le vendeur. «Laissez-nous travailler, nous ne sommes pas là pour répondre à vos questions qui n'en finissent pas», lui reproche-t-il. Même scénario côté fruits où la tendance est à la hausse. Sur les étals, le raisin est proposé à 260 dinars le kilogramme et la pomme à 250 dinars. La figue, la poire et la nectarine s'accordent sur le prix de 200 dinars suivies par la pêche à 150 dinars. Les plus accessibles restent le melon à 80 dinars et la pastèque à 60 dinars le kilo. Les clients se font rares. Certains ne font que passer et s'enquérir des prix des marchandises exposées. Ils s'arrêtent pour quelques minutes comme pour admirer les fruits et y goûter des yeux comme dit l'adage. Hésitante un peu, une sexagénaire choisit quelques poires. A l'annonce du prix de la marchandise pesée, elle tente de négocier. Elle demande au vendeur de réduire la somme de 220 dinars à 180 dinars. Le vendeur ne cède pas. Elle insiste et lui propose même de lui rendre une poire, mais en vain. «Vous ne trouverez jamais de si belles poires ailleurs. La preuve : c'est la dernière caisse de poires qui me reste», lui répond-il insensible, en désignant un cageot contenant quelques belles poires. La cliente prétexte ne pas avoir suffisamment d'argent mais le vendeur ne changera pas d'avis. La dame finit par payer les 220 dinars pour un kilo et quelques grammes de poires. Le sac de provisions en main, la dame continue à rôder autour de l'étal de fruits. Elle décide une seconde fois à acheter des raisins. «A combien sont-ils ces raisins ? Puis-je y goûter ?», lance-t-elle au vendeur en montrant du doigt de gros raisins rouges. «A 260 dinars le kilo. Tenez et goûtez, ils sont très bons et sucrés», répond-il en lui tendant un raisin rouge. Le vendeur se retourne vers une autre cliente et murmure : «Il y a quelques minutes, elle disait qu'elle n'avait pas d'argent !» La sexagénaire finit par payer 300 dinars pour ses raisins, prend ses courses et s'éloigne lentement de l'étal de fruits où elle venait de débourser pas moins de 500 dinars. A l'extérieur du marché T'nache, les vendeurs informels se sont, eux aussi, alignés sur les prix exercés à l'intérieur du ce haut lieu de commerce. Aujourd'hui, les consommateurs n'ont plus de choix. Le temps où les prix des vendeurs informels étaient plus «cléments» est révolu. Le poulet, par contre, a enregistré une baisse de prix. Vendu il y a une semaine à 420 dinars, le poulet éviscéré est proposé aujourd'hui à 370 dinars le kilo. «La semaine dernière, le prix du poulet a atteint 420 dinars à cause des feux de forêt et les très fortes chaleurs qui ont causé des pertes aux aviculteurs», explique Toufik, un vendeur de volaille. Au grand bonheur des consommateurs, il assure que le prix du poulet va encore baisser juste après l'Aïd el-Adha. A la poissonnerie du vieux marché T'nache, les gens passent et se contentent de demander les prix. Ici, le choix est très réduit et les prix exercés font fuir plus d'un. Très peu de variétés de poissons sont exposées. La sardine est la plus répandue. Pourtant son prix ne descend pas à moins de 400 dinars le kilogramme. Un prix qui reste tout de même hors de la portée de toutes les bourses. «Même la sardine, autrefois donnée, se voit aujourd'hui pousser des moustaches», regrette une quinquagénaire. La crevette est l'autre variété exposée dans les caisses mais reste inaccessible du haut de ses 2 000 dinars le kilo.