L�actualit� s�curitaire a �t� domin�e tout au long de la semaine derni�re par l�enl�vement, coup sur coup, d�un citoyen fran�ais au nord-est du Mali et de trois ressortissants espagnols, dont une femme, entre Nouadhibou et Nouakchott, en Mauritanie. Les deux rapts ont �t� fortement suspect�s dans les deux pays comme �tant le fait de groupes li�s � la contrebande agissant pour le compte d�Al-Qa�da au Maghreb islamique (AQMI). Une semaine apr�s, ces enl�vements n�ont toujours pas �t� revendiqu�s, mais la piste relative � leur caract�re terroriste est rest�e la plus plausible, vu les cas pr�c�dents. Celui de deux touristes autrichiens, kidnapp�s dans le sud de la Tunisie en 2008, et celui de deux diplomates onusiens et quatre touristes europ�ens en deux actions distinctes au d�but de 2009 � la fronti�re entre le Niger et le Mali, et qui n�ont �t� revendiqu�s que trois semaines plus tard pour le premier et plus d�un mois pour les seconds. Al-Qa�da au Maghreb avait pris le temps d�acheminer ses otages dans des lieux s�rs avant de s�en attribuer la d�tention et avancer ses exigences pour leur lib�ration. Sans pour autant pr�juger des v�ritables ravisseurs de ces ressortissants europ�ens, � l�heure actuelle, aucun indice ne laisse un doute qu�il pourrait s�agir de banditisme du fait que, selon les informations qui ont circul�, seules les personnes kidnapp�es ont �t� vis�es sans que soient touch�s leurs biens (argent, effets personnels, v�hicules). Ce qui revient � dire qu�il s�agit d�un premier message des auteurs sur leurs intentions qui apparaissent autres que mat�rielles. Aussi a-t-il lieu de noter que les nationalit�s des victimes, en elles-m�mes, sont un indicateur qui m�ne directement � AQMI. Surtout que celle-ci a, � plusieurs reprises, �tal� ses griefs contre leurs pays d�origine, en ex�cution des orientations dont n�en ont pas cess� de le harceler ses chefs hi�rarchiques ces derni�res ann�es, notamment Ayman Zawahiri et Abou Yahia Al- Liby, respectivement num�ro deux et trois d�Al- Qa�da. Et dans le cas o� c�est bien AQMI qui est responsable de ces enl�vements comme le laisse croire les fortes pr�somptions qui p�sent sur elle et dont elle aurait pu se d�barrasser rapidement avec un simple d�menti, il ne s�agit plus de kidnappings pour soutirer des ran�ons comme le furent les pr�c�dents, m�me si de vraies-fausses exigences ont �t� avanc�es, comme la lib�ration de terroristes en d�tention dans des pays tiers o� les pays d�origine des otages n�avaient aucun pouvoir. En s�attaquant � des ressortissants fran�ais et espagnols, ce ne sont pas les personnes enlev�es qui, a priori, sont vis�es, mais leurs Etats. Autrement dit, l�organisation terroriste vient, � travers cette escalade, de tenter d�ouvrir un front contre la France et l�Espagne, tout en sachant qu�elle n�a rien � en tirer concr�tement en mati�re d�exigences du fait de la faiblesse des maillons auxquels elle s�est attaqu�e (de simples citoyens vers�s dans l�humanitaire). D�autant plus que son commandement est tr�s grandement fragilis� en Alg�rie par les �normes pertes qu�il ne cesse de subir dans ses structures de base dont la reconstitution ne lui est plus aussi �vidente que par le pass�. En s�attaquant � la France , accus�e d��tre, entre autres, id�ologiquement inspiratrice de la lutte contre l�islamisme et son terrorisme en Alg�rie et � l'Espagne consid�r�e comme h�riti�re de la mythique Andalousie perdue depuis six si�cles, et en s�attaquant � ces Etats � partir du Mali et de la Mauritanie consid�r�s comme des pays militairement faibles o� elle peut jouir d�une relative aisance de mobilit� et d�actions dans certaines r�gions, AQMI cherche surtout � revenir par le biais m�diatique pour pallier � l�insignifiance de son existence sur le terrain. Sachant qu�elle ne repr�sente plus rien en Alg�rie o� elle ne s�attend plus qu�au coup de gr�ce alors qu�elle a cru pouvoir en faire sa base forte d�o� elle peut s�attaquer justement � ces pays vis�s contre lesquels elle n�a jamais cach� ses intentions criminelles qu�elle a vu partir en fum�e gr�ce � la lutte antiterroriste alg�rienne. Il appartient, donc, � ces pays de faire en sorte de ne pas lui donner un nouveau souffle qu�elle pense pouvoir obtenir � travers ces derni�res prises d�otages.