Oui, nous en sommes aux bilans. Exercice rituel en cette p�riode. Et aussi aux perspectives, voire aux pr�dictions. Le r�troviseur et la boule de cristal conjuguent leurs ressources. L�historien du pr�sent et les chouafate du court terme m�langent savoirs et instincts pour donner forme au jour. Forme, informe ? C�est un autre d�bat. Bilan de l�ann�e 2009 donc et m�me, pour certains, de la d�cennie 2010 qui, soit dit en passant, se terminera fin d�cembre de l�ann�e qui commence. Les augures ? On laisse libre cours � son imagination, et on a sans doute raison de le faire. Pour ma part, oracle en herbe, je hasarde deux pr�dictions qui auront h�las toutes les chances de se voir r�alis�es. La premi�re est que, comme tu le sais, l��quipe nationale, aussi motiv�e soit-elle, n�arrivera jamais en finale de Coupe du monde cet �t�. Et ram�nera encore moins le troph�e � la maison. Evidemment, je donnerais cher pour que la r�alit� me cingle d�un d�menti. La deuxi�me est que notre ministre de l�Education risque de r�aliser une performance unique en son genre : d�placer la date du baccalaur�at en fonction de la Coupe du monde. L� aussi, je souhaite ardemment que les faits me d�mentent. Mais revenons � l�ann�e 2009. Personnellement, j�ai d�cid� qu�il n�y a aucune raison de la pleurer. Beaucoup parmi nous seront d�un avis contraire. C�est �a, la d�mocratie, n�est-ce pas ? En toute chose, il y a les pour et les contre. Y en a parmi nous qui ont s�rement connu au cours de l�ann�e qui s�en va le bonheur, la r�ussite, les deux, ou l�espoir de l�un ou de l�autre ou des deux. Y en a qui ont rencontr� l��me s�ur, le miracle, le messie. Y en a qui ont gagn� de l�argent, un troisi�me mandat, des lauriers, l�assurance de pr�sidence � vie, au loto, en grade, l�estime des siens, de la hauteur, le go�t des autres, de l�avance, un ou plusieurs rounds, des combats, � la belote, au poker menteur, au scrabble. Y en a m�me qui ont gagn� une bataille, voire une guerre. Y en a qui se sont fianc�s, mari�s, les deux en un. Y en a qui ont f�t� un travail, la venue d�un enfant, un dipl�me, une victoire de hand, de foot, aux �checs, aux dominos, � rey rey. Y en a qui ont d�cid� que le bonheur est de se contenter de peu, que la mati�re, c�est la m�re de� De quoi d�j� ? Y en a qui ont tout simplement pass� la meilleure ann�e de leur vie. Y a les autres. Aussi. Ceux qui ont rat� le bac. Des buts sur un stade de foot. Une �lection pr�sidentielle. Le bus de Ben Omar. L�avion pour Khartoum. Une marche d�escalier. Une issue honorable au chaos de Diar Chems. Un contrat du tonnerre. Obama au t�l�phone. Le Sommet de Copenhague. Une n�gociation avec les enseignants en gr�ve. Une solution pour apaiser la grogne des m�decins. Un discours. Une absence de discours. Une entr�e en sc�ne. Une sortie. Un demi-tour. Et m�me une tourn�e. L��num�ration. Y en a qui ont perdu des �tres chers, leur travail, leur contenance, le week-end non universel sans avoir en �change un bon week-end universel, le nord, leurs derni�res certitudes, le Panaf, des r�ves, leur latin, l�arabe dialectal qui ferait une langue de demi-solde selon des linguistesminutes, leur sang-froid dans un d�bat sur l�alg�rianit�, les bonnes mani�res, les cl�s du temple. Et parfois, tout cela en m�me temps ! Y en a qui ont m�me � j�en t�moigne, la main sur le c�ur � perdu leur �me, c�d� pour pas grand-chose au diable grim� en bon Dieu. S�rieux ? Pas terrible, l�ann�e partie, assur�ment. La crise a r�v�l� que le timon tenu par les mains de l�argent et de la pr�dation guide le monde droit sur les rochers. Et m�me une fois celle-ci att�nu�e, on voit ressurgir les requins. Pour un Madoff d�embastill�, combien de b�b�s requins naissent-ils dans les eaux troubles du capitalisme d�brid� ? La grippe A, elle, montre qu�on peut se vacciner contre tout, sauf contre les peurs qu�on agite pour engranger du profit. La guerre en Afghanistan, en s�intensifiant, d�nude malheureusement un pr�sident des Etats-Unis bon chic bon genre derri�re le pr�tendu iconoclaste Obama. En cuisine interne, deux faits parmi d�autres marquent l�ann�e : la r��lection absolument sans surprise de Bouteflika et l�intronisation de Rabah Sa�dane sur un si�ge �jectable. Le lien entre les deux ? Il saute aux yeux. C�est la r�ponse � la question de savoir quel est le meilleur somnif�re pour endormir le peuple derri�re le r�el regain d�un sentiment national et � quelles doses l�administrer. L�embellie continuera encore un tantinet � rouler sur la pelouse des stades, dop�e au mart�lement de notre puissance par des m�dias civilis�s sous le double embl�me du pays et du pouvoir. De m�me que les probl�mes sociaux peuvent donner l�impression de pouvoir se dissoudre au moins momentan�ment dans les clameurs du stade, les cris d�all�gresse patriotique pourraient se muer en haros. Pour peu qu�un but soit rat�. Meilleurs v�ux � toutes et � tous. P.S. d�ici : une main inconnue a frapp� la semaine derni�re. Il fallait lire, en titre de la chronique, �conte d�hiver� et non �contre d�hiver�, ce qui veut dire quelque chose mais pas ce que j�ai voulu dire.