Le parti du Front El Moustakbal, dirigé par Abdelaziz Belaid, s'est illustré par une avancée appréciable lors des élections locales. Obtenant 71 communes et 131 sièges au niveau des assemblées de wilaya, el Moustakbal s'impose comme troisième force politique en Algérie. Lors d'une conférence de presse animée au siège du parti et portant sur l'évaluation des résultats des élections locales, Belaid a tenu à dénoncer «l'ingérence et les dépassements de l'administration lors de l'opération électorale», appelant à l'occasion à mettre en place une vraie commission de surveillance des élections, indépendante et qui doit être élue avec de larges prérogatives. Pour Bélaid, la troisième place obtenue par son parti, après le FLN et le RND, n'est pas une surprise. «Le Front el Moustakbal pouvait obtenir d'autres sièges, n'était l'intervention directe et scandaleuse de l'administration», a-t-il dénoncé, ajoutant que «les résultats finaux ne reflétaient pas ceux des urnes et l'administration devait être à la même distance avec toutes les parties». Bélaid a relevé également que cette réussite résulte de la bonne organisation et structuration du parti et du sérieux des militants. Interrogé sur le taux élevé d'abstention enregistré lors des élections locales, estimé de plus de 10 millions de non votants, selon les chiffres avancés par le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, ainsi que les deux millions de bulletins nuls, Belaid a répondu que le peuple «a perdu confiance en les élections. Même si elles seront transparentes et légales, l'abstention sera aussi élevée, en raison de certaines pratiques et pressions et la fraude», a-t-il souligné. En raison des discours tenus par certains partis lors de la campagne électorale, la classe politique en Algérie est «faible» et le peuple a perdu confiance. Concernant le rôle de l'administration, Bélaid a relevé qu'elle «doit être au service du peuple et de la République. Elle doit travailler avec tous les partis avec le même esprit», a-t-il estimé. Au sujet de la fraude, Bélaid n'a pas caché son appréhension de la voir se généraliser dans toutes les administrations, ce qui nuira à la démocratie. Il a également estimé que les taux de participation annoncé par le ministère de l'Intérieur, ont été dopés et ne reflètent pas la réalité. «Notre formation politique ainsi que d'autres ont été victimes du dopage de voix, comme c'est le cas dans la commune de Dar el Beida, où les résultats ne sont pas compatibles avec les PV que nous détenons», a-t-il cité comme exemple. Bélaid a par ailleurs appelé à donner plus de prérogatives et l'immunité aux présidents des APC, pour qu'ils puissent régler les problèmes de leurs communes. «Les décisions sont entre les mains de la daïra et de la wilaya. Le P/APC ne peut rien faire pour sa commune», a-t-il déploré. Parlant du développement local, Bélaid a indiqué que la loi actuelle ne permet pas aux élus de prendre des initiatives ou attirer les investissements. Par ailleurs, le président du Front el Moustakbal a réfuté que son parti soit celui du pouvoir ou faisant parti de l'opposition. «Nous avons beaucoup investi dans un discours qui en même temps est critique à l'égard du gouvernement mais sans pour autant se positionner dans le camp d'une opposition radicale», a-t-il expliqué. Concernant la participation à l'élection présidentielle de 2019, Belaid a indiqué que son parti tranchera le moment venu. «Nous déciderons de notre participation ou non à l'élection de 2019 lors d'un congrès national, comme c'était le cas en 2014», a-t-il relevé, précisant : «nous sommes un parti qui milite pour arriver au pouvoir». Lors de sa première participation aux élections locales de 2012, le Front el Moustakbal a obtenu deux communes seulement, et deux sièges de députés qui ont connu une progression lors des législatives de mai 2017, pour atteindre le nombre de 14 parlementaires.