La cour constitutionnelle a confirmé hier les résultats officiels tombés jeudi, et l'écart entre les deux rivaux est important. Ibrahim Boubacar Keïta devient le nouveau président du Mali, avec un score de 77,6% contre 22,3% pour Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances, qui avait reconnu sa défaite dès le lendemain du scrutin du 11 août. Le taux de participation a atteint les 45,78%, en baisse de trois points par rapport au premier tour, mais le nombre de bulletins nuls anormalement élevé de près de 400 000 au premier tour a considérablement baissé à près de 93 000 au second, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Moussa Sinko Coulibaly. Au premier tour, IBK avait rassemblé près de 40% des suffrages contre un peu moins de 20% pour Soumaïla Cissé, qui améliore tout juste son score de près de trois points par rapport au 28 juillet dernier. Ibrahim Boubacar Keïta avait négocié le ralliement au second tour de 22 des 25 candidats éliminés au premier. Une lourde tâche attend désormais IBK. Après son investiture prévue en septembre, il va devoir rapidement prendre des mesures concrètes pour redonner confiance aux Maliens, qui viennent de traverser une profonde crise politique et militaire. Ibrahim Boubacar Keïta - à la réputation d'homme à poigne se réclamant de la gauche - souhaite mettre en place un gouvernement de large union. A plusieurs reprises, il a indiqué que sa première tâche serait «la réconciliation», en particulier avec la minorité touarègue qui se sent marginalisée. Un accord intérimaire signé en juin à Ouagadougou entre des représentants du régime malien de transition et les rebelles touaregs prévoit l'ouverture de «pourparlers de paix» dans les 60 jours suivant la mise en place du nouveau gouvernement. La communauté internationale a salué le bon déroulement et la transparence du scrutin et promis une aide massive de 3,2 milliards d'euros au Mali. La Cour a précisé que le nouveau président devra prendre ses fonctions dans les quinze jours suivant la proclamation des résultats définitifs, soit le 4 septembre. Fort de son écrasante victoire, IBK, 68 ans, cacique de la vie politique malienne et ancien Premier ministre dans les années 1990, va devoir maintenant s'atteler à relever et réconciler un pays meurtri et plus que jamais divisé par la crise.