Le phénomène de la harga, cette traversée clandestine périlleuse de la mer, est revenu en force ces derniers mois. Il ne se passe pas un jour sans que l'on annonce l'avortement d'une tentative d'immigration clandestine, le plus souvent dans des embarcations de fortune qui risquent le naufrage à tout moment. Les communiqués annonçant l'intervention des Garde-côtes pour sauver des candidats en détresse tombent en cascade depuis le début de l'année 2018. L'une des tentatives les plus spectaculaires de harraga reste celle du 23 janvier dernier à Oran dans laquelle figurait un couple avec deux enfants de 3 et 5 ans. Malheureusement, la fillette de 3 ans a été portée disparue alors que les 12 autres candidats ont été sauvés in extremis par une unité de garde-côtes d'Oran. Le même jour, une tentative d'émigration clandestine de huit autres personnes à bord d'une embarcation pneumatique a été déjouée à Ain Témouchent. Dans plusieurs cas, les tentatives ont failli tourner au drame. Ainsi, le 16 janvier, une unité relevant du groupement territorial des garde-côtes d'Oran/2e RM a réussi à porter secours à quinze (15) candidats à l'émigration clandestine et à repêcher le cadavre d'une personne ayant été à bord de la même embarcation, ainsi que l'évacuation d'une femme, dans un état critique, par un hélicoptère de recherche et de sauvetage relevant des Forces navales, vers l'hôpital d'Oran où elle est décédée. Le 17 janvier, ont été mises en échec, à Oran et Ain Témouchent, des tentatives d'émigration clandestine de (12) personnes à bord d'embarcations de construction artisanale. Une semaine plus tard, une unité des garde-côtes relevant de la façade maritime Ouest/2e Région militaire a réussi une opération de sauvetage de dix-neuf (19) émigrants clandestins, et ce, suite au chavirage de leur embarcation pneumatique. Les naufragés ont été évacués vers le Port de Béni Saf, wilaya de Aïn Témouchent, tandis qu'une autre unité a déjoué une tentative d'émigration clandestine de sept personnes à bord d'une embarcation de plaisance à Oran/2e RM. Le 25 janvier, une tentative d'immigration clandestine de (48) personnes à bord d'une embarcation de fabrication artisanale a été déjouée par des garde-côtes à Ain Témouchent/2e RM, alors que deux jours plus tard, les garde-côtes ont secouru quatre (04) harraga. Ce 29 janvier, pas moins de 70 personnes ont tenté la traversé avant qu'ils ne soient interpellés. C'est dire les proportions alarmantes prises par le phénomène. Au moment où le chef du RND dit ne pas comprendre les motivations des jeunes tentés par la migration clandestine, Louisa Hanoune, la patronne du PT estime que ce sont les mesures d'austérité et l'absence d'horizons pour les jeunes qui les poussent à commettre cette aventure. Près de 10 tentatives par jour... Mais ces discours politiques n'intéressent pas les candidats qui veulent rejoindre l'autre rive de la mer quelque soit le prix et le sacrifice. Ce phénomène qui inquiète les pouvoirs publics fait des ravages parmi les familles algériennes. Selon certaines sources, plus de 3 000 tentatives de harga ont été enregistrées en 2017. On évoque un chiffre de 8 000 harraga qui ont réussi la traversée et qui seraient dans des centres de détention en Europe, notamment en Italie et en Espagne. Dans son rapport pour 2017, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) parle de 3 109 tentatives d'immigration, dont 189 femmes, 839 mineurs accompagnés ou non, ajoutant que ces chiffres ne reflètent pas la réalité, puisqu'ils «n'incluent pas les disparus en mer ou ceux qui ont réussi à rejoindre l'autre rive de la Méditerranée». Le mois de novembre 2017 a été particulièrement «chargé» de tentatives de harga. Entre le 16 et le 18 du mois, 286 candidats ont été interceptés. A Oran où le phénomène fait rage, huit réseaux de passeurs ont été démantelés, un matériel dont des embarcations ont été saisis et des passeurs dont 26 à Mostaganem, ont été arrêtés, selon le chef de sûreté de wilaya, le contrôleur de police, Nouasri Salah. Lors d'une conférence de presse consacrée au bilan de l'inspection régionale ouest de la police, M. Nouasri a souligné que ce phénomène a pris des proportions alarmantes, surtout avec l'embarquement de familles entières, signalant un grand nombre de tentatives ayant fait dans les derniers jours plusieurs morts.