La cérémonie de clôture du 16e festival national du film Amazigh a vu les réalisateurs Omar Belkacemi et Oussama Rai s'octroyer, l'Olivier d'or du court métrage et celui du documentaire, mercredi en soirée, à Tizi Ouzou. Le réalisateur Omar Belkacemi s'est vu remettre lors de la cérémonie, l'Olivier d'or du court métrage pour son film «Lmuja», une oeuvre qui a participé à plusieurs festivals internationaux dont les Journées cinématographiques de Carthage (Jcc) en Tunisie où il avait reçu le Tanit de bronze en 2015. Oussama Rai a, pour sa part, été distingué pour son documentaire «Izmulen N Igraren» (symboles du patrimoine de Guerara à Gharadaïa), une première oeuvre dédiée aux métiers traditionnels en voie de disparition dans la vallée du M'zab et réalisé, selon le cinéaste, dans le cadre du travail associatif de sauvegarde du patrimoine. Dans la catégorie du court métrage le jury a attribué une mention spéciale au réalisateur Omar Amroun pour son film «Taekkemt N Tudert» (Une peine à vivre). Le jury du 16e Festival du film amazighe, présidé par le scénariste Tahar Boukella, a décidé de ne pas attribuer l'Olivier d'or du long métrage en raison du «manque de qualité des oeuvres sélectionnées». Tahar Boukella a expliqué que le jury a accordé une grande importance à la qualité des oeuvres primées en ce qu' «elles peuvent représenter le cinéma algérien dans les festivals internationaux». Pour le long métrage, seuls les prix de la meilleure interprétation féminine et masculine, revenus, respectivement à Djedjiga mikhmoukhen pour son rôle dans «Amendil» de Hakim Rahim et à Salah Ouamar dans le même film, ont été attribués. Les coutumes mises en valeur Par ailleurs, le patrimoine culturel amazigh, matériel et immatériel, aura été le principal thème traité dans la majorité des documentaires sélectionnés en compétition lors de ce festival. Pour rappel, la manifestation a regroupé dans sa catégorie documentaire sept réalisateurs dont la plupart, ont choisi pour sujet le patrimoine culturel de leurs régions respectives en plus de la valorisation de la langue amazigh dans ses différentes variantes. La jeune réalisatrice Hinda Cheurfi, a choisi de mettre l'accent, dans sa première œuvre «Thighrma N Laures» (Hameaux des Aurès), sur les architectures traditionnelles de terre dans les Aurès, tout en faisant la promotion des matériaux de construction locaux et en attirant l'attention sur un potentiel touristique de la région. Le patrimoine musical et les métiers traditionnels de la vallée du M'zab, menacés en partie, ont aussi été au cœur des documentaires «Izouran N Izelwan», de Hammou Oudjana, et «Izmulen N Igraren» réalisé par Oussama Rais. Les deux réalisateurs se sont intéressés au chant traditionnel mozabite, considéré comme un réel vecteur de promotion de la langue, ainsi qu'aux métiers de la bijouterie traditionnelle, du travail du cuir, du tissage et autres. Les us et coutumes liés aux cérémonies de mariage et de naissance, aux jeux anciens, aux célébrations du nouvel an amazigh se retrouvent également dans des œuvres comme «Taqbilt» de Ali Hadjaz et «Asalay» (le musée) de Djamel Bacha. Se voulant une vitrine du patrimoine de chacune de ces régions, ces films sont également une manière d' «attirer l'attention» sur les menaces qui pèsent «tant sur les traditions et métiers qui risquent d'être oubliées ou remplacées, que sur le bâti qui tombe en ruine», emportant un pan de la mémoire des populations locales, disent les réalisateurs en compétition à cette 16e édition du film amazigh. Autre aspect notable, le potentiel touristique et la richesse naturelle de l'Algérie a servi de fil rouge dans des œuvres comme «Tamnadt N Leqbayel» de Mohamed Fali (documentaire animalier tourné en haute Kabylie) ou encore dans «Imeksawen Igenni» (Les bergers du ciel) de Abdenour Laceb. Des courts métrages de qualité Durant le festival, la salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri qui compte 800 places a connu une grande affluence des cinéphiles de Tizi-Ouzou, affichant complet aux projections, surtout en séance d'après-midi. Si le public a répondu présent à cette manifestation, qui peut, désormais, revendiquer son public d'habitués, la moisson filmique de cette 16e édition n'a pas suivi la dynamique du festival, de l'avis de plusieurs d'entre eux. Sur les 17 films retenus pour la compétition, seuls trois longs métrages ont été projetés avec des ratés techniques particulièrement pour le film «Tudert» (La vie) de Rabah Dichou, révélant du coup une «qualité faible» de la majorité des 43 œuvres soumises à la sélection. Le commissaire du festival, Farid Mahiout, a indiqué que la date du festival a été repoussée à février «en partie pour laisser le temps aux réalisateurs de finaliser leurs projets». Certains courts métrages ont cependant montré de grandes qualités, à l'image de «Lmuja» de Omar Belkacemi, «Human», de Issam Taachit, «Séquence une…» de Noureddine Kebaili ou encore «Le manque» de Si Smaïl Arab. Même constat pour la catégorie documentaire qui a également révélé de «jeunes talents qui ont beaucoup à dire et à montrer» même s'ils évoluent dans des villes où le cinéma reste «complètement absent», ainsi qu'ils le soulignent eux-mêmes.