Le Festival culturel national du film amazigh a été clôturé, mercredi soir, au cours d'une cérémonie qui s'est déroulée à la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. À cette occasion, les noms des lauréats ayant participé dans les catégories courts-métrages et documentaires à cet évènement cinématographique dédié au film d'expression amazighe ont été révélés. Le grand prix Olivier d'Or du meilleur long-métrage a été annulé par le jury, et ce, pour la qualité jugée médiocre des films. Concernant la catégorie court-métrage, l'Olivier d'Or a été remis au film Lmuja (La vague), de Omar Belkacemi. Ce film raconte l'histoire de Redouane, journaliste et écrivain algérien, vivant en Europe, qui décide de revenir en Algérie afin d'écrire sur plusieurs suicides engendrés par le licenciement massif de travailleurs durant la décennie noire. Quant au prix spécial du Jury, il a été octroyé au film court métrage Taakkemt n Tudert (Une peine à vivre), d'Omar Amroun. Dans la catégorie documentaire, le prix a été attribué à Izamulen n Igraren d'Oussama Rai. Les prix de la meilleure interprétation féminine et masculine ont été attribués respectivement à Zedjiga Mekhmoukhen et Salah Ouamar, qui ont joué dans le long-métrage Amendil, de Hakim Rahim. À propos des films présentés tout au long du festival (du 24 au 28 février), le président du jury Tahar Boukella, est revenu sur les propos du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi qui, à l'ouverture du festival, a demandé au comité de sélection d'être plus souple sur les critères de choix des films sélectionnés afin d'encourager les réalisateurs à produire. À cet effet, le scénariste Boukkela a taclé le ministre en indiquant : "Il est exclu, sous prétexte de culture amazighe de réduire la qualité. Ces films devraient plutôt porter les aspirations de la culture amazighe. Ils doivent répondre fondamentalement aux critères d'un film de cinéma et non être des ‘objets vidéo non identifiés'!". Lors de son intervention, Tahar Boukkela en a profité pour présenter un ensemble de recommandations destinées à améliorer la qualité des productions, notamment en relançant le festival qui ne devrait pas être seulement régional, mais être doté d'une résidence d'écriture et d'une bourse de développement des films ainsi que la création d'un fonds spécial au Fdatic pour financer le film amazigh. En conclusion, le président du jury a salué la qualité des courts-métrages présentés à ce festival. Pour sa part, la directrice de la culture de wilaya Nabila Goumeziane a rappelé que "l'essence même de ce festival réside dans le fait que le cinéma, d'une manière générale et particulièrement celui d'expression amazighe, est un vecteur de mémoire et le miroir d'un vécu social". Et d'ajouter : "Cette 16e édition, nous l'avons dédiée à Mouloud Mammeri, dont la commémoration du 29e anniversaire de sa disparition a eu lieu, mercredi, dans son village natal. L'œuvre de Mouloud Mammeri est comme un gisement : la tâche n'était pas seulement immense, presque tout était à entreprendre : faire entrer dans la modernité et ses exigences une culture et une langue qui était principalement orale". À noter que la version amazighe du film L'opium et le bâton, de Ahmed Rachedi, tiré du roman éponyme de Mouloud Mammeri, n'a malheureusement pas été projeté au Festival du film amazigh, comme le stipulait le programme. K. Tighilt