Suite au départ à la retraite de 40% d'enseignants, des centaines de classes seront vides les premiers jours voire les premières semaines de la rentrée scolaire de cette année. «Le rendez-vous de la rentrée 2013-2014 sera raté à cause de la mauvaise planification», a regretté Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). En raison de ces départs massifs d'enseignants qui ont atteint l'âge légal de la retraite ou ayant cumulé 32 ans de service, des classes des établissements scolaires resteront vides en attendant l'affectation des nouveaux enseignants recrutés à l'issue des récents concours organisés à travers le pays. L'attente des élèves de certains établissements sera encore plus longue puisque certains concours de recrutement au niveau de l'académie d'Alger-Ouest et de Bordj Bou Arréridj notamment n'ont pas encore eu lieu. Certains directeurs d'établissement partis, eux aussi, à la retraite n'ont pas encore été remplacés, compromettant la rentrée scolaire qui sera finalement similaire à celles des années précédentes, avec son lot d'insuffisances, s'est plaint M. Amoura, déplorant aussi la surcharge des classes dans certains établissements. Il est prévu l'ouverture de 109 lycées dès cette rentrée alors que 400 autres, programmés, ne sont pas encore réalisés. «On n'est pas capables d'assurer une rentrée scolaire tranquille, à l'instar des autres pays», a-t-il regretté. Concernant les nouveaux lycées qui ouvriront leurs portes à partir de cette année, les élèves orientés ou transférés vers ces établissements ne pourront les rejoindre qu'après avoir effectué leur transfert. Or, cette démarche administrative devait être réalisée avant la fin de l'année scolaire pour se consacrer au lancement des programmes scolaires dès la rentrée au lieu de perdre entre une à deux semaines. Au sujet des livres scolaires, la distribution connaîtra également du retard car un grand nombre de primaires ne disposent pas de moyens logistiques pour récupérer ces livres au niveau des CEM. Dans certaines communes, les présidents d'APC ne mettent pas à la disposition des directeurs du primaire des véhicules pour récupérer les livres et sont, de ce fait, obligés d'utiliser les leurs. Au sujet de la prime de 3000 DA octroyée à chaque enfant nécessiteux, M. Amoura a recommandé le versement de cette prime avant la rentrée scolaire et pas après afin de permettre aux parents d'acquérir les fournitures scolaires à temps. Même si la mesure du gouvernement d'aider les élèves nécessiteux est louable, elle doit être assortie d'un contrôle pour éviter de faire bénéficier «les parasites». La création d'une banque de données relative aux élèves nécessiteux est nécessaire afin d'assainir les listes et d'en faire profiter ceux qui sont réellement dans le besoin. Un tel assainissement permettrait d'augmenter la prime jusqu'à 6000 DA par enfant scolarisé, a-t-il estimé. Détournement de fonds destinés aux cantines scolaires Quant aux cantines, elles ne seront ouvertes qu'après plusieurs jours de la rentrée, à l'instar des années précédentes. Selon une source syndicale, la gestion des cantines scolaires est entachée de beaucoup d'irrégularités. Gérées actuellement par les communes, les cantines scolaires font l'objet de détournements de fonds destinés initialement à l'acquisition de produits alimentaires. Outre l'utilisation de produits alimentaires périmés, il a été constaté des irrégularités en termes de produits acquis. La même source citera le cas d'une école pour laquelle l'APC a inscrit l'achat de fruits exotiques comme le kiwi alors que réellement les enfants n'ont même pas eu droit à un fruit. Pis encore, une école fermée, en Kabylie, depuis de longue date continue de bénéficier d'un budget pour la cantine que partage l'APC avec des responsables dans le secteur de l'éducation. Malgré les dénonciations des syndicalistes, des enseignants et des associations de parents d'élèves, aucune enquête n'a encore été diligentée. En réaction à cette situation inquiétante, le Satef réclame un contrôle rigoureux des deniers publics afin d'éviter la dilapidation. Ce syndicat autonome a déjà tiré la sonnette d'alarme depuis plusieurs mois pour demander de confier la gestion des cantines scolaires aux CEM au lieu des collectivités locales. Une telle mesure permettrait aux syndicats du secteur et aux associations de parents d'élèves d'avoir un droit de regard sur la gestion des fonds alloués par l'Etat.