Les retours de congé ont parfois ceci de pénible : il faut récupérer de son… repos ! Parce que si tout le monde ou presque a droit à un congé, tout le monde ne part pas en vacances, ils sont même très peu à avoir ce «privilège» pourtant consacré comme un besoin fondamental pour les femmes, les hommes et les enfants. On ne va pas réinventer l'eau chaude, le corps et la tête qui travaillent toute l'année ont besoin de se reposer. Mais on ne se repose pas gratuitement. Impunément, est-on tenté de dire, tellement les vacances sont hors de portée de ceux qui en ont le plus besoin. En plus, ils ne se plaignent pas, ils ont pris l'habitude. On ne regrette que ce qu'on a déjà eu, n'est-ce pas ? Et eux, les pauvres, anciens, nouveaux ou actuels qui ne le savent pas encore… savent déjà que les vacances sont un caprice de riche quand ce n'est pas simplement une vue de l'esprit. Ils travaillent toute l'année et quand vient le repos, ils travaillent encore, sinon un peu plus. Ou alors ils s'ennuient. Pour ne pas mourir de l'ennui des congés, il y en a qui reprennent le boulot. Il y en a même qui le font à titre «gracieux», puisqu'ils ne sont ni indemnisés ni réparés par d'autres jours de repos à venir. C'est vraiment problématique, les congés, quand on ne sait pas quoi en faire, généralement parce qu'on n'a pas les moyens d'en faire quelque chose. Fatigant, le repos sans détente et sans perspective. Des jours tristes, plus tristes que la tristesse. Il y a la chaleur et la mer si lointaine. Il y a les mouches collantes et les cigales qui invitent au suicide collectif. Il y a des fêtes qui ressemblent aux enterrements et de longues journées sans eau. Les cafés, eux, sont tous situés en enfer. Il faut quand même y aller de temps en temps parce qu'il vaut mieux taper le domino ou le carton que de se taper la tête contre un poteau électrique. C'est dur, un été sans vacances, surtout quand on est obligé d'être en congé. Ce doit être pour ça d'ailleurs qu'on confond volontiers vacances et congés. Il arrive qu'en plein farniente, on demande à quelqu'un s'il est en congé. C'est plus «risqué» de demander à quelqu'un s'il est en vacances alors qu'il est en train de taper des dominos dans un café situé en enfer à 50 degrés à l'ombre et il n'y a pas d'ombre. C'est un vrai péril de parler de vacances dans ces zones-là. Plus périlleux que de parler de corde dans la maison d'un pendu. L'asphalte, la pierraille, la poussière ou l'oued asséché comme espace de distraction. Va récupérer de tes efforts et de tes illusions sur les étendues du néant. C'est dur, les «vacances», il faut vite en finir mais on est souvent obligé d'attendre que ça… finisse. Repartir au boulot n'est pas vraiment la joie mais c'est déjà quelque chose, qu'il arrive… quelque chose ! Et puis ce n'est pas rien de se rappeler qu'on a un travail. Par les temps qui courent, ça relève quasiment du miracle. Mais au boulot, on se fatigue très vite. On est mal payé, mal transporté et mal nourri. En plus de ça, on ne pense pas aux vacances pour «récupérer». On ne récupère rien du tout, on s'habitue à l'ennui, c'est tout. On s'est même habitué à attendre l'ennui de l'année prochaine.