Il paraît que les entreprises et les administrations publiques ne savent plus comment programmer les congés de leurs personnels. En dehors de quelques vœux singuliers formulés par des employés singuliers pour les mois d'août et septembre, tout le monde voudrait ainsi partir en juillet pour éviter les vacances en plein Ramadhan qui serait donc le mois le moins indiqué pour les vacances. Les langues les plus mauvaises, celles qui n'en ratent pas une, ne se font pas prier pour saisir le «caviar», comme on dit dans le jargon du foot d'une passe qui ne nécessite ni effort ni génie particulier pour être transformée en but : pourquoi prendre un mois de repos rémunéré quand on peut en prendre deux ? Le sous-entendu n'a pas besoin d'être expliqué. Pendant le mois de Ramadhan, on ne travaille pas du tout ou on fait semblant de travailler, ce serait donc une pure folie que de consommer son congé annuel à cette période-là. Bien sûr, beaucoup reprennent la formule sans vraiment savoir si elle est aussi évidente que ça, mais il est des choses comme ça. Elles envahissent les esprits, s'y installent confortablement avant que certains se rendent compte à l'occasion d'une évocation anodine qu'ils avaient finalement intégré la chose sans grande conviction. Ceux- là sont ceux qui n'ont jamais su quoi faire de leur congé. En fait, ils ont appris à le savoir d'«expérience». Les années passant et se ressemblant, ils se sont naturellement résignés : le congé, c'est ne pas avoir à se lever le matin ou se lever sans avoir à aller au boulot. ça veut dire à peu près la même chose, mais il y a ceux qui aiment la grasse matinée et les lève-tôt incurables. D'autres brebis galeuses, qui ont les moyens de leur gale, vont partir en vacances en plein Ramadhan et ils savent pourquoi. Partir loin des odeurs de chorba-frik chargée de cholestérol et des haleines fétides orphelines de dentifrice. Tout le monde ou presque veut être juillettiste cette année et pas pour les mêmes raisons, contrairement à ce qui est trop facilement admis. Les aoûtiens non plus. Leur statut de minoritaires est trop insuffisant pour leur faire partager le même bonheur ou la même galère. Il y a ceux qui sont mis d'autorité sur la liste, ceux qui ne font plus la différence entre les mois et ceux qui font la différence entre l'Algérie et le reste du monde. D'après les mauvaises langues, tout ce beau monde a une chose à partager : ils ne travailleront ni en juillet, ni en août. Quand ils travaillent le reste de l'année. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir