Les députés de l'opposition ont continué hier, au deuxième jour des débats sur le projet de règlement intérieur de l'APN, à critiquer le texte, craignant de pervertir la fonction parlementaire. «Monsieur le président, ce projet de règlement intérieur est inacceptable, car inadapté à l'institution que vous présidez. Il est contraire aux valeurs démocratiques et aux exigences de l'Algérie du 21e siècle. En un mot, ce projet est une insulte à toute l'institution». C'est en ces termes que le représentant du RCD, Atmane Mazouz, s'est adressé au président de l'APN afin de l'interpeller sur «les dangers du projet». «Aujourd'hui, nous nous retrouvons dans cet hémicycle à vouloir fermer cet espace au débat libre, à la critique et à l'action constructive de la part d'une institution qui ne veut pas se libérer de sa soumission à l'Exécutif», a-t-il lancé, avant de dénoncer l'exclusion de la langue amazighe des débats et travaux de l'APN, promettant de ne pas respecter le texte. «Votre projet est en contradiction avec la loi fondamentale du pays. Vous avez osé le déni, la négation et la provocation. Comment accepter d'interdire le travail et l'expression dans l'hémicycle en dehors de la langue arabe et oser ignorer tamazight ? Le règlement qui ressortira, je serai parmi les premiers à le violer. Inacceptable que des millions d'Algériens soient interdits de suivre les débats de l'Assemblée dans leur langue maternelle», a-t-il affirmé. Le même intervenant regrette, en outre, que des questions majeures imposées par la constitution soient complètement ignorées. «Qu'en est-il de la place réservée à l'opposition parlementaire pourtant longtemps chantée par conjonctures dans les discours officiels ?», s'est-il demandé. Et de renchérir : «nous savons qu'une disposition renforçant le rôle de l'opposition n'arrangera pas le fonctionnement à sens unique d'une assemblée issue de la fraude». A ses yeux, «si on veut réellement rehausser le rôle de l'APN, il faut oser révolutionner son fonctionnement pour être au plus près des préoccupations des citoyens». Après les critiques, le député du RCD a émis quelques propositions, à commencer par l'institution d'une séance mensuelle d'interpellation du Premier ministre sur les questions d'actualité et l'institution d'un contrôle périodique sur les dépenses de l'Assemblée. Il a proposé également de réduire le nombre de commissions permanentes dont certaines sont inopérantes et budgétivores et de réduire le nombre de signatures dans l'introduction des amendements. Pour sa part, le député du PT, Ramdane Tazibt, se demande «qui veut réduire l'APN à une assemblée aphone, incolore et inodore?» Selon lui, «le projet de règlement intérieur de l'APN discuté et élaboré dans la précipitation et dans l'ombre traduit une volonté de réduire l'APN à une vulgaire chambre d'enregistrement». «Tout a été fait pour empêcher tout débat et de bloquer toute initiative parlementaire susceptible de déranger un temps soit peu l'exécutif et le statu quo actuel. Même les timides amendements de la constitution modifiée en 2016 sont royalement ignorés par les rédacteurs du rapport de la commission juridique dominée par les députés du FLN et du RND», a-t-il accusé, affirmant, en sa qualité du membre de cette commission, que «tous les débats et points de vue exprimés n'ont pas été pris en considération». Pire encore, le député du PT indique que «le rapport présenté aux députés en plénière n'a rien à voir avec celui discuté lors de l'ultime réunion de la commission qui s'est tenue clandestinement». Selon lui, «le règlement intérieur de l'APN est conçu pour maintenir l'Assemblée dans un état comateux afin de mettre l'opposition parlementaire dans une situation d'inertie et hors d'état de nuire et laisser libre cours à l'exécutif et aux pouvoirs publics».