Le 31e sommet des chefs d'Etat et gouvernement de l'Union africaine, qui se tiendra de dimanche à lundi à Nouakchott (Mauritanie) se penchera principalement sur la question de la lutte contre la corruption et le développement économique de l'Afrique. Placé sous le thème «Remporter la lutte contre la corruption : une voie durable pour la transformation de l'Afrique», le sommet aura à traiter cette question majeure ayant pour objectif de parvenir à la prospérité et l'essor économique pour le continent africain. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a donc rejoint hier Nouakchott, accompagné du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, pour représenter le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à ce sommet ayant trait l'engagement et la volonté ferme de l'Union africaine de lutter contre la corruption. L'Algérie qui s'est dotée de plusieurs mécanismes de lutte contre la corruption devra présenter son expérience en la matière à l'UE. L'année 2018 est appelée ainsi à être celle du combat global contre la corruption qui ne saurait être gagné que par une action collective. La prise en charge effective des problèmes liés au fléau de la corruption en Afrique aura un impact sur la stabilité du continent et par conséquent sur son développement socioéconomique. Ce fléau qui a gangrené l'économie des pays africains les «prive de près de 50 milliards de dollars chaque année», selon le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat. Ce dernier avait souligné que la corruption concerne, d'une manière ou d'une autre, à des échelles plus au moins grandes, toutes les nations de l'Afrique. Des ressources détournées qui peuvent, si elles sont investies, suppléer le recours à l'assistance extérieur. En vue d'y remédier, une lutte efficace contre la corruption permettra à l'Afrique de se pencher sur l'investissement massif et la valorisation des ressources humaines. L'adoption d'une stratégie globale et d'une feuille de route facilitera le développement du continent à travers la mise en œuvre des plans de développement nationaux, de l'Agenda 2063 et des Objectifs du développement durable (ODD). Cette rencontre sera l'occasion pour l'Algérie de réitérer sa volonté de lutter contre ce fléau. Ahmed Ouyahia avait déjà indiqué lors du 30e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, tenu en janvier dernier à Addis-Abeba, que la lutte contre la corruption était étroitement liée à «la consolidation de l'Etat de droit et de la démocratie, de sorte que le phénomène de la corruption recule à mesure de la progression dans l'édification d'un Etat juste avec des institutions fortes et crédibles». Migration clandestine Pour sa part, le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Smail Chergui, a estimé que la corruption pouvait être «à l'origine de frustrations et de sentiments d'injustice générant des situations de conflits». En ce sens, il y a un mouvement positif pour le renforcement et l'approfondissement de la démocratie dans le continent ainsi qu'une prise de conscience des Etats membres de l'UA dans le cadre de l'initiative de faire taire les armes à l'horizon 2020. En plus de la corruption, le sommet de l'UA abordera aussi les questions du terrorisme, la migration clandestine, la radicalisation, les activités criminels et tous les trafics qui gangrènent le continent. A cela s'ajoutent d'autres questions, notamment celle du Sahara occidental, la situation au Sahel et dans les pays du voisinage ainsi que les crises en Centrafrique, au Burundi et dans la région des Grands Lacs. «Nous allons nous pencher sur toutes ces situations suite à la tentative de militarisation du continent dans la Corne de l'Afrique et la présence de plus en plus de puissances étrangères dans la région du Sahel», a indiqué Chergui à l'APS. Le problème de la migration ne doit pas être traité uniquement dans sa dimension sécuritaire, mais sous l'angle de ses causes profondes. Il est impératif de démanteler toute l'économie criminelle qui entoure ce genre mouvement d'êtres humains, annihiler les trafics et toutes les atteintes à la dignité humaine. A cet effet, Chergui suggère d'envisager une démarche durable à même de promouvoir l'investissement dans les pays africains et développer des projets socioéconomiques à court terme dans le but de redonner espoir aux jeunes africains. Cotisations des pays membres de l'UA: Le taux de recouvrement ne dépasse pas 30% Le taux de recouvrement des cotisations des pays membres de l'Union africaine ne dépasse pas les 30%, a indiqué hier à Nouakchott le Conseil exécutif de l'UA à la veille du sommet de l'organisation panafricaine. «Le taux de recouvrement des cotisations au sein de l'UA ne dépasse pas les 30%, alors que l'Organisation panafricaine ambitionne d'assurer son autonomie financière à l'horizon 2020, sachant que 75% des fonds vont vers son budget de fonctionnement et 25% sont consacrés aux opérations de paix et sécurité en Afrique», a-t-on précisé auprès du Conseil exécutif de l'UA dont les travaux ont été clôturés dans la nuit de vendredi à samedi en prélude au 31e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains, prévu dimanche et lundi dans la capitale mauritanienne. Le nombre de pays contribuant au budget de l'UA est «très limité», a-t-on relevé au Con seil exécutif, précisant qu'il s'agit entre autres de l'Algérie, l'Afrique du Sud, la Libye, l'Egypte et le Nigeria, alors que l'Organisation compte 55 Etats membres. Selon une résolution du sommet de l'UA, tenu à Kigali en 2017, une quarantaine de pays membres de l'Union sont partiellement ou intégralement «défaillants» en matière de paiement des cotisations, ce qui a provoqué un écart de financement important entre le budget prévu et le financement réel. Ce déficit est comblé par des donateurs et des contributeurs, notamment la Banque mondiale, la Chine, la Turquie et l'Union européenne, a-t-on ajouté. En ce sens, le Conseil exécutif de l'UA a exhorté les pays ne s'acquittant pas de leurs cotisations à faire montre d'engagement et de discipline, suggérant en même temps de revoir le barème des sanctions à l'encontre de ces Etats membres défaillants. Pour rappel, lors du sommet de Kigali, une décision a été prise pour demander à tous les Etats membres de l'UA d'appliquer le prélèvement de 0,2% sur les importations pour financer l'Union africaine. Dans ce sillage, le président de la Commission de l'UA, Moussa Mahamat Faki a fait savoir que 23 Etats membres de l'Union appliquaient déjà ou étaient sur le point d'appliquer la taxe de 0,2% sur les importations éligibles, faisant observer que «sans une autonomie financière, l'ambitieux agenda 2063 ne sera qu'un catalogue de bonnes intentions et notre prétention au leadership continental et à l'appropriation africaine restera un vœu pieux».