L'édition romanesque en Tamazight vient de s'enrichir avec la parution du roman «Pluies d'or» de Mohamed Sari déjà édité par les éditions ‘Chihab' en langue française. grâce à l'apport du HCA, plus d'une centaine de romans en Tamazight ont été édités à ce jour. Une dynamique sans précédente a été soufflée par le très dynamique Si El Hachemi Assad, SG de cette institution. Cette nouvelle traduction vers le Tamazight du roman «Pluies d'or» de l'écrivain Mohamed Sari, publié sous le titre «Igefran n Wuregh», est une œuvre traduite par Habib Allah Mansouri. «Pluies d'or», qui avait reçu le Prix «Escale littéraire d'Alger» en 2016, Paru aux éditions Chihab a été coédité, dans sa version tamazight par le Haut commissariat à l'Amazighité (HCA) et les éditions Chihab. «Pluies d'or» explore les causes de la violence dans la société algérienne actuelle, à travers plusieurs histoires et à différents époques ayant balisé les grands bouleversements sociétaux. A travers «El Mahdi», principal personnage du roman, l'auteur se lance dans la recherche des sources de la violence chez ce jeune imam autoproclamé, semant à la fin des années 1980 la terreur extrémiste dans son village, aidé de ses adeptes, «Les compagnons de la chamelle», pour asseoir son «autorité» au moyen d'une purge religieuse. Enfant battu, rejeté par son père – également très violent avec son épouse – El Mahdi a vécu dans les rues et mausolées du village, rongé par le doute sur l'identité de son père biologique. El Mahdi ira jusqu'à défier les sages et l'imam du village en occupant par la force le minbar de la mosquée, dans une tentative de faire régner la «loi islamique» selon sa propre interprétation de la religion. Assurés de l'impunité, «les compagnons de la chamelle» se mettront ainsi à brûler postes de télévision et de radio, instruments de musique, et arracher les antennes «paradiaboliques», semant la terreur et le doute parmi les villageois malgré la réaction musclée d'anciens combattants de la guerre de libération poussés à bout par ces «redresseurs de torts». Autour du destin d'El Mahdi, se greffent d'autres récits comme celui de son père, Cheïkh M'barek, un charlatan «fécondateur de femmes stériles», croyant dans son délire détenir le pouvoir de ressusciter les morts, du moudjahid Amar Kerrouche – «signant des attestations d'ancien combattant à qui flatte son ego» – ou encore l'histoire du commerçant Djilali Boulahbal «descendu en ville prendre sa part du butin» après l'indépendance. L'auteur fera croiser ces destins une génération plus tard pour dépeindre une époque où les jeunes deviennent extrémistes, victimes de l'extrémisme ou plus simplement candidats à l`exil, en quête d'une vie meilleure ailleurs. Entre fiction et réalité, Mohamed Sari restitue une atmosphère empreinte d'une violence extrême, faite de «descentes» opérées par «Les compagnons de la chamelle» dans les maisons closes et les cités universitaires, et l`ignorance de ces derniers dans leur quête de miracle et d'un «tunnel magique menant à la Mecque». Né en 1958 à Cherchell, Mohamed Sari est professeur d'université et traducteur de grands écrivains algériens à l`instar de Assia Djebbar, Yasmina Khadra Mohamed Dib, Anouar Benmalek Malika Mokaddem. Il est l'auteur de romans en Arabe et en Français, notamment «La tumeur», «La carte magique» ou encore «La pluie», et d'essais sur la critique littéraire.