Les populations des zones rurales de la wilaya de Tissemsilt restent fortement attachées à leurs traditions et coutumes pour célébrer l'Achoura, le 10e jour du mois de Mouharram marquant l'avènement de la nouvelle année hégirienne. Les familles résidant dans les zones rurales, comme ceux de la localité de Djouza, relevant de la commune de Sidi Abed, considèrent cette journée comme étant particulière, car signifiant la consécration des valeurs de bienfaisance et de charité au sein de la société. Cette zone rurale, distante de 20 km du chef lieu de wilaya, conserve les traditions et les coutumes ayant résisté aux aléas du temps et aux vents du modernisme. La célébration de l'Achoura est marquée par l'organisation, l'espace d'une journée, des spectacles de fantasia et la lecture collective du Livre saint (Coran) suivie de Dikr et des séances de Madih, louant les qualités du Prophète Mohamed (QSSSL). A Djouza, lors de cette fête religieuse, les visiteurs, les invités des autres wilayas, celles de Tiaret et Chlef notamment, les pauvres et les personnes sans abris sont accueillis sous des tentes. Ils savourent un couscous généreusement offert par la population locale, dans un élan de solidarité, de générosité et de ferveur. Interrogé par l'APS, Bouziane Chérif, un des notables de cette région rurale, a souligné que dans sa localité, «l'Achoura est une fête ayant une saveur et une dimension particulières». «Toutes les familles de Djouza participent à la préparation du plat de couscous que l'on distribue aux convives et aux pauvres. Les habitants du village procèdent également à la collecte de denrées alimentaires et des quartiers de viande que les notables distribuent aux familles démunies des localités avoisinantes comme Sidi Abed, Tissemsilt et Ouled Bessam», a-t-il dit. Cette journée particulière permet aussi aux sages et chouyoukh de la région de réconcilier et régler les différends entre membres d'une même famille, entre voisins et entre amis. Une ambiance de souk A Djouza, comme dans les autres localités rurales de la wilaya, la fête de l'Achoura est marquée par une activité commerciale particulière. Les services communaux de Sidi Abed consacrent un espace qu'ils mettent à la disposition des commerçants pour écouler leurs marchandises. Dans ce souk, on trouve de tout : fruits, légumes, produits d'artisanat, tapis, tissages, poterie et même des produits du terroir comme le pain et gâteaux traditionnels. Cet espace connaît une animation et une ambiance particulières. Les badauds ne viennent pas seulement acquérir ce dont ils ont besoin, mais surtout pour se revoir, rencontrer des connaissances que l'on a perdu de vue ou tout simplement flâner juste pour le plaisir des yeux. Hadj Bentamra, un artisan-potier de la commune de Sidi Abed, reconnaît que cette fête religieuse est une occasion propice pour faire la promotion et la vente de ses produits du terroir qui connaissent un certain engouement. «L'Achoura me permet de gagner la confiance de nouveaux clients des autres communes de notre wilaya. Ma notoriété s'étend au-delà de ma localité», a-t-il ajouté tout enthousiaste. Ces activités commerciales ne se limitent pas seulement aux denrées alimentaires et artisanales, mais s'étendent aussi aux parfums et essences traditionnelles, aux encens, aux plantes médicinales et aux jouets pour enfants. «Tout un bric-à-brac où chacun trouve ce dont il cherche», a expliqué Benkhedda, un jeune sans-emploi. L'autre attraction est celle des «halqate» où, des poètes du Melhoun et de conteurs tentent de captiver l'attention des visiteurs afin que leur «tour de scène» s'achève par des pièces de monnaies et parfois un ou deux billets que l'on offre aux «artistes» les plus convaincants et talentueux.