Des troupes de théâtre ont été créées dès les premières décennies du siècle dernier dans plusieurs villes d'Algérie. Le 4e art s'est ancré dans ces villes dont Oum El Bouaghi. Depuis 2012, le Théâtre Régional d'Oum-Bouaghi n'a cessé de produire et d'assurer les représentations à travers tout le territoire et hors de ses frontières. Sa carte de crédit (d'estime) plaide pour lui, pour la bonne qualités de ses produits artistiques. Très jeune et sans expérience, malgré les insuffisances financières, celui-ci a résisté et n'a pas abdiqué. Ses troupes ont sillonné toutes les routes et les villes d'Algérie pour montrer ce dont ils sont capables. Contre vents et marrées, le Théâtre Régional d'Oum-Bouaghi a monté une trentaine de productions, grâce à ses enfants, qui travaillent à l'ombre, loin des lumières et loin des devants de la scène. Une longue histoire Le théâtre dans les villes d'Oum-El-Bouaghi et Aïn Beïda n'est pas nouveau, mais il a une longue histoire malheureusement omise volontairement ou involontairement. Pendant la période coloniale, parallèlement aux français, des jeunes autochtones s'étaient démarqués de la culture coloniale en créant leur théâtre. Ils ont présenté des pièces de théâtre en arabe dialectal ou classique pour se divertir et divertir la population, leur faire oublier leur quotidien douloureux et difficile, pour dénoncer les travers du système colonial, la vie précaire, la misère et l'enfer qu'ils enduraient et surtout sensibiliser et mobiliser le peuple pour se révolter contre l'occupant. Le théâtre était un art au service des autochtones qui s'en servaient pour dire leur vie, leurs joies, tristesses et leurs angoisses. La période coloniale, malgré tout ce qu'elle comportait de néfaste, offrait des espaces de béatitude à l'art dramatique et au genre lyrique. Certaines traces d'écrits existent jusqu'à nos jours et témoignent de l'existence d'un théâtre algérien pendant l'occupation, à l'image de La Dépêche de Constantine, qui a rapporté dans son édition du 07 juin 1922 les prouesses de la troupe «Ennadjah», une troupe théâtrale, qui s'était illustrée grâce à ses comédiens dont Khelifa Ahmed, Bererhi Chérif, Zemmouchi Med Salah, Berarhi Allaoua et Abderrahmane Boughalem. A l'époque, Ils avaient joué alors la pièce intitulée «Dans Les Ténèbres du château septentrional», une pièce qui a subjugué en son temps le public de la ville. Certes, le théâtre à l'époque n'était pas si développé comme à nos jours, mais avait joué un grand rôle dans la prise de conscience et la mobilisation du peuple algérien à prendre les armes contre le colonialisme et à libérer son pays. La mémoire d'une région Ce quatrième art a connu ses beaux jours même avant le recouvrement de l'indépendance, grâce à d'autres jeunes, tous issus du lycée franco-musulman (aujourd'hui Hihi El Mekki, de Constantine) , qui avaient repris le flambeau pour présenter des pièces théâtrales dans la salle «Le Régent», transformée actuellement en théâtre régional d'Oum-Bouaghi. Ces comédiens ont pour noms Saouli Lazhar, Zouaoui Khennouchi, Saouli Miloud, Mokhtar Amokrane (décédé), et d'autres encore. Tous ont fait carrière dans l'éducation. C'étaient de brillantes étoiles qui avaient illuminé le ciel culturel de la ville. Il faut noter que Cheikh Sadek Belkebir a écrit des pièces burlesques pour la Radio algérienne durant la colonisation. La wilaya d'Oum-Bouaghi a une histoire du théâtre à écrire, avant que les preuves ne s'effacent et que la mémoire d'une région ne tombe dans l'oubli à jamais.