La rue est aussi insatiable. Elle ne s'est pas contentée uniquement du rejet de l'option de Gaid Salah, qui servirait surtout à gagner du temps et assurer le maintien du système tant décrié en place. Le sixième vendredi de la contestation populaire pour le départ du système a drainé une grande foule. Encore une fois à Bouira, la rue est unanime. Elle refuse l'application de l'application de l'article 102 de la Constitution, à laquelle a appelé Gaid Salah, chef d'état-major. La rue est aussi insatiable. Elle ne s'est pas contentée uniquement du rejet de l'option de Gaid Salah, qui servirait surtout à gagner du temps et assurer le maintien du système tant décrié en place. Mais elle a exigé son départ au même titre que tous les hauts responsables, que ce soit dans la sphère politique ou économique, qui symbolisent le système politique en place depuis l'indépendance. «S'ils croient que nous renonçons, ils se trompent beaucoup. Nous n'allons pas baisser les bras jusqu'à ce qu'ils partent tous. Une chose est certaine aujourd'hui, ils ne peuvent pas nous berner. Le peuple s'est réveillé. Ils ne veulent pas que nous soyons éveillés et surtout unis. L'union du peuple fait peur au pouvoir», a déclaré un manifestant, la soixantaine, qui participé à toutes les marches organisées à Bouira depuis le 22 février dernier. Des dizaines de milliers de personnes étaient au rendez-vous hier, au chef-lieu de wilaya, pour réitérer ce qu'ils revendiquent depuis plus d'un mois. Si la marche d'hier était un peu dispersée au début, car plusieurs carrés ont pris différentes directions, la foule s'est rassemblée pour prendre d'assaut l'ancienne ville. La marée humaine avance à pas lents et sûrs, et scande à tue-tête des slogans contre le pouvoir. Le nom de Gaid Salah a été cité à maintes reprises par les manifestants. «L'application de l'article 102 ne réglera pas le problème, et ne répondra pas à la revendication populaire. Le pouvoir doit comprendre une chose, la rue ne se calmera pas. Le changement de ce système politique, qui a pris en otage le pays, doit disparaître. Nous voulons une nouvelle Algérie, dans laquelle nos droits seront garantis et dans laquelle aussi nous allons vivre dignement», dit un jeune manifestant. Pendant plus de deux heures, des dizaines de milliers de marcheurs ont fait vibrer les rues et boulevards de la ville de Bouira. Durant toute la semaine, la mobilisation était intacte. Il ne se passe pas une journée sans qu'une foule ne se rassemble à l'esplanade de la maison de la culture Ali Zaâmoum, qui est en passe de devenir un carrefour de la contestation.