La mise sous mandat de dépôt de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout, Président et Directeur général de CIMA Motors, ses deux frères Rachid et Hamid et son fils Billel, ainsi qu'un grand nombre de fonctionnaires accusés d'être impliqués dans les affaires de corruption n'a pas tardé à provoquer un climat de crainte et d'incertitude au sein du groupe Tahkout. Après la nouvelle de la grève anarchique, décidée unilatéralement par certains employés du groupe et qui a paralysé le transport universitaire depuis la journée de lundi dans plusieurs wilayas, en pleine période des examens des étudiants, une trentaine de succursales de Cima Motors, filiale du groupe Tahkout qui commercialise les véhicules de marques Hyundai au niveau national ont été fermées ces jours-ci, selon des sources proches de l'entreprise. Ces sources précisent que la gestion commerciale sera centralisée à la Direction nationale du groupe à Alger, en attendant de voir la suite que la justice donnera au patron du groupe, ou la nomination d'un nouveau directeur général pour gérer les affaires de l'entreprise. «Cette mesure aura des répercussions très négatives sur le plan commercial. Les employés et les partenaires du groupe sont très inquiets quant à l'avenir de l'entreprise. Ils ne savent plus quoi faire. L'incarcération des responsables a créée une panique au sein du groupe. Nous espérons que les choses se stabilisent pour que l'entreprise retrouve un rythme de travail serein», déclare un des cadres de CIMA Motors contacté dans la journée d'hier. En revanche, l'activité de Tahkout Manufacturing Company (TMC), autre filiale du groupe Tahkout spécialisée dans le montage des voitures de marque Hyundai continue son activité le plus normalement du monde. D'ailleurs, TMC est inclue dans la liste établie ce mois-ci par le ministère de l'Industrie et des Mines des importateurs de kits CKD/SKD nécessaires pour le montage de voitures. Elle est autorisée à monter quatre modèles de la marque, à savoir i10, i20, Accent RB, Sonata, Creta, Santa Fe ainsi que Tucson. A rappeler que Mahieddne Tahkout a été mis en détention provisoire, en compagne de ses deux frères Rachid et Hamid, ainsi que son fils Billel, tôt dans la matinée de lundi par le tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Il est accusé de plusieurs chefs d'inculpation dont le blanchiment d'argent, corruption et dilapidation de deniers publics. 16 autres personnes, dont de hauts fonctionnaires de l'administration publique et hauts cadres d'entreprises publiques accusés dans les mêmes affaires et de complicité ont été également mises sous mandat de dépôt, et 7 autres sous contrôle judiciaire. Le tribunal précise que le dossier de neuf prévenus a été – compte tenu de leurs fonctions – transféré au procureur général près la Cour d'Alger pour «prendre les mesures adéquates à leur égard». Il s'agit d'un ex-Premier ministre, deux ministres, un ministre en poste actuellement, cinq ex-walis et deux walis toujours en fonction. «Ils sont accusés de blanchiment d'argent, détournement de biens produits de revenus criminels de corruption en vue de dissimuler leur origine illicite à la faveur d'un groupe de malfaiteurs, incitation d'agents publics à exploiter leur influence réelle ou supposée dans le but de bénéficier de privilèges indus, bénéfice du pouvoir et de l'influence des agents de l'Etat, des collectivités locales, des entreprises et institutions publiques soumises au droit public, d'entreprises économiques publiques, d'établissements à caractères industriel et commercial (EPIC) durant l'établissement de contrats et de transactions en vue d'augmenter les prix et de modifier en leur faveur la qualité de la matière, des services et de l'approvisionnement», selon le communiqué signé par le procureur général Fayçal Bendaas.