L'hiver s'installe pendant que retombe la fièvre de la qualification à la coupe du monde qui n'a finalement pas été prolongée outre mesure, même si les velléités n'ont pas manqué. L'hiver alterne pluie et nuages secs avec des intermèdes ensoleillés. Tout est dans le ciel algérien, parce que sur son sol, il ne se passe rien. Il y a bien une élection présidentielle en perspective qui aurait pu nous occuper mais elle est encore trop imprécise pour être le centre du monde. On a beau dire, l'Algérien aime l'information. S'il se charge de faire la sienne par la rumeur ou le bobard, c'est parce que précisément, on ne lui donne pas les bonnes nouvelles. Si les rumeurs ne suscitent pas son enthousiasme, c'est que, une fois n'est pas coutume, ce n'est pas lui qui a été le génial auteur et l'heureux inspirateur. C'est qu'il sent ça «spontanément», comme on dit pour les marches dans les mouhafadate FLN ou dans les commissariats de police. Il veut bien se faire embarquer mais il faut qu'il le sache au moins. Par contre, là, il ne sait rien. On lui dit quarante choses à la fois. Une chose et son contraire, et plus compliqué encore, le contraire avant la chose. En plus, il n'y a pas que les «informations» qui entretiennent la torpeur de l'Algérien, entre deux passages brumeux, une pluie rachitique mais suffisante pour faire le déluge, une éclaircie ensoleillée toujours brûlante même à l'approche de décembre et un nuage de fumigènes et sa géniale traduction vers l'arabe classique : les «jeux de feu». Ces derniers temps, non seulement l'Algérien a l'impression qu'il y a trop de jeux autour de lui, voilà qu'en plus on a fait un «jeu» de «pétards» qui n'inspirent que le danger. Et de… feu ! Il n'y a pas que ce qu'on lui dit qui ne l'emballe pas, il y a aussi maintenant le problème de «ceux qui disent». A chaque fois que quelqu'un semble annoncer quelque chose d'important, un autre, qui est censé penser la même chose, annonce le contraire. Et quand ils disent la même chose, il y aura toujours un troisième pour douter ou un quatrième pour dire que ce n'est pas celui qui devait dire qui a dit. Tenez, l'acte de candidature à l'élection présidentielle par exemple. Tous les jours l'algérien entend que tel est candidat, qu'il n'est pas candidat, qu'il est possible qu'il soit candidat et qu'il est possible qu'il ne soit pas candidat. Et ce n'est jamais les candidats qui annoncent leur… candidature mais ceux qui ont y intérêt, sans avoir l'information ! C'est fou ce que ce début d'hiver nous a révélé comme faux frères. On les attendait soudés autour d'une même cause, les voilà qui disent la même chose… en s'affrontant à coups de ceinturon. Il fait de plus en plus froid, et on comprend de moins en moins ce qui va nous arriver. Il y a la pluie, il y a le brouillard et la coupe du monde est encore loin. On n'est même pas sûr que Vahid Hallilodzic va rester jusqu'au printemps. C'est quand même fort qu'un entraîneur ne parte pas en coupe du monde avec la sélection qu'il a qualifiée, non ? Oui, nous sommes les plus forts. Sinon on ne dirait pas de quelqu'un qu'il est candidat à l'élection présidentielle avant lui. On ne dirait pas non plus que le sélectionneur de la sélection nationale de foot est partant alors que lui et le président de la FAF disent qu'il va rester. Cet hiver, même s'il ne fait pas sérieusement froid, même si la pluie est rachitique, même s'il y a plus de fumigènes que de brouillard, on s'en souviendra. [email protected]