Les autorités turques ont étendu samedi aux secteurs bancaire, des télécommunications et à la télévision officielle la purge massive qui touchait jusqu'à présent la police et la magistrature, nouvelle conséquence du scandale de corruption entachant le gouvernement. Trois responsables hauts placés de l'organisme de surveillance bancaire de l'agence turque de régulation bancaire (BDDK) ont été destitués et cinq chefs de service de la Direction des télécommunications (TIB) ont été démis de leurs fonctions, selon les médias locaux. Une douzaine de personnes, dont des rédacteurs en chef et responsables de secteur, ont aussi été licenciés au sein de la chaîne télévisée d'Etat TRT, selon les mêmes médias. Depuis que le parquet d'Istanbul a lancé un coup de filet anticorruption dans l'entourage du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, ce dernier mène une guerre ouverte contre son ex-allié Fethullah Gülen qui dirige une puissante confrérie religieuse omniprésente dans la police et la magistrature. Selon le journal Hürriyet, cette nouvelle vague de licenciements, après la destitution de vingt procureurs jeudi et de plus de mille policiers depuis mi-décembre, ferait suite à la divulgation d'enregistrements supposés appartenir à Fethullah Gülen. Nous avons des hommes au BDDK, a écrit le journal, citant l'un des intervenants sur ces enregistrements. Vendredi, le Fonds d'assurance des dépôts d'épargne (TMSF) saisissait aussi les avoirs du candidat aux élections municipales à Istanbul du Parti républicain du peuple (CHP), principale formation d'opposition en Turquie, arguant qu'il n'avait pas, avec neuf autres créanciers, remboursé un prêt de 3,5 millions de dollars contracté en 1998, toujours selon Hürriyet. Pour le candidat du CHP à la mairie d'Istanbul, Mustafa Sarigul, cet incident n'est rien d'autre que l'instrumentalisation, par des gens paniqués, des institutions de l'Etat à des fins politiques, a-t-il déclaré vendredi, cité par le journal. Mustapha Sarigul passe pour être le principal rival du maire sortant d'Istanbul, Kadir Topbas membre du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir depuis 2002, pour les élections du 30 mars. Bien que l'image de l'AKP a été ternie par le scandale de corruption qui implique des hommes d'affaires ainsi que des fils d'anciens ministres, les sondages actuels créditent M. Topbas, qui brigue un troisième mandat, de jusqu'à 45% des intentions de vote.