En dépit du froid, tout ce que la capitale de la Mekerra compte comme enfants, jeunes et hommes, tous fêtent le Mawlid ennabaoui. L'occasion n'est pas fortuite : il s'agit de la naissance du Prophète (QSSL). Ainsi, cette célébration reste pour beaucoup d'habitants de la ville une occasion incontournable de fêter la naissance du Prophète et passer une soirée animée en famille ou entre amis. Les jours qui précèdent la fête, les mères de famille préparent des gâteaux traditionnels, comme la tammina ou teknata, appelée ainsi à Sidi Bel Abbès et qui est à base de semoule, de pois chiches moulues et de miel. Pour el hadja Nedjma, la fête du Mouloud à Sidi Bel Abbès a toujours été l'occasion pour se réunir, mettre le henné et chanter le madh. La fête commence par des youyous que les femmes lancent dès le début du crépuscule. Le matin, on prépare les msemen, des gâteaux à base de semoule et imbibés de miel. D'autres gâteaux traditionnels sont également au menu, comme kahb ghozzal et kerouiche. Les enfants portent des tenues traditionnelles comme la chedda pour les petites filles, les caftans, redda et les tenues d'émirs pour les garçons. Au déjeuner, le berkoukès aux légumes secs et à la viande est le premier plat servi, suivi du rogag, une sorte de feuillets de pain très fins servis avec les tadjin au poulet. La fête commence l'après-midi, avec l'arrivée de tous les membres de la famille qui se réunissent et chantent les madihs. Les hommes sont dans une pièce avec un cheikh et des medahine, alors que les femmes dans une autre avec des médahate. Du thé et des gâteaux décorent les tables jusque tard dans la soirée, voire la nuit. Ce qui permet de continuer la fête en teksira, en allumant des bougis de toutes couleurs et de la tebkhira, sorte d'encens traditionnel originaire de La Mecque, pour «accueillir les anges dans les maisons», selon el hadja Nedjma. Pour les enfants, les pétards restent toujours le signe le plus significatif de la période du Mouloud. Des jeux dangereux qui ne cessent d'étonner, de blesser et d'effrayer par l'ampleur qu'ils prennent. Pour Fethi, un enfant de 12 ans, «le Mouloud ne doit en aucun cas passer sans les pétards». Meme sices dernierssuscitent panique et agitation auprès des foules, particulièrement les femmes et les jeunes filles qui sont souvent la cible des enfants turbulents. Pour Zahia, «les pétards empêchent les familles de jouir réellement de la fête de la naissance de notre Prophète». «Dehors, le centre-ville connaît, en cette fin de semaine, une double explosion, celle des pétards et du négoce informel», continue-t-elle. En effet, pour la circonstance, la rue a repris son ancien statut de marché illégal et tout le monde s'apprête à fêter le Mouloud, mais surtout avec les pétards.