Depuis quelques semaines, les prix des produits alimentaires connaissent une flambée sans précédent sur tout le territoire national. Jusque-là, les augmentations étaient liées aux fêtes religieuses, comme l'Aïd ou encore le mois sacré du Ramadhan. Mais depuis quelques jours, on assiste à un phénomène tout nouveau. Une augmentation de plus de 20% a été opérée, sans aucun préavis, grevant un pouvoir d'achat de plus en plus affaibli. Le simple fonctionnaire n'arrive pas en effet à joindre les deux bouts. Les produits de large consommation ne sont plus accessibles à tout le monde et les raisons de cette flambée demeurent énigmatiques. En d'autres termes, les prix des produits nécessaires poursuivent leur ascension vertigineuse, mais le salaire national minimum garanti (SNMG) stagne à 12 000 DA. Même les produits subventionnés ne sont pas épargnés Une virée dans différents marchés de la capitale nous amène à une évidence : les denrées alimentaires deviennent inabordables. Les ménagères ne sont cependant plus étonnées de constater une hausse du jour au lendemain. Une anarchie totale règne dans le marché national. Le plus pénible déjà a été de supporter l'augmentation ayant touché l'huile de table, qui est passé de 350 DA à 750, voire 950 DA, pour la bonbonne de 5 litres. La colère qui s'en est suivie aurait pu créer une large manifestation des consommateurs, mais ces derniers ont fini par s'adapter à ce changement. En fait, dans cette lancée vertigineuse rien n'est épargné. La hausse est généralisée et tous les produits basiques sont touchés. Le lait, le sucre, les œufs, les légumes, les fruits, les viandes rouges et blanches, le poisson et jusquà la sardine. Les produits halieutiques ont connu une hausse considérable, allant de 120 DA à 300 DA, à la pêcherie d'Alger. Les crevettes et le merlan passent à 1200 DA, alors que le kilo de viande se chiffre entre 850 DA et 1050 DA. Les légumes, y compris ceux de saison, ont été touchés par cette envolée. La pomme de terre et la carotte à 60 DA, la courgette à 80 DA, le petit pois à 120 DA, l'oignon à 50 DA, le fenouil à 100 DA, alors que le haricot vert est cédé à 250 DA/kg. La laitue s'affiche à 140 DA, la tomate à 90 DA et l'aubergine à 75 DA. Les fruits sont un luxe que le simple consommateur ne peut plus se permettre. La banane est vendue entre 100 DA et 150 DA, l'orange à 120 DA et la pomme entre 170 DA et 250 DA. Les spéculations à l'origine de la hausse Les facteurs de cette flambée sont multiples. Les intervenants dans la chaîne de distribution du secteur se renvoient la balle et chacun rejette la responsabilité sur l'autre. Les grossistes accusent les détaillants, et ces derniers n'admettent pas cette responsabilité. Et l'absence de contrôle vient couronner le tout. Face à cette situation, certains estiment que «c'est les grossistes qui accaparent le marché et font la loi». Pour leur part, les agriculteurs imputent cette situation à la cherté des intrants, dont les semences importées, et aux conditions climatiques peu favorables. Les pêcheurs évoquent, de leur côté, le mauvais temps qui ne plaide pas pour une bonne production halieutique. Les pouvoirs publics, quant à eux, expliquent cette hausse par les «spéculateurs» qui profitent d'une forte demande. La création des offices interprofessionnels pour réguler certaines denrées alimentaires, annoncée récemment par les ministères du Commerce et de l'Agriculture, est plus qu'une nécessité pour mettre un terme à ces pratiques.