Fraichement désigné à la tête de la barre technique du CR Belouizdad en compagnie de Hocine Yahi, le revenant Mohamed Henkouche nous parle à travers cet entretien du grand défi qui l'attend avec le club de Laâqiba. Quand les dirigeants du CRB vous ont proposé de prendre en main leur équipe, avez-vous hésité à dire oui ? Absolument pas. Vu les circonstances, je n'aurai jamais pu dire non. Quand les supporters du CRB m'avaient accosté lors de l'enterrement de l'ancien président du club Mohamed Lefkir, que Dieu ait son âme, pour me demander de revenir, j'ai ressenti beaucoup d'émotion. Pour moi, c'était un coup de cœur. C'est quand même un sacré défi qui vous attend avec le Chabab qui reste plus que jamais menacé par une relégation en Ligue 2... Ceux qui me connaissent bien vous diront que je suis quelqu'un qui aime les défis. Quand j'ai entraîné pour la première fois le CRB, en 2008, je me souviens que des journalistes m'avaient demandé à l'époque comment j'allais faire pour gagner des matches avec le groupe que j'avais en main, tellement ils sous-estimaient mes joueurs. Une année après, cette même équipe remporte la Coupe d'Algérie et finit quatrième en championnat. Je sais que cette fois c'est un peu différent parce que l'équipe joue la relégation. Il ne reste que dix journées à disputer. Mon premier adversaire sera donc le facteur temps. Cela dit, on essayera avec Hocine Yahi de faire tout le nécessaire pour remettre le CRB sur orbite et lui éviter le pire. Justement, en parlant de Hocine Yahi, aura-t-il les mêmes prérogatives que vous ou sera-t-il tout simplement votre adjoint ? Je n'aime pas le qualificatif d'entraîneur adjoint, pour moi, c'est péjoratif. Je préfère plutôt dire que Yahi est mon collaborateur comme je l'ai signifié aux dirigeants du CRB en sa présence. Yahi l'a-t-il mal pris ? Non, au contraire, Yahi s'est comporté comme un gentleman. Il m'a fait savoir que par respect à mon âge et à ma longue expérience, il ne trouvait aucun mal que je sois le chef. Certes dans un staff technique, il ne peut y avoir plusieurs chefs, mais je peux vous assurer que l'apport de Yahi sera important. Comment s'est passée aujourd'hui votre première prise de contact avec les joueurs ? Dans quel état d'esprit étaient-ils ? Je vous mentirais si je vous dis qu'ils avaient le moral gonflé à bloc. J'ai pu voir leurs visages blêmes. Psychologiquement, ils m'ont semblé liquéfiés. Mais j'ai tout de suite commencé à détendre cette atmosphère morose qui régnait à l'entraînement a travers un discours rassurant. J'ai dû même user de mon humour pour les décrisper un peu. Et je peux vous dire que j'ai déjà réussi à les faire sourire. C'est de bon augure pour la suite. Selon vous, où se situe le mal au CRB ? Contrairement à ce que pensent beaucoup, ce n'est pas un problème d'effectif. Comme dit l'adage «il n'y a pas de mauvais élèves, seulement de mauvais maîtres». Je pense que cette équipe a été mal prise en charge depuis le début de saison. Les joueurs ont eu du mal à assimiler les méthodes de travail que leur ont été inculquées. Ils ont fini par perdre la joie de jouer. et avec la spirale des mauvais résultats, ils ont été gagnés par le doute. À présent, c'est un problème d'ordre mental. Il faut s'atteler d'abord à redonner confiance au groupe en mettant fin au blocage psychologique dont souffrent ces joueurs. Mettez-vous en cause le travail de vos prédécesseurs ? Je ne suis pas en train de dénigrer qui que ce soit, je ne fais que mon constat. La réalité est là. Le CRB-la relégation. Et si le club en est arrivé là c'est parce qu'il y a eu échec. Maintenant, notre mission Yahi et moi est de trouver la bonne formule pour remettre l'équipe sur rails. Je sais que ce ne sera pas facile. Mais tant qu'il y a une chance de sauver le club de la relégation, il faut la jouer à fond. Votre première sortie sur le banc de touche du CRB coïncide déjà par un match décisif contre le CABBA… C'est un match très important aussi bien sur le plan comptable que moral. Bien que nous ne disposions pas suffisamment de temps pour notre préparation, nous allons tenter d'aligner l'équipe la plus compétitive qu'il soit. Un dernier mot pour conclure ? Je profite de l'occasion pour lancer un appel à nos chers supporters pour les exhorter à soutenir leur équipe dans ces moments difficiles. Sans leur apport, ça risque d'être beaucoup plus compliqué. La situation est certes très délicate, mais je suis convaincu que le CRB finira par se tirer d'affaire.