Jamais compté parmi les stars au Real, Angel Di Maria s'est pourtant taillé une place de choix cette saison, au point que son physique affûté et sa technique tranchante devraient être encore indispensables mercredi en demi-finale aller de Ligue des champions face au Bayern. Di Maria, c'est l'histoire du second couteau devenu une pièce-clé du dispositif de l'entraîneur Carlo Ancelotti. Jadis cantonné sur le flanc droit de l'attaque madrilène, c'est-à-dire loin du ballon aimanté par Cristiano Ronaldo sur l'aile gauche, le joueur de 26 ans a pris une influence nouvelle avec son replacement au milieu de terrain, position qu'il occupait déjà en sélection argentine. Aux côtés de Xabi Alonso et Luka Modric dans le 4-3-3 merengue, Di Maria y fait admirer sa qualité de passe et son infatigable activité. Au point que ce joueur longiligne (1,80 m, 70 kg), qu'on surnomme "El Fideo" (le "Vermicelle"), est parvenu à exister malgré l'arrivée à l'intersaison de la star galloise Gareth Bale, désormais titulaire sur l'aile droite. Il a aussi réussi à faire oublier l'Allemand Mesut Özil, parti à Arsenal l'été dernier au moment où les supporteurs pariaient davantage sur un départ de l'Argentin, pressenti notamment à Monaco. "Le départ d'Özil était une décision technique. Je préfère Di Maria pour l'équilibre de l'équipe", s'est justifié par la suite Ancelotti. "Il a moins de qualités qu'Özil mais il a du dynamisme, du caractère et il avait ma préférence en raison de son apport." Attitude incomprise - L'apport de Di Maria, cette saison, c'est un total de 11 buts et 19 passes décisives toutes compétitions confondues. C'est aussi une activité inlassable dans l'entrejeu merengue: en début de saison, Ancelotti avait conseillé à Karim Benzema de prendre en exemple la débauche d'énergie de l'Argentin pour s'éviter les sifflets du stade Bernabeu. Apprécié pour son implication, Di Maria ne bénéficie toutefois pas de la reconnaissance dont jouissent les plus grandes stars du Real et son attitude a parfois été incomprise ou polémique. Comme lorsque, après un but, il s'est planté au milieu du terrain, dos à la tribune d'honneur, pour montrer son nom et son numéro aux dirigeants du club, geste interprété comme un défi. Ou bien comme début janvier où, contraint d'être remplacé en cours de jeu, le joueur s'est touché les parties génitales au moment de sortir du terrain, avant de présenter ses excuses. Mais l'Argentin s'est racheté par ses performances, notamment en ouvrant le score et en se montrant l'un des meilleurs Madrilènes lors de la finale de la Coupe du Roi remportée mercredi contre le FC Barcelone (2-1). "Di Maria a beaucoup travaillé aujourd'hui", a résumé Ancelotti, tandis que Di Maria a avoué être "très content de son rendement au sein de l'équipe". S'agissant du seul joueur au monde à évoluer régulièrement avec les deux derniers Ballons d'Or, Cristiano Ronaldo avec le Real et Lionel Messi avec la sélection argentine, Di Maria mérite peut-être davantage de reconnaissance qu'il n'en a à ce jour. Briller contre le Bayern Munich mercredi au stade Santiago-Bernabeu (18h45 GMT) lui permettrait sans doute de réparer cette petite injustice.