La moudjahida Evelyne Safir Lavelette est décédée hier à Médéa à l'âge de 87 ans, a rapporté hier l'APS. Ce fut une combattante du FLN juste après le déclenchement de la Révolution algérienne. Evelyne Lavelette est née à Alger en 1927, issue d'une famille de pieds-noirs. Elle a grandi à Rouiba. En 1951, elle a adhéré à l'Association de la jeunesse algérienne pour l'action sociale (Ajaas). L'association était composée de musulmans, de catholiques, de protestants, de juifs et de laïcs ; son but était l'éducation des jeunes, dans une vision réelle de l'Algérie d'alors. Elle avait découvert, durant son parcours d'adhérente, les conditions de vie des populations rurales «indigènes» et la pauvreté des secours publics par rapport à la population européenne. Elle a rencontré en même temps des responsables et des membres de tous les mouvements - scouts, étudiants, travailleurs et intellectuels - où «étaient abordés les problèmes quotidiens des jeunes : sociaux, culturels, économiques, ce qui l'a encouragée à rejoindre les rangs du FLN en 1955, une année après le déclenchement de la Révolution algérienne. Elle a participé par le biais de l'Ajaas à l'impression semi-clandestine d'une revue pro FLN dénonçant les injustices du colonialisme. Peu après, le FLN l'engage comme agent de liaison dans la tâche difficile de l'impression des tracts, du transport de matériel, de l'acheminement de colis et de l'hébergement à différentes reprises de combattants du FLN, parmi eux le colonel Ouamrane, le colonel Sadek, Krim Belkacem, Ben M'hidi, Mohamed Seddik Benyahia, Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda. La défunte moudjahida eut l'honneur de participer à l'impression du premier numéro du journal clandestin «El Moudjahid», l'organe de communication du FLN, et avait dactylographié pour le même journal un document épais sur le Congrès de la Soummam, l'appel à la grève des étudiants de février 1956 et la lettre de Ahmed Zabana, guillotiné en juin 1956, à ses parents. Arrêtée le 13 novembre 1956 par la police française, torturée, détenue à la prison d'Oran de 1956 à 1957, à Orléansville puis à la Centrale de Maison-Carrée, elle est libérée en 1959. À l'indépendance de l'Algérie, elle est élue à l'Assemblée constituante puis à la première Assemblée nationale en 1964, et a participé à l'étude et au lancement du système éducatif. En 1967, elle épouse le journaliste Abdelkader Safir, l'un des éminents pères du journalisme algérien. Rappelons que le défunt Abdelkader Safir était parmi les premiers à dénoncer les événements du 8 Mai 1945. Ses écrits sur cette tragédie sont pris pour référence son aptitude de reporter et un talent hors du commun. Il est mort le 13 janvier 1993. Mme Evelyne Safir Lavelette occupera à partir de 1968 jusqu'à sa retraite diverses fonctions au ministère du Travail et dans l'administration locale. En 2003, elle a publié son autobiographie «Juste algérienne… comme une tissure». Elle a témoigné dans son livre avec tendresse et poésie son engagement pour l'Algérie et les grands moments de sa vie dans ce pays qu'elle a choisi avec conviction, ainsi qu'un témoignage sur la barbarie du terrorisme durant la décennie noire dans la région de Médéa où elle vivait.