En moins de cinq ans Ryad Mahrez est passé de Quimper, alors en CFA, à la Coupe du Monde au Brésil. Il y a cinq ans, le gamin de Sarcelles qui jouait en U19 (PH) débarquait à la gare de Quimper pour effectuer un match d'essai avec une quinzaine d'autres joueurs dont les CV s'amoncelaient sur le bureau de Ronan Salaün. Le bagage était léger, mais la tête déjà pleine de rêves. «C'est Edern Le Lann qui avait eu des échos à son sujet par un éducateur et du coup, on l'avait gardé tout l'été comme intervenant pour animer nos stages, rappelle l'entraîneur quimpérois de l'époque. Il nous avait tapé dans l'œil par ses qualités techniques et malgré son côté un peu frêle, Yvon Kermarec (alors président du Stade quimpérois) avait accepté qu'on lui fasse signer son premier contrat fédéral. Le seul doute que j'avais, c'est qu'il avait échappé à tous ceux qui font du repérage autour des terrains.» Entre cette perle brute, formée au foot de rue, et un bijou qui ne demandait qu'à briller, il y avait du travail, mais Ryad Mahrez n'a pas rechigné à la tâche. «C'était déjà un gros bosseur, poursuit Ronan Salaün, très à l'écoute et toujours demandeur. Il avait mis six mois pour se mettre à la hauteur d'un difficile championnat de CFA et de devenir titulaire indiscutable. On lui a mis le pied à l'étrier, mais s'il est au Brésil aujourd'hui, il le doit à son travail et à ce qu'il a appris au Havre en quittant Quimper.» Que ce soit lorsqu'il signa son premier contrat professionnel au HAC, où l'hiver dernier quand son club, qui connaissait des difficultés financières, accepta de le laisser filer à Leicester, il ne manqua jamais d'appeler son premier coach, conscient qu'il lui avait permis de franchir la première marche. Persuadé qu'il jouerait au haut niveau, il affirmait à 18 ans : «Un jour, je jouerai à Barcelone.» Leader de la Championship (D2 anglaise) avec son club de Leicester City, il jouera la saison prochaine en Premier League. Grâce à sa bonne fin de saison en Angleterre, l'entraîneur algérien, Vahid Halilhodzic, séduit par ses qualités techniques, a décidé de l'intégrer dans sa sélection pour le mondial. Remplaçant contre la Corée du Sud (victoire 4-2) et la Russie (1-1), il avait joué 71 minutes contre la Belgique pour l'entrée des Algériens dans la compétition. Le rêve du petit gars de Sarcelles passé par Quimper a pris corps. Même si du banc touche, il n'a pas pu aider ses partenaires à renverser la situation contre l'Allemagne en 8e de finale.