Auteur mercredi d'un triplé contre le BATE Borisov (6-0), Yacine Brahimi flambe aujourd'hui avec le FC Porto. Un peu plus de deux ans après son départ de Rennes, son club formateur. Trente-neuf matches de Ligue 1, six buts : le bilan de Yacine Brahimi en Ligue 1 est ordinaire. La trace laissée en France sur les terrains de l'hexagone n'a rien d'indélébile, alors que son passage à Grenade (2012-2014) a emballé les supporters andalous. Pour le principal intéressé, la raison de son éclosion sur la péninsule ibérique est à chercher dans le style de jeu pratiqué en Espagne et au Portugal. «Je pense que la Liga me correspond plus, soulignait-il l'an dernier. Mon jeu est basé sur la technique, les changements de rythme, ici, il y a plein de joueurs de mon profil. Ça va vite, il y a beaucoup d'intensité. C'est tout cela qui me plaît, même la manière de penser ; toujours attaquer, c'est une philosophie de jeu qui me correspond.» Brahimi a également gagné en constance pendant ses deux saisons en Espagne. Un talent à la maturité tardive Brahimi a vécu quelques périodes agitées à l'INF Clairefontaine puis à Rennes, où il est arrivé en 2006. «Je l'ai convoqué plus d'une fois dans mon bureau. Avant, il voulait régler les choses à lui tout seul», notait en 2011 Jean-Claude Lafargue, formateur à l'INF. «Il y a eu des vérités à lui dire, témoignait Patrick Rampillon, le responsable du centre de formation breton. Avec certains éducateurs à Rennes, ça a parfois clashé. Car s'il n'est pas breton, il peut être têtu !» «Bien sûr, à Rennes, il y a des personnes avec lesquelles ça s'est mal passé, ça a été dur mais tout cela m'a fait grandir, a reconnu cet été Brahimi. Ce sont des moments que je devais vivre.» Ancien manager de Rennes, Pierre Dréossi avait, lui, critiqué l'impatience du joueur après son transfert. «Je ne peux pas entendre qu'un Brahimi, qui a fait 30 matches en L 1 chez nous, veuille partir, avait-il pesté dans Ouest-France. J'ai envie de lui dire : ‘‘Mais qui tu es, toi, pour dire ça !''» Ralenti par les blessures Si l'international algérien, qui a contribué au bon parcours des Fennecs (huitièmes de finaliste) cet été en Coupe du monde, n'a pas explosé en France, c'est aussi parce que les ennuis physiques l'ont freiné dans sa progression lorsqu'il était à Rennes. Lors de sa dernière saison en Bretagne, sa blessure à une cheville contractée dès le début du mois d'août, lors d'un match de Ligue Europa, et les rechutes qui ont suivi l'ont éloigné des terrains pendant près de six mois. «C'est un joueur talentueux qui a eu la malchance de se blesser régulièrement. Il en avait été traumatisé, ce qui l'a rendu impatient», a expliqué lors de son départ son ex-entraîneur Frédéric Antonetti, avec qui il avait une relation compliquée. Rennes partage les torts Certains le jugent impatient et caractériel ? Brahimi aurait pu espérer davantage de temps de jeu à Rennes, surtout après son prêt convaincant à Clermont (8 buts en 34 matches de L2). C'est le constat qu'avait fait Dréossi lors du départ du joueur. «Il faut partager les torts, ce n'est pas le seul responsable. Cela nous a conduits à mettre en place une nouvelle organisation au centre de formation pour faire en sorte que nos joueurs arrivent plus vite en pro, mais aussi avec une autre approche.» Pour autant, les Rennais avaient conscience de posséder un joueur au potentiel énorme. En 2008, il avait signé un des contrats pros les plus élevés de l'histoire du club. «Je ne me fais aucun souci sur son avenir, lançait Antonetti dès 2011. D'ailleurs, à vingt-trois ou vingt-quatre ans, jouera-t-il toujours à Rennes ?» Des clubs de L1 frileux Quand il a quitté Rennes en 2012, Brahimi aurait pu rebondir dans une autre formation de L1. Mais aucun club français ne lui a vraiment fait la cour. Un désintérêt lié à sa dernière saison très discrète, ainsi qu'à son image. Un joueur alors considéré comme difficile à gérer et sur lequel les écuries de L1 n'ont donc pas voulu miser dans le contexte post-Knysna. Des formations étrangères (M'Gladbach, Grenade) étaient, elles, prêtes à tenter le pari. Un retour en France est-il possible ? Les prouesses réalisées à Porto par Brahimi en font actuellement un joueur trop cher pour presque toutes les équipes de L1. Sauf pour le PSG (ou Monaco ?). Originaire de Montreuil, le milieu avait hésité à sa sortie de l'INF à rejoindre le centre de formation du club parisien. Le champion de France s'était aussi montré intéressé cet été par son profil. «Tout joueur rêve de jouer là-bas, surtout quand on est de la région, mais moi, je suis vraiment heureux d'être à Porto», affirmait pourtant dans L'Equipe Brahimi, dont le transfert à Porto avait été chapeauté par Jorge Mendes.