La Commission européenne (CE) a saisi l´Espagne pour les «mauvais traitements» infligés par ses forces de sécurité aux immigrés subsahariens qui ont réussi, récemment, à pénétrer dans la bande de séparation entre Melilla et le Maroc, située en territoire espagnol. Dans une lettre, «écrite sur un ton peu conforme aux usages diplomatiques», selon des milieux diplomatiques à Madrid, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Mme Cecilia Malmström, affirme que le 15 octobre dernier, «des immigrés ont été maltraités», exprimant sa «préoccupation», notamment au sujet des «agressions subies par des immigrés avant d´être expulsés sur-le-champ vers le Maroc». La commissaire européenne estime que «ces pratiques constituent une violation de la législation européenne», tout comme les expulsions dites à chaud sont «illégales». Le gouvernement Rajoy prépare actuellement un projet d´amendement de la loi sur les étrangers pour légaliser ce qu´il désigne par la formule «d´expulsion à la frontière». Hier, devant les représentants des 47 pays qui forment le Conseil de l´Europe, M. Fernández Díaz a tenu à répondre indirectement aux accusations portées par la CE contre son gouvernement. Après avoir mis l'accent sur le «caractère particulier de Ceuta et Melilla, comme unique frontière de l´Union européenne dans le continent africain», le ministre espagnol de l´Intérieur a estimé que «comme tout pays, l´Espagne est tenue de surveiller et de protéger ses frontières, obligation qui se déroule dans le plein respect des droits de l´homme qui prennent parfois une dimension tragique». M. Fernández Díaz a tenu à faire observer que son pays «est déjà, depuis plusieurs années, lié par des accords de coopération avec les pays d´origine et de transit en matière de lutte contre le trafic des personnes».