Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a rappelé avant-hier soir à Madrid à la communauté internationale ses responsabilités envers la question sahraouie, et la nécessité de mener des actions «rigoureuses» pour amener le Maroc à respecter la légalité internationale. «La situation actuelle met la communauté internationale, et à sa tête l'ONU, devant ses responsabilités face aux agissements du Maroc et son mépris de la légalité internationale», a indiqué le président Abdelaziz à l'ouverture de la 39e édition de la Conférence européenne de support et solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco), repris par l'APS. Il a ajouté que le peuple sahraoui, qui lutte pacifiquement pour son indépendance, a besoin d'une action internationale «rigoureuse» et davantage d'efforts en vue d'organiser le référendum d'autodétermination. Le président sahraoui a mis en garde, également, contre le risque de dégradation de la situation dans la région, à cause notamment du trafic de drogue provenant du Maroc, ce qui encourage et alimente les organisations criminelles et les groupes terroristes. Il a réitéré, en outre, son appel à renforcer le rôle de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) et élargir son mandat au contrôle des droits de l'homme, comme il a appelé à l'arrêt du pillage des richesses du Sahara occidental, la fin du blocus et celle du mur de séparation. M. Abdelaziz a réclamé la libération des prisonniers sahraouis détenus par le Maroc et appelé à faire la lumière sur les personnes disparues lors de l'invasion marocaine en 1975. Il a rappelé à cette occasion à l'Espagne les responsabilités historiques, politiques et légales qu'elle doit assumer en jouant un rôle efficace en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, en tant que force administrative et aussi comme pays influant au niveau européen. De son côté, le président de l'Eucoco, Pierre Galland, a dénoncé le fait que le peuple sahraoui soit toujours sous occupation marocaine, appelant à l'application du droit international et à assurer à ce peuple le droit à l'indépendance. Il a exhorté, également, l'ONU à élargir la Minurso à la question des droits de l'homme, au respect des ressources naturelles du Sahara occidental, comme il a appelé l'Union européenne à revoir sa position vis-à-vis de l'accord de pêche avec le Maroc, qu'il qualifie d'illégal. Pour sa part, le secrétaire général de la Fédération espagnole des institutions solidaires du peuple sahraoui (Fedissah), Antonio Lopez, a déclaré que «le peuple sahraoui n'est pas à vendre et a le droit, comme tous les peuples du monde, de jouir de tous ses droits». Il a déclaré, également, que «l'Espagne est responsable de la situation actuelle au Sahara occidental», l'appelant, à cet égard, à assumer ses responsabilités politiques morales envers les Sahraouis. M. Lopez a, par ailleurs, salué l'élan de solidarité avec la cause sahraouie qui s'élargit, en citant l'exemple de l'Eucoco qui a pris une dimension mondiale avec la participation de personnes venues du monde entier. Khaddad dénonce l'«obstination totale» du Maroc Le coordinateur sahraoui auprès de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), Mohamed Khaddad, a dénoncé à Madrid l'«obstination totale du Maroc envers la légalité internationale. S'exprimant en marge des travaux de la 39e Conférence européenne de support et solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco), M. Khaddad a rappelé que «le Conseil de sécurité de l'ONU, dans ses résolutions, a été clair en soutenant l'Envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et la poursuite des négociations en vue d'aboutir à une solution qui respecte le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». «Mais le Maroc refuse depuis 2012 les négociations et de coopérer avec l'ONU. Il a adopté une politique d'atermoiement et continue d'entraver les efforts de trouver un règlement au conflit», a-t-il déploré. Le responsable sahraoui a dénoncé également le chantage du Maroc qui menace de se retirer de la Minurso. «Non seulement il bloque la solution politique, il entrevoit la possibilité d'une reprise des hostilités», a-t-il dit. Face à cette situation, il appelé l'ONU à «agir en urgence pour que le processus (de négociations) soit remis sur les rails et pouvoir avancer vers une solution politique». M. Khaddad a, par ailleurs, critiqué la position de la France vis-à-vis du conflit sahraoui, regrettant le fait qu'il n'y ait pas de changement dans sa politique. «La France est égale à elle-même au Conseil de sécurité dans son refus de soutenir les efforts de l'ONU et de M. Ross afin de créer les conditions d'une reprise des négociations».