L'ONU et les défenseurs des droits de l'homme ont réclamé mardi des poursuites judiciaires contre les responsables américains après la publication d'un rapport du sénat américain sur les techniques d'interrogatoire utilisées par la CIA contre des détenus après le 11-Septembre. "Le rapport confirme ce que la communauté internationale savait", a indiqué Ben Emmerson, rapporteur des Nations unies sur les droits de l'homme, après la publication par le Sénat américain d'un rapport sur les techniques d'interrogatoires musclées utilisées par la CIA contre des détenus après le 11-Septembre. "Une politique a clairement été orchestrée à haut niveau dans l'administration (du président George W.) Bush, qui a permis des crimes systématiques et des violations flagrantes des droits de l'homme internationaux", a-t-il ajouté. Il est "temps d'agir et les responsables de cette conspiration criminelle doivent être présentés devant la justice", a-t-il souligné. "C'est un rapport scandaleux et il est impossible de le lire sans se sentir indigné par le fait que notre gouvernement a perpétré ces crimes atroces", a estimé Anthony Romero, directeur général de la puissante Union américaine de défense des libertés (ACLU). Toute poursuite paraît néanmoins peu probable. Un responsable du ministère de la Justice qui n'a pas été nommé a indiqué que, depuis 2009, deux enquêtes ont été menées sur mauvais traitements de prisonniers, qui n'ont pu recueillir de preuves suffisantes pour une inculpation. Le rapport du Sénat ne présente "aucune nouvelle information" pour les enquêteurs, a assuré ce responsable dans un communiqué. Le rapport du Sénat, très attendu, constitue le compte rendu le plus détaillé du programme secret même si de nombreux éléments étaient déjà connus du grand public. Selon les associations, il montre que les techniques utilisées ont violé à de multiples reprises les lois internationales et les droits de l'homme les plus basiques. Le programme "a donné le feu vert pour commettre impunément ce que la loi internationale sur la torture et les disparitions qualifie de crimes", a noté Steven Hawkins, directeur général de la section américaine d'Amnesty International. Le directeur général de Human Rights Watch, Kenneth Roth, a souligné pour sa part que le rapport "montre bien que les affirmations répétées, selon lesquelles des mesures drastiques étaient nécessaires pour protéger les Américains, n'étaient que pure fiction".