Les problèmes des espaces non-gouvernés, dont le terrorisme, sont des phénomènes qui se nourrissent de la fragilité des Etats, menaçant l'ordre international, a indiqué dimanche à Alger le président de l'ONG internationale "Global Crisis Group", Jean-Marie Guehenno. Les espaces non-gouvernés ou mal gouvernés sont d'une importance stratégique" et "un intérêt pour la communauté internationale dans son ensemble", a affirmé M. Guehenno qui a animé une conférence sur le thème "les problèmes des espaces non-gouvernés et le rôle des pouvoirs régionaux vs la communauté internationale pour y faire face". Parmi ces espaces, il a cité pour exemple des régions sur le continent africain, dont l'"axe est-ouest", allant de la Somalie à la Mauritanie, et l'"axe nord-sud", du Soudan du Sud jusqu'au Congo. "Les régions échappant relativement au contrôle des Etats, ne peuvent être ignorées, et la croissance de ces espaces pose un problème pour l'ordre international basé sur la souveraineté des Etats, qui est la première ligne de défense" et si cette dernière "vient à craquer c'est tout le système international qui va craquer", a-t-il dit. Le conférencier a estimé que la croissance de ces espaces est due à la fragilité des Etats et à l'"érosion de la légitimité" des régimes qui ne doit pas seulement être basée sur des élections mais sur un contrat social. L'un des problèmes nés des ces espaces, est le terrorisme qui est "devenu une réponse tentante" pour certains vis-à-vis des difficultés auxquelles sont confrontés les Etats et la crise de légitimité notamment en Europe, a-t-il relevé. Il a ajouté que, "l'utilisation de l'Islam est un marqueur beaucoup plus qu'un soubassement idéologique" car les terroristes n'hésitent à "profiter des griefs et conflits locaux" et à verser dans la criminalité et le trafic de drogue pour développer leurs activités. Pour lutter contre cette menace transnationale, Jean-Marie Guehenno recommande notamment une approche politique basée sur le dialogue sans toutefois abandonner l'option sécuritaire qui doit être une réponse appropriée. "Il faut parler et dialoguer avec des groupes même si on n'est pas d'accord avec eux", a-t-il souligné, en préconisant de "traiter les problèmes à la racine" en étant à l'écoute des préoccupations des populations. "Il faut avoir une approche optimisée" et "se focaliser sur la réforme de l'Etat, en luttant contre la corruption et en instaurant l'Etat de droit", a-t-il fait savoir. Interrogé sur les efforts de l'Algérie dans la résolution des crises au Mali et en Libye, le président de l'ONG s'est dit "très impressionné par l'approche algérienne pour la gestion de ces crises" qui donne "la primauté" à l'action politique, en vue de réunir toutes les parties sur la table des négociations.