le temps d'algérie : Quelle analyse faites-vous de la victoire de l'équipe d'Algérie face à son homologue du Sénégal ? Rabah Madjer : Je trouve qu'elle ne souffre d'aucune contestation. Elle a été l'issue logique d'une confrontation où l'équipe qui a mis le plus de cœur dans la bataille a fini par l'emporter. Je reste toutefois songeur sur la manière avec laquelle l'équipe du Sénégal a évolué. Que voulez-vous dire par là ? Je ne cherche pas à diminuer le mérite de l'équipe algérienne mais force est de reconnaître que la sélection du Sénégal est passée à côté de son sujet. Celle-ci avait été la meilleure des quatre sélections du groupe C lors des deux premières journées. C'est fort logiquement qu'elle a pris la première place du groupe après les deux premières journées. Mais là, lors de son ultime rendez-vous de la phase de poules, on ne l'a pas reconnue. A quoi attribuez-vous un tel changement ? Je ne peux être formel mais j'ai l'impression que les Sénégalais ont cru qu'ils étaient qualifiés avant de jouer le match contre l'Algérie puisqu'un match nul suffisait à leur bonheur. Ils se sont laissés aller à commettre pas mal de bévues comme celle sur le premier but de l'Algérie où le défenseur latéral droit a complètement abandonné le marquage sur Mahrez. J'ajoute que le choix de leur entraîneur, Alain Giresse, de jouer avec une défense à trois n'a pas été opportun. Il n'en reste pas moins que les Verts ont réalisé un exploit. C'est exact puisque la seule alternative qu'ils avaient pour se qualifier était de gagner. Ils ont joué avec une énorme détermination. Ils ont su rester solidaires et unis jusqu'à décourager leurs adversaires. Avez-vous douté, à un certain moment du match, de leur capacité à s'imposer ? Oui quand je les ai vu rater des occasions en or. A ce moment-là je craignais de les voir flancher comme ils l'avaient fait sur cette ultime action du match face au Ghana. Le choix tactique opéré par Christian Gourcuff a-t-il, selon vous, été déterminant dans ce match ? Je suis de ceux qui pensent qu'on exagère trop en parlant de tactique lors d'une compétition comme la CAN. Il faut, certes, une assise tactique mais le plus important est d'être au top physiquement. La CAN est une grande épreuve physique car il y a des paramètres comme la chaleur suffocante et le taux d'humidité élevé qui entrent en jeu. D'ailleurs j'avais parlé il y a quelques jours après la défaite face au Ghana, d'une certaine erreur commise dans la préparation de cette CAN par l'équipe d'Algérie. Elle était arrivée en Guinée équatoriale sans être acclimatée à la température élevée. Certains de ses joueurs en ont payé le prix face au Ghana. Contre le Sénégal on a découvert une équipe d'Algérie qui semble s'être mieux adaptée aux conditions climatiques. Et puis il y a la qualité du terrain sur lequel elle a évolué. A Mongomo, lors des deux premiers matches, les joueurs algériens avaient été fortement handicapés par une pelouse bosselée alors que face au Sénégal, à Malabo, c'était un terrain de bien meilleure qualité. Cette équipe d'Algérie peut-elle aller loin dans cette CAN ? Oui si on se réfère à sa production face au Sénégal. Je ne dis pas qu'elle peut remporter le trophée mais si elle continue à afficher la même détermination que face au Sénégal, je pense qu'elle peut battre n'importe qui. Cela dit il y a encore des adversaires de grande valeur dans cette compétition et les Verts doivent s'attendre à énormément souffrir.