Pour avoir tué froidement sa sœur à l'aide d'une baïonnette, le jeune Y. H. a été condamné, hier, par la cour d'Alger à la peine capitale. L'affaire remonte au 12 décembre 2008. C'est en l'absence de sa mère que l'accusé, qui se chamaillait tout le temps avec sa sœur, profite pour commettre l'irréparable. C'était un jeudi matin. La mère arrive chez elle et trouve sa fille unique inanimée et baignant dans une mare de sang. Devant cette scène effroyable, cette pauvre mère qui n'avait pas le moindre doute de la responsabilité de son fils qui menaçait sans cesse sa sœur depuis un mois, quitte la maison en pleurant son destin. Auditionné par la Gendarmerie nationale, le jeune, un pratiquant pur et dur, reconnaît avoir tué sa sœur pour sauver l'honneur de la famille. «J'ai vainement essayé de la conseiller, mais ma sœur n'en faisait qu'à sa tête. Elle sortait comme elle voulait et découchait quand ça lui chantait. La veille du crime, alors qu'elle s'apprêtait à sortir, j'ai essayé de l'en empêcher mais elle n'avait pas pris mes paroles au sérieux. Elle m'avait traité de Satan. Ce que me disait ma mère aussi à chaque fois que j'essayais d'intervenir», a restitué le rapport de la chambre d'accusation. Dans le même rapport, l'accusé déclare que l'idée de tuer sa sœur le préoccupait depuis qu'il était revenu à la maison, après quelques jours d'absence. Sa joie était intense, ce jour-là, car il avait pu enfin réaliser son rêve. Revenant de Bouharoun, d'où il a ramené son arme de guerre, l'assassin, qui rentrait à la maison, avait trouvé sa sœur en train de remplir un seau d'eau de la citerne qui se trouve dans la cour du logement de fonction de son père. Ce dernier, directeur de la nouvelle école Guenouche de Tixeraïne, avait quitté le domicile familial après s'être séparé de sa femme. L'assassin, un jeune de trente ans, n'acceptait pas de voir, ce jour-là, sa sœur discuter avec un enseignant. A la maison, il choisit de mettre la chaîne coranique El Madjed qu'il a l'habitude de voir. Arrivant quelques minutes après, sa sœur change de chaîne sans l'en aviser. Enervé par ce geste, l'assassin qui complotait son coup dans la cuisine, poursuivit sa sœur dans la salle de bains pour la tuer, après avoir prononcé Bismi Allah et Allah Akbar trois fois. «Vingt-sept coups de poignard est le nombre de traces retrouvées sur le corps de la défunte», a précisé le rapport du médecin légiste. Cette manière de tuer démontre clairement l'acharnement du tueur. Lors de l'audience, l'accusé qui a refusé d'être assisté par un avocat, reconnaît fièrement son acte. Il a même répondu méchamment au président du jury qui lui a demandé de confirmer ou d'infirmer les déclarations rapportées par la chambre d'accusation. «Je l'ai tuée et c'est bon. Décapitez-moi si vous voulez. Je n'ai rien à raconter. Je n'ai pas besoin de votre justice», a-t-il scandé dès le début de l'audience. Sa famille, composée de sa mère, de son père et de ses deux demi-frères, a constitué à la fois la partie civile et les témoins. Son père, qui pleure toujours sa fille, a déclaré que son fils qui a travaillé huit ans au sein de la Gendarmerie nationale souffre de troubles psychiques. Selon ses dires, cette maladie a été la raison de son licenciement après avoir blessé son acolyte avec une arme à feu. Ce père, doublement puni, avait l'intention de le faire ausculter par un psychiatre quelques jo urs avant le crime. Par ailleurs, la mère, qui s'est constituée partie civile, ne cesse d'accuser son ex-mari d'avoir coopéré à cette opération, tout en mettant en exergue leurs conflits qui continuent même après leur séparation. Bien que leur fille soit morte tragiquement et leur fils condamné à la peine capitale, ces parents ne cessent de les instrumentaliser afin de se venger l'un de l'autre. L'avocat engagé par la justice pour veiller sur les droits de l'accusé a demandé une contre-expertise pour plaider l'état mental de son client, mais sa suggestion n'a pas été retenue. Au moment où il plaidait, l'accusé l'a contrecarré en défiant le président du jury d'appliquer la peine capitale requise par le parquet.