Comme il fallait s'y attendre, le dialogue intermalien organisé en Algérie est reporté à une date ultérieure. Le nouveau round de ce dialogue qui devait avoir lieu durant la première semaine du mois en cours, a été reporté, suite aux graves incidents se déroulant au nord du Mali, caractérisés par des affrontements armés entre différentes parties. Les négociations entre les mouvements touaregs armés et le gouvernement malien sont «torpillés» à chaque veille de dialogue organisé en Algérie, notent des observateurs. Plusieurs affrontements ont eu lieu au nord du Mali à la veille de ce nouveau round, dont des affrontements armés qui ont fait plusieurs morts. La mission onusienne dans cette région (Minusma) a été au centre de cette situation, accusée par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) d'avoir attaqué ses positions. La CMA a annoncé le gel de la coopération avec cette mission des Nations unies. L'Algérie a déployé des efforts pour faire signer un accord entre les deux parties. Il a été malheureusement rendu caduc juste après car torpillé, à la grande déception des populations locales qui aspirent au retour à la paix et à la relance de l'économie. La Coordination des mouvements de l'Azawad a rendu public un communiqué pour annoncer qu'«une colonne des forces armées maliennes a attaqué, ce jour 7 février 2015, une de ses positions située à Fitili, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tessit, dans le Gourma». «Cette attaque menée directement par les forces gouvernementales, qui décident ainsi d'avancer désormais à visage découvert et de ne plus se cacher derrière leurs milices, constitue une violation flagrante et extrêmement grave de la part du gouvernement malien de l'accord du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et de celui sur ses modalités de mise en œuvre du 13 juin 2014», est-il écrit dans le communiqué de la Coordination des mouvements de l'Azawad. «La Coordination des mouvements de l'Azawad prend à témoin l'ensemble de la communauté internationale devant cette action qui intervient au moment où des discussions sont menées à Alger sous l'égide de la médiation internationale dans le but d'obtenir la cessation de toute forme d'hostilité afin de permettre la reprise des négociations dans la sérénité», est-il précisé dans le même document. Le gouvernement malien subit, quant à lui, des pressions externes dans le but de mettre en échec les négociations organisées en Algérie entre le gouvernement du Mali et les mouvements touaregs armés. Le Conseil de sécurité des Nations unies réagit à cette situation et «déplore la violence qui continue de se déchaîner dans le nord du Mali». Il exige la fin immédiate des hostilités. Dans une déclaration qu'il a rendue publique, le conseil a brandi des sanctions contre les belligérants et lancé un appel aussi bien au gouvernement qu'aux mouvements armés du Nord appelés à privilégier le dialogue plutôt que le langage des armes. Il a notamment appelé les protagonistes à «reprendre sans tarder» ces négociations et à «dialoguer par l'intermédiaire des représentants de haut niveau disposant de l'autorité voulue en vue de parvenir, dans les plus brefs délais, à un accord de paix global et sans exclusive». L'ONU menace de prendre des sanctions : «Il faut reprendre le dialogue d'Alger» Le conseil a demandé aux deux parties de «mettre au point des mécanismes de contrôle concrets qui garantiront l'application intégrale, scrupuleuse et immédiate d'un futur accord». Il s'est déclaré «prêt à envisager de prendre les mesures appropriées, y compris d'imposer des sanctions ciblées, à l'encontre de ceux qui reprennent les hostilités et violent le cessez-le-feu». L'Algérie assure la médiation dans le dialogue intermalien. Quatre rounds de discussions ont déjà été entrepris depuis juillet 2014 entre les autorités maliennes et les mouvements du Nord dans le but de tout mettre en œuvre pour ramener la paix dans cette région. Cependant, de nouveaux combats sont signalés presque chaque semaine entre des groupes rebelles et pro-gouvernementaux dans les villes du Nord comme Gao, Tombouctou ou Kidal. Le Conseil de sécurité exhorte les parties maliennes à «reprendre sans tarder» les négociations entamées à Alger. Réitérant son plein appui aux efforts de facilitation que déploient l'Algérie et l'ensemble des membres de l'équipe de médiation internationale, le conseil demande à toutes les parties de respecter pleinement l'accord de cessez-le-feu signé le 23 mai 2014 et la déclaration sur la cessation des hostilités. Le conseil des quinze membres prie instamment les parties d'engager, «avec une ferme volonté politique, dans un esprit de compromis et en toute bonne foi, un dialogue de fond visant à aboutir à un tel accord» et demande également aux parties maliennes de faire les concessions qui s'imposent, «dans le respect de la souveraineté, de l'unité et de l'intégrité territoriale de l'Etat malien». La situation sécuritaire se dégrade au nord du Mali à chaque veille d'un nouveau round de dialogue intermalien organisé en Algérie. Une situation qui fait le bonheur des parties qui ne souhaitent pas le retour de la paix dans cette région servant ainsi les intérêts des organisations terroristes qui sévissent dans cette partie du territoire malien, dont Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Cette situation a lieu également au moment où l'autre organisation terroriste, Boko Haram, poursuit ses exactions même au Niger, pays frontalier avec le Nigeria.