«Les modalités de prise en charge de la préparation et de la participation des athlètes d'élite et de haut niveau, ainsi que leur encadrement technique et médical, représentant le pays aux compétitions internationales et mondiales sont précisées par voie conventionnelle entre le ministère des Sports et la Fédération sportive nationale concernée.» Voila ce que dit l'article 9 du décret exécutif n° 07-189 du 16 juin 2007 fixant le statut de l'athlète d'élite et de haut niveau. Ce texte est à rapprocher du cas de Taoufik Makhloufi dont on sait qu'il a été l'auteur d'une sortie médiatique, cette semaine, dans laquelle il s'en est pris au ministre des Sports, Mohamed Tahmi, en indiquant que «c'est lui (le ministre) qui bloque l'argent que l'Etat doit me donner pour me préparer». L'article 9, cité au début de cet écrit, précise bien que ledit ministère n'a aucune relation directe avec un athlète. Si ce dernier veut se préparer, il s'en réfère à sa fédération. Il revient à cette dernière de signer avec l'autorité publique l'accord pour dégager une enveloppe budgétaire à cet effet. Makhloufi a-t-il suivi cette voie ? Apparemment oui, mais le ministère a demandé des précisions sur certaines clauses du contrat-programme. Quand un athlète indique qu'il va se déplacer pour se préparer sans entraîneur il y a de quoi se poser des questions. Le DTN de la Fédération algérienne d'athlétisme a parfaitement le droit de demander des explications à l'athlète. Mais ce DTN a-t-il de l'emprise sur Makhloufi ? Là aussi on se permettra d'en douter. Selon un courrier envoyé au ministère, il y a quelques semaines, la Fédération d'athlétisme indique : «Makhloufi est ingérable.» L'un des responsables de cette même fédération l'aurait confirmé dans une déclaration à la Radio nationale. Quand une Fédération d'athlétisme en arrive à une telle révélation, c'est que tout va mal au niveau de l'athlète, mais également en son sein. C'est, en effet, cette fédération qui doit gérer sur le plan financier la préparation de l'athlète. L'Etat ne peut se permettre de mettre tout l'argent entre les mains de l'athlète car il y a des procédures règlementaires à respecter. La fédération est en mesure de justifier toute dépense mais pas l'athlète. En outre, ce dernier doit être à l'abri de tout souci. Il ne doit se focaliser que sur son programme de travail et de sa préparation. Il s'agit, donc, d'une histoire de procédure à laquelle Makhloufi, comme tout autre athlète doit se soumettre. Avant lui, le ministère a géré, par le biais des fédérations et sans aucun problème des athlètes médaillés olympiques et mondiaux, à savoir Noureddine Morceli, Hassiba Boulmerka, Nouria Benida Merrah, Hocine Soltani et Djabir Saïd Guerni. Aucun de ces athlètes n'a jamais demandé que l'argent de sa préparation lui soit versé dans son compte personnel. Chacun d'eux était toujours accompagné d'un kiné et surtout d'un entraîneur. Enfin, leurs fédérations respectives savaient où ils se trouvaient à tout moment. N'oublions pas qu'en ce qui concerne l'athlétisme, il y a des contrôles antidopage inopinés. La fédération doit savoir où se trouve son athlète pour répondre à l'IAAF lorsque celle-ci le demande. Si la FAA explique qu'elle a affaire à un «athlète ingérable», on devine qu'elle ne sait pas où le trouver, d'où les problèmes que cela peut provoquer. Il apparaît, clairement, que le ministère des Sports se doit d'obéir à des procédures règlementaires et que n'importe quel athlète, quels que soit sa notoriété et son statut, ne peut en être dispensé. Taoufik Makhloufi est la fierté de l'Algérie et de son peuple. Il doit être soutenu sans toutefois sortir du cadre légal.